Si pour beaucoup l’Épiphanie représente d’abord la commémoration de la visite des rois mages au Christ après sa naissance, à l’origine cette fête liturgique célèbre également deux autres moments importants de la vie de Jésus.
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L’Épiphanie vient clore la liturgie de Noël. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, elle ne résume pas à la commémoration de la visite des rois mages. Elle célèbre en réalité les trois manifestations de Jésus comme Messie, soit les manifestations inaugurales de sa vie publique, à savoir : l’adoration des mages (Matthieu 2, 1-12), le baptême dans le Jourdain (Matt 3, 13-17 ; Marc 1, 9-11 ; Luc 3, 21-22) et les noces de Cana (Jean 2, 1-12).
La Théophanie, ou la manifestation divine
Comme Noël, l’Épiphanie est à l’origine une fête païenne, celle de la Lumière (« phainein » en grec signifie « briller »), liée au soleil. Le 6 janvier est la journée où les jours commencent à s’allonger de façon sensible. C’est pour cela qu’Épiphane de Salamine, évêque et Père de l’Église orthodoxe, retient cette date au IVe siècle pour célébrer la fête de la « manifestation » de la Lumière que représente le Christ. Appelée aussi « Théophanie » (« manifestation de Dieu ») elle s’impose comme la grande fête chrétienne, aussi bien chez les orthodoxes que chez les catholiques. Le père Bruno Mary, directeur du Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle à la Conférence des évêques de France, nous explique l’importance de ces trois événements, de ces trois manifestations divines que l’adoration des mages, le baptême dans le Jourdain et les noces de Cana : « La venue des rois mages symbolise l’annonciation à toutes les nations, aux peuples non-juifs. C’est pour cela qu’ils sont représentés comme venant des trois continents connus de l’époque. Le baptême est la révélation de Jésus comme fils de Dieu, car c’est le moment où le Père affirme : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie” (Matt 3, 17). Pour finir, c’est lors des noces de Cana, qu’il fait son premier miracle public. »
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La “popularité” des mages
En 525, Denys le Petit recommande d’adopter la fête de la nativité le 25 décembre et elle supplante alors l’Épiphanie en terme d’importance. Chez les orthodoxes, la visite des mages est alors rattachée à Noël, souvent fêtée le 7 janvier de notre calendrier grégorien, qui correspond au 25 décembre du calendrier julien. « Nous sommes plutôt attachés au récit de la nativité de l’Évangile de Luc, qui relate l’épisode des bergers, alors que les orthodoxes accordent plus d’importance à Matthieu, où sont présents les mages », souligne le père Bruno Mary, pour expliquer la différence. La Théophanie rappelle alors le baptême de Jésus et les Noces de Cana, l’accent étant surtout mis sur le premier. Chez les catholiques, et ensuite chez les protestants, les trois événements sont conservés lors de l’Épiphanie.
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Mais au fil du temps, au Moyen Âge, les mages deviennent de plus en plus populaires. À partir du VIe siècle, on considère qu’ils sont trois, sûrement parce qu’ils offrent trois cadeaux (de l’or, de l’encens et de la myrrhe), et leurs noms (Gaspard, Melchior et Balthazar) apparaissent grâce à l’Évangile apocryphe arménien de l’Enfance. Ils deviennent roi au XIIe siècle, bien que dès le IIIe siècle, Tertullien avait déjà émis l’hypothèse de leur royauté en s’appuyant sur divers passages de l’Ancien Testament. Ils représentent alors les nations non-juives. Au XIVe siècle apparaît en France la tradition de la galette des rois, qui devient aussi très populaire. C’est ainsi qu’au fil du temps, les rois mages ont fait oublier les deux autres manifestations divines. L’Église catholique a décidé récemment de célébrer le baptême le premier dimanche après l’Épiphanie, pour commémorer comme il se doit l’événement.
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