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Tous les étés, la petite île de Saint-Honorat — une des deux iles de l’archipel de Lérins — au large de la ville de Cannes, est envahie par les touristes. Là se trouve un monastère plein de fraîcheur et de sérénité où la communauté des moines est heureuse d’accueillir ceux qui veulent retrouver le silence et se mettre à l’écoute de Dieu. Un monastère vieux de seize siècles, érigé sur les lieux mêmes où saint Honorat est venu s’installer entre 400 et 410 avec son compagnon ermite, Capraise, pour vivre son idéal monastique. Ce désert que représente pour lui la petite île, et dont il était à la recherche, deviendra rapidement l’un des centres les plus rayonnants du monachisme occidental et une pépinière de saints et de savants, issus de toutes les nations.
Au milieu des ronces et des serpents
Honorat, né vers 375, provient d’une riche famille de la noblesse des Gaules. Il s’est converti et a reçu son baptême très jeune, s’adonnant aussitôt à une vie d’ascèse avec son frère Venance. Il a vendu tous ses biens et les a donnés aux pauvres. Et il a décidé de vivre retiré dans une grotte des monts de l’Estérel, derrière Cannes. Et puis un beau jour son regard accroche la plus petite des îles qui émerge des flots. La petite île, à cette époque, est recouverte de ronces, grouille de serpents venimeux.
Les gens du pays en parlent avec épouvante et il n’y a même pas d’eau potable. Mais Honorat n’a aucun doute, c’est là qu’il veut vivre. "L’évidence le frappe en un trait de lumière : la solitude en Dieu qu’il désire tant est là, au milieu des vagues, sur ces rivages brillants de soleil", rapportent dans leur récit sur le saint moine les auteurs du Livre des merveilles, l’ouvrage réalisé par 158 spécialistes internationaux, en l’an 2000, pour faire connaître l’œuvre de Dieu à travers tant de vies : saints, missionnaires, mystiques, géants de la charité, ou témoins méconnus .
Pêcheur d’hommes
Moins de 30 ans plus tard, l’ile de Lérins se retrouve peuplée de moines, gorgée d’eau douce, débarrassées de ses aspics, devenue une halte prisée des navigateurs. Beaucoup vont jusqu’à faire le détour pour recevoir son hospitalité, car Honorat avait un don très particulier. Il lisait dans la vie et le cœur de ceux qui venaient à lui, comprenait tout de suite leurs peines, leurs joies, leurs préoccupations. À cette époque, les relations entre les hommes étaient brutales et violentes. Il apporta du neuf en expliquant l’attention aux autres, le respect, la tendresse, la solidarité. Son biographe et ami, Saint Hilaire, disait de lui qu’il "changeait les fauves en hommes". Il était l’image même de la tendresse paternelle. Il débordait de compréhension et de compassion pour les moines et pour ses hôtes.
Un modèle d’exception
À la fin de sa vie, il accepta de répondre à la demande des chrétiens de la ville d’Arles. C'est ainsi qu'il devint leur évêque. Hilaire, grâce auquel nous avons tous ces détails sur sa vie, lui succèdera. La disparition d’Honorat, en 430, après deux années seulement à la tête du diocèse, bouleverse la vieille ville. En Arles on sait bien pourquoi on est allé chercher le célèbre moine sur son ile : "Il avait tant d’amour à donner, il fallait bien que la ville en profite aussi un peu !". La vie monastique instaurée par Honorat fut codifiée dans une règle de vie adressée à tous "les hommes épris de Dieu et prêts à tout quitter pour son seul amour". Elle fut la première du genre en Gaule et servit de modèles, avec celles de Césaire d'Arles, à saint Benoît (règle bénédictine).
L’influence du monastère de saint Honorat s’est étendu jusqu’en Angleterre grâce à saint Benoît Biscop. Ce moine anglais, formé à Lérins, fonda en 681 un monastère à Jarrow. La tradition veut que saint Patrick, lui aussi, soit venu à Lérins se former à la vie monastique pendant quelques années. De même saint Augustin de Cantorbéry sur le chemin qui le conduira de Rome à l’Angleterre s’y arrêtera un hiver entier (Abbaye de Lérins).