Henning von Tresckow, officier prussien animé par sa foi chrétienne luthérienne, fut l’un des opposants les plus résolus au régime nazi.
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À Noël 1942, alors que le commandement général de la Wehrmacht avait interdit toute célébration et que des officiers nazis veillaient au respect de cette injonction, le generalmajor Henning von Treskow, un protestant luthérien, fit lire l’Évangile devant ses hommes. Il était alors officier général de l’état-major du haut commandement du groupe armé centre, et le contexte n’était pas à la fête, car la défaite de Stalingrad se profilait. “Ce fut un vrai Noël chrétien, pour la joie du plus grand nombre”, écrit des années plus tard l’un de ses subordonnés de l’époque, Philipp von Boeselager, auteur de Nous Voulions tuer Hitler.
Dans son ouvrage, Philipp von Boeselager Boeselager fait un portrait émouvant du generalmajor : “Un homme qui “aimait la paix, car il avait connu la guerre (…) Il s’émerveillait à toute occasion devant l’œuvre de son créateur””, se souvient-il. Décrivant une partie de chasse en tête à tête avec le generalmajor, dans l’aube froide russe, il raconte comment, alors qu’il ajustait sa carabine pour tirer un coq de bruyère qui paradait, son supérieur a arrêté son geste. “Nous prîmes le temps d’inspirer profondément l’air du matin, de contempler les apprêts de la nature et d’écouter les mélodies étranges du monde animal”.
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Militaire brillant et opposant aux nazis
En 1917, dès l’âge de 16 ans, il s’était engagé en tant qu’élève officier, Fahnenjunker, et obtint la Croix de fer première classe lors de la seconde bataille de la Marne. Il fut aussi un artisan décisif du plan de Manstein et Guderian dit du “coup de faucille”, qui fut adopté à cause de son intervention, et qui valut à la France l’humiliante défaite de 1940. Malgré le zèle qu’il mit à faire triompher les armes allemandes, il haïssait les nazis, et vint à la conclusion que son devoir était de “couper la tête de l’hydre”, selon sa propre expression.
Il prit la résolution de faire assassiner Hitler : “Je tiens Hitler pour l’ennemi absolu non seulement du peuple allemand, mais du monde entier”, estimait-il. Malgré plusieurs tentatives, dont le célèbre attentat du 20 juillet 1944, opéré par Claus von Stauffenberg, Hitler survécu. Henning von Treskow, redoutant des représailles sur sa famille, il préféra se suicider et camoufler son geste en action de partisans russes. De la sorte, il espérait devenir un “héros du Reich”, intouchable, ainsi que les siens.
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Il sauva des milliers de juifs
Mais si ses tentatives pour mettre à bas le régime nazi se sont soldées par un échec, il parvint à utiliser son poste de generalmajor pour sauver des milliers de vies humaines. Comme beaucoup d’autres officiers de la Wehrmacht, il découvrit avec effroi les massacres de masses commis par les SS sur le front de l’Est. En 1943, il apprit que ces assassins allaient commettre de nouvelles exactions dans le territoire qui était occupé par le groupe d’armée Centre.
Henning von Treskow ne pouvait théoriquement rien changer à la situation, car les SS n’étaient pas sous ses ordres. Dénoncer leurs crimes publiquement n’aurait mené qu’à sa destitution au profit d’un officier moins scrupuleux. Il décida alors de prendre une mesure, apparemment anodine, en interdisant tout regroupement de civil dans son secteur du front. Si elle ne fut pas paralysée par cette décision, l’action des SS fut considérablement entravée, car ils ne pouvaient plus rassembler leurs victimes avant leur embarquement dans des camions. “De fait, les exactions antisémites du SD dans ce secteur furent plus limitées que dans les autres zones du front”, observe Philipp von Boeselager.
Nous Voulions tuer Hitler, Philipp Freiherr von Boeselager, éditions Perrin, janvier 2009, 241 pages, 8,50 euros.
De la Croix de Fer à la potence, August von Kageneck, éditions Perrin, janvier 2009, 200 pages, 8 euros.