Qui n’a jamais appris un poème de Maurice Carême ? Le poète de notre enfance a aussi écrit une prière… en vers bien entendu.
Maurice Carême. Ce seul nom évoque des souvenirs à des milliers d’écoliers… et quelques sueurs aux têtes blondes d’aujourd’hui. Il y a 40 ans, l’écrivain et poète belge disparaissait à l’âge 78 ans laissant derrière lui la bagatelle de 2800 poèmes qui font (encore) le délice des enseignants.
Et pour cause, une grande partie de l’œuvre de cet ancien instituteur est dédiée à la jeunesse. De ses poèmes ressortent une simplicité et une grande joie de vivre. Doté d’une belle sensibilité, Maurice Carême eu l’audace de proposer une “Prière du poète”.
PRIÈRE DU POÈTE
Je ne sais ni bêcher, ni herser, ni faucher,
Et je mange le pain que d’autres ont semé.
Mais tout ce que l’on peut moissonner de douceur,
Je l’ai semé, Seigneur.Je ne sais ni dresser un mur de bonne pierre,
Ni couler une vitre où se prend la lumière.
Mais tout ce que l’on peut bâtir sur le bonheur,
Je l’ai bâti, Seigneur.Je ne sais travailler ni la soie, ni la laine,
Ni tresser en panier le jonc de la fontaine.
Mais ce qu’on peut tisser pour habiller le cœur,
Je l’ai tissé, Seigneur.Je ne sais ni jouer de vieux airs populaires,
Ni même retenir par cœur une prière.
Mais ce qu’on peut chanter pour se sentir meilleur,
Je l’ai chanté, Seigneur.Ma vie s’est répandue en accords à vos pieds.
L’humble enfant que je fus est enfant demeuré,
Et le peu qu’un enfant donne dans sa candeur,
Je vous l’offre, Seigneur.Maurice Carême.