Le Palais du Belvédère, construit au XVe siècle et qui accueille les œuvres d’art les plus précieuses des Musées du Vatican, est actuellement en train d’être repeint avec du lait.Les vieilles recettes sont parfois les meilleures. L’architecte en chef du Vatican, Vitale Zanchettin, en sait quelque chose. Il a actuellement recours à la surprenante technique de la peinture au lait de chaux, technique qui a fait ses preuves depuis l’Antiquité. Et il ne le fait pas par nostalgie. Comme il l’a déclaré lui-même, la peinture au lait de chaux se révèle plus durable que n’importe quelle peinture synthétique moderne. Il prend pour exemple deux peintures du célèbre peintre Raphaël, réalisées à partir de cette méthode, et mises au jour au Vatican 500 ans après dans un parfait état de conservation.
La ferme du Pape
Mais d’où provient ce lait ? De la résidence d’été papale de Castel Gondolfo, à l’extérieur de Rome. Beaucoup l’ignorent, mais il s’y cache un domaine agricole de 25 hectares. Ce terrain a été acquis par le pape Pie XI en 1929 pour développer l’activité agricole du Saint-Siège et souligner l’attachement de l’Église catholique au monde rural. Depuis, c’est ici que le Saint-Siège se fournit en denrées fraîches : légumes, fruits, herbes aromatiques, lait, yaourts, œufs, volailles, tous issus de l’agriculture biologique. Concernant la production de lait, c’est environ 700 litres qui sont produits chaque jour grâce à 80 vaches.
L’accent mis par le pape François sur l’écologie a naturellement orienté l’idée d’utiliser le lait produit par le Vatican pour la restauration de ses bâtiments. Mélangé avec de la chaux et des pigments naturels, il s’applique à la main grâce à une technique séculaire. “L’enyclique Laudato Si’ du Pape a été notre guide pour les travaux de restaurations”, a déclaré Barabara Jatte, directrice des Musées du Vatican. “Nous avons vraiment essayé d’appliquer ces méthodes non invasives, pour l’environnement et pour les gens.”
Des restaurations à base d’huiles essentielles
Ce n’est pas la première fois que le Vatican utilise des méthodes naturelles pour restaurer son patrimoine. Depuis longtemps déjà, les restaurateurs sont à la pointe en ce qui concerne l’utilisation des huiles essentielles pour nettoyer et protéger les 570 statues et autres œuvres d’art en marbre placées dans les jardins du Vatican. Malgré leur beauté, les plantes et les arbres des jardins abîment les sculptures en raison des champignons et des bactéries qui attaquent et érodent lentement la pierre et le marbre.
Pour trouver une solution écologique au problème, le Vatican a mené plusieurs années de recherche, qu’ils ont partagées lors d’une conférence internationale en octobre 2017. Les résultats ont montré que les essences d’origan et de thym — ces huiles proviennent de cultures certifiées biologiques en Sicile — empêchaient la bio-détérioration du marbre sans endommager le œuvres d’art ou la santé de personnes qui travaillent avec elles. Car la santé des restaurateurs est primordiale pour le Vatican : c’est en effet une centaine de personnes qui travaillent quotidiennement pour les musées afin de restaurer les œuvres d’art et les bâtiments admirés chaque année par 6 millions de touristes.
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