Autrefois fervent défenseur du droit des femmes à disposer de leur corps, Alveda King, nièce du pasteur protestant bien connu, combat pour les droits des plus faibles, les enfants à naître. Elle a rencontré le Pape en décembre.“Ce n’est pas un simple bout de chair, c’est mon arrière-petit-enfant”. Paroles prononcées à Alveda par son grand-père, Martin Luther King Sr., alors que celle-ci s’apprêtait à avorter pour la troisième fois. Paroles qui résonnent encore en elle alors qu’elle entend battre le cœur de son enfant dans le sonogramme de l’hôpital. Paroles qui ont changé sa vie.
À partir de là, explique-t-elle, “j’ai entendu avec de nouvelles oreilles”. Depuis lors, à la suite de son oncle, Alveda se met en campagne pour la défense des droits de ceux qui sont oubliés. Mais si Martin Luther se battait pour les droits des noirs aux États-Unis, Alveda ne se focalise pas sur un problème de couleur, mais sur un problème qui touche l’humanité : “Avec un seul sang, Dieu a fait tous les peuples. Sans regarder notre couleur… Nous saignons tous rouge. Alors où est l’avocat des tout petits, où est l’avocat des malades et des personnes âgées ?”
Le parcours de cette militante pro-vie de 66 ans est pour le moins atypique. Ses parents n’étaient pas encore mariés lorsque sa mère tomba enceinte d’elle, et tous deux décidèrent d’avoir recours à l’avortement. C’est alors que son même grand-père, Martin Luther King Sr., intervient déjà auprès de sa mère. “De manière prophétique”, commente-t-elle. Il affirme alors aux parents que leur bébé serait une petite fille, vue auparavant dans un rêve. Il décrit même à ses parents à quoi elle ressemblerait, ce qui les convainc de renoncer à avorter…
L’Église catholique, un allié naturel
La vie d’Alveda prend cependant des chemins de traverse. Elle se marie, divorce, puis rejoint le mouvement des femmes “pro-choice”, qui commence à l’époque à grandir, pour être “une combattante de la liberté”. Après le tournant de sa vie, passée du côté des défenseurs des enfants à naître, elle croit fermement que ce combat sera gagné un jour. La preuve ? Le grand mouvement des “Marches pour la vie” , et qui fédère bon nombre de jeunes. “Ces événements montrent la force de la communauté qui se bat pour la vie, ajoute-t-elle, et le monde est en train d’en prendre note”.
C’est aussi la raison pour laquelle cette diplômée en droit a fondé l’association “Civil rights for the unborn” (Des droits civiques pour les enfants à naître, en anglais). Clin d’oeil au mouvement lancé aux États-Unis par le King le plus célèbre de la famille… Mais élargi et actualisé. Sa particularité est aussi qu’elle le dirige en partenariat avec l’association “Priest for Life” (Prêtres pro-vie, en anglais). Sa visite à Rome à la mi-décembre en découle. Elle a ainsi eu la chance de rencontrer le pape François, qui cite souvent son oncle dans ses discours. “Quand il a su que j’étais parente de Martin Luther King Jr., rapporte-t-elle, son visage s’est illuminé et il semblait très heureux”.
Car Alveda, bien que protestante, croit fermement à un travail main dans la main avec l’Église catholique, “un allié naturel”. Elle se dit très inspirée par le caractère très spontané du Pape, par son engagement fort envers tous ceux qu’il rencontre, et sa défense de la vie à tous les stades. Et puis, cette conviction est solidement ancrée dans son histoire familiale… “Les catholiques ont véritablement soutenu le mouvement pour les droits civiques au XXe siècle”, affirme-t-elle, précisant que son oncle et son père ont tous deux travaillé coude à coude avec les catholiques. Aujourd’hui, son combat pour la vie à tous les stades rassemble lui aussi les chrétiens au delà de leurs Églises.