Emmanuel Macron a reçu ce 4 janvier les représentants des principales religions en France afin de leur présenter ses vœux pour 2018. Il a notamment abordé le rôle à jouer par les autorités religieuses dans les débats de société – notamment la bioéthique – à venir.
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« Vous avez votre part de responsabilité dans ce vide immense à remplir, nous avons notre part de responsabilité dans la reconnaissance de votre rôle et la possibilité offerte de traduire justement cette action avec confiance et bienveillance. » Emmanuel Macron a reçu ce matin les représentants des cultes religieux afin de leur adresser ses vœux pour 2018. Il a prononcé un discours d’une trentaine de minutes devant deux responsables de chacune des six religions majoritaires en France – Mgr Pontier, président de la conférence des évêques de France et archevêque de Marseille ainsi que Mgr Jachiet, évêque auxiliaire de Paris, ont représenté l’Église catholique – avant de s’entretenir avec chacun d’eux.
En ce début de l'année 2018, le président de la République a présenté ses vœux aux autorités religieuses… pic.twitter.com/EwQkI3ebAU
— Père Vincent Feroldi (@PVincentFeroldi) January 4, 2018
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Ces vœux ont été l’occasion pour le président de la République de rappeler la place que doivent tenir les autorités religieuses, en France, dans les nombreux débats de société qui vont animer le pays en 2018. « L’année qui vient nous réunira de nouveau autour de plusieurs sujets. Le premier, ce sera celui des lois bioéthiques. […] Il conviendra de donner le temps d’un vrai débat philosophique dans la société avant de légiférer, a indiqué le président de la République. J’en suis à cet égard le garant et j’aurai à cœur que notre société puisse s’adapter aux évolutions qui sont en cours, que la loi puisse refléter celles-ci dans le cadre de ce qui est son esprit constant et que nous puissions aussi tout en accompagnant les évolutions technologiques, leur donner un cadre éthique indispensable. […] L’année 2018 sera celle de la construction d’une philosophie commune sur ce sujet et comme je l’ai évoqué le 21 décembre dernier, je souhaite que vous puissiez y prendre toute votre part. Elle est pleinement légitime et lorsqu’on l’oublie, elle se rappelle à nous, et je souhaite qu’elle soit donc considérée au sens propre du terme. C’est pourquoi durant cette année, je réunirai de manière régulière, non médiatisée parce que je veux que ce soit des séances de travail où il nous faut décanter une vision commune ou une maïeutique doit pouvoir s’exercer, je réunirai régulièrement ceux qui ont œuvré sur le travail de ces lois de bioéthique, en particulier le comité consultatif national d’éthique et vous serez pleinement associés, avec les représentants que vous désignerez, selon les sujets, à ce travail. Je crois que les religions, que vous représentez ici, les philosophies qui les accompagnent et les convictions profondes traversent notre société profondément et sur chacun des sujets que nous aurons abordés dans le cadre de ces lois de bioéthique, il est impensable de penser trouver le bien commun de notre société sans les prendre pleinement en considération. Ce sera un travail important et je compte pleinement sur votre engagement sur ce sujet. »
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Emmanuel Macron a également tenu à revenir sur la notion même de laïcité ou devrait-on dire de « sécularisme à la française, qui parfois surprend nos voisins ». « Je ne nie pas l’existence de questions et d’interrogations liées à l’inévitable friction entre l’ordre religieux et l’ordre politique, mais je récuse les stratégies d’entrisme comme les coups de force militant. Notre force, votre force, c’est que vous ne participez pas de la puissance publique et par conséquent que vous ne la légitimez pas, a-t-il déclaré. Et cette distinction fondamentale des Ordres est un acquis précieux pour vous comme pour la République car ce sont fondamentalement les principes de liberté d’association et de conscience qui régissent vos organisations respectives ».
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le président de la République doit s’entretenir régulièrement avec les autorités religieuses : « Vous participez de la vie de la nation, a rappelé Emmanuel Macron. Il en va de la compréhension de ce qui forge la vie de millions de Français au quotidien, que ce soit dans leurs pratiques ou dans les principes qui guident leurs engagements, mais aussi dans leur rapport à l’histoire de la Nation et de son évolution. »
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« Respecter toutes les règles de la République »
Mais il a également mis en garde sur la nécessité de respecter les lois de la République. « La République ne demande à personne d’oublier sa foi, mais pour faire nation, il faut également savoir dépasser ses différences en les mettant au service de la communauté de citoyens et œuvrer quotidiennement pour ne pas créer l’irréconciliable dans la société. […] Je ne demanderai jamais à quelques citoyens français que ce soit, d’être modérément dans sa religion ou de croire modérément ou comme il faudrait en son Dieu, ça n’a que peu de sens, mais je demanderai à chacun constamment d’absolument respecter toutes les règles de la République. »
Un discours qui a été salué Ahmet Ogras, président du Conseil français du culte musulman (CFCM). « A la cérémonie des vœux aux autorités religieuses, Emmanuel Macron nous conseille de ne pas faire la politique de la chaise vide et nous encourage à prendre nos responsabilités dans tous les débats de société tout en nous rappelant l’esprit de laïcité ». Interrogé par BFM TV, François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France a déclaré que « le président a fait un discours sur les responsabilités de l’État dans la cohésion et le suivi, et a appelé les cultes à prendre leur part dans le message qu’il porte ».