Cinquante ans après sa légalisation et sa diffusion massive en France, la pilule contraceptive est contestée au nom de l’écologie et de la cause des femmes.
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Il y a cinquante ans, le 19 décembre 1967, la loi Neuwirth légalisait la pilule contraceptive. Quelques mois plus tard, la révolution de mai 68 en faisait l’emblème de la « libération sexuelle » et la clé de la « libération de la femme ». Quand, au cours de l’été de la même année (25 juillet 1968), le pape Paul VI publia l’encyclique Humanae Vitae sur « le mariage et la régulation des naissances », son refus de la contraception provoqua un tollé. Humanae Vitae fut soumise, jusqu’au sein de l’Église, à un tir de barrage dont l’institution peine encore à se remettre.
La pilule est un perturbateur endocrinien
Mais, s’agissant du moins de la pilule contraceptive, l’eau a coulé sous les ponts. Une eau, soit-dit en passant, contaminée par l’hormone de synthèse de la pilule contraceptive, qui n’est éliminée qu’à 60% par les stations d’épuration. Elle se retrouve donc massivement dans nos rivières, puis dans l’eau du robinet… Alertés par les mutations de poissons mâles en femelles, les chercheurs soupçonnent des retombées sur la sexualité humaine.
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Alors, que dire de l’organisme des femmes « sous pilule » dont on estime qu’elles avalent en moyenne quelque 8 000 comprimés bourrés d’œstrogènes au cours de leur vie féconde ? Prévenue contre la consommation du bœuf ou du poulet aux hormones et contre les perturbateurs endocriniens, l’opinion commence à regarder avec suspicion ce moyen contraceptif. Un rapport de l’Agence du médicament (mars 2013) a révélé qu’en France, pays où la pilule contraceptive est le plus diffusée, elle causerait chaque année plus de 2 500 « accidents » et 20 « décès prématurés ». Les risques (embolie, phlébite, AVC, mais aussi baisse de la libido) sont aggravés par la « pilule du lendemain » dont la dose de progestérone est 40 fois plus élevée qu’une pilule habituelle, mettait en garde Medisite, le 7 décembre dernier.
« Libération » ou « castration chimique » ?
L’écologie est rejointe par le féminisme. Ce courant de pensée est revenu de certaines illusions soixante-huitardes qui liaient « la libération sexuelle » et « la cause des femmes ». Celles-ci constatent que la parité n’a pas été respectée dans cette « libération » qui fait peser sur elles seules les contraintes et les risques de cette « castration chimique ». Une fois de plus, l’égoïsme masculin s’est épanoui à la faveur d’une « avancée » dont le plus grand profit a été tiré par les laboratoires pharmaceutiques qui n’ont pas l’écologie humaine comme préoccupation centrale…
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La fronde s’est répandue depuis le début des années 2010 dans des magazines féminins qui avaient été pourtant en première ligne pour promouvoir la pilule contraceptive. « Ras le bol de la pilule ? », titrait Elle en avril 2010. « Marre de la pilule : pourquoi elles plaquent leur plaquette », expliquait Marie-Claire en février 2011. La crise des pilules de troisième et quatrième génération en 2012-2013, à cause d’accidents thrombotiques majeurs, a conduit à leur déremboursement. « J’arrête la pilule » témoigne Sandrine Debusquat, animatrice à Radio France, dans un livre publié en septembre 2017. Signe que le vent a bel et bien tourné : le Nouvel Observateur lui a longuement donné la parole dans un entretien/débat avec l’oncologue-gynécologue à l’Institut Curie, Nasrine Callet.
Parallèlement, la multiplication des alertes sur les perturbateurs endocriniens ne fait qu’accroître la défiance envers la pilule contraceptive. Conséquence : le nombre d’utilisatrices est en forte baisse : alors que 45% des Françaises l’utilisaient en 2010, elles n’étaient plus que 36,5% en 2016, selon Alliance Vita. « Apogée et déclin de la pilule », titrait Le Monde du 19 décembre 2017, en guise d’hommage à la loi Neuwirth… Et si, en définitive, le pape Paul VI avait été prophète en exhortant à replacer la sexualité dans « une vision intégrale de l’homme et de sa vocation » au sein de la Création ?