La sobriété
Il est des endroits qui ressemblent à la caverne d’Ali Baba. C’est le cas de cet atelier d’un santonnier, formé auprès des maîtres provençaux. Le frère Marie-Bernard Barioulet fabrique depuis bientôt dix ans des santons et il y en a jusqu’au plafond. Il est aussi à l’origine des santons de Qaraqosh, vendus au profit de l’association Echo – entraide aux chrétiens d’Orient. « La crèche doit rester sobre, nous conduire au mystère célébré. Elle doit aussi refléter la joie, car Noël est une fête, celle d’une naissance », précise ce frère dominicain.
« L’Enfant Jésus est le plus difficile à réaliser. On veut bien le faire, mais il est tellement petit », confie le santonnier. Cette petitesse, les petites sœurs de Jésus l’accentuent : elles choisissent de poser l’Enfant Jésus à même le sol. « Avec Jésus, comme avec un enfant, il faut s’abaisser », explique doucement petite sœur Paule-Marcelle. « Pendant l’Avent j’ai le désir intense d’une rencontre : j’attends le Sauveur, mais Dieu m’attend plus encore ».
Le symbolisme des couleurs
« La crèche ne doit pas distraire, elle doit permettre de prier. Je veux que la crèche soit une catéchèse », poursuit le frère Marie-Bernard. L’utilisation des couleurs est dûment codifiée. Ainsi, la Vierge Marie porte trois couleurs : le rouge, symbole de son humanité ; le blanc, signe de sa pureté ; le bleu pour montrer que Marie est recouverte de la dignité du Christ.
De l’Annonciation à la Croix, en passant par la Nativité, Marie est « la servante du Seigneur ». Elle garde toutes les paroles en son cœur. Un guide dans la foi pour faire nôtre la Parole de Dieu. Le santon Joseph est habillé de gris ou de marron, en signe de sa pauvreté. Le mauve symbolise son humilité, plutôt à l’intérieur du manteau car une telle vertu se doit d’être cachée. Osons-nous adopter cette même attitude d’accueil de la Parole de Dieu et d’humilité ? Allons-nous regarder de haut cette crèche ?
La signification des santons
Autre détail discret, présent dans certaines crèches : les cinq coquelicots posés sur la paille de la crèche rappellent les plaies de Jésus. La tradition offre en outre la possibilité de représenter, sous les traits de différents santons, les défunts. Ils sont ainsi associés à cette grande joie de Noël et à la prière de ceux qui se recueillent devant la crèche. Les mages adorent ; c’est aussi la vocation de chacun. Ils sont païens : pas de doute, Jésus est venu sauver tous les hommes. Les bergers représentent les pauvres. Ils nous rappellent que nous devons avoir « un cœur de pauvre, un cœur ouvert, prêt à accueillir ce mystère et à en rendre grâce », conseille sœur Monique, franciscaine missionnaire de Marie.
Les pauvres sont au premier rang, alors que les rois et les évêques sont en retrait. Toujours ce même souci de pauvreté. « Humilité de ceux qu’il vient rejoindre, ces pauvres bergers sans grade ni pouvoir. Car là où l’homme ne peut plus rien, là où il est démuni, c’est là que Dieu vient prendre chair. Quand l’homme se découvre impuissant, c’est alors que Dieu naît pour lui dans sa faiblesse », ajoute le frère Henry Donneaud.
Chaque santon nous dit qui nous sommes
Approchons-nous et laissons-nous aimer, à l’invitation de Charles de Foucauld : « En se faisant si petit enfant, enfant si doux, il vous crie : n’ayez pas peur de moi ! Venez à moi ! Adorez moi. Il est votre Dieu mais il est plein de douceur (...). Soyez toute tendresse, tout amour et toute confiance... ».