Le dernier Disney-Pixar, Coco, qui pourrait rebuter par son aspect squelettique et son approche de la mort, est en fait un film d’animation profondément joyeux, vivant et coloré, et un véritable hymne à la famille. À travers l’histoire d’un jeune garçon en quête de ses racines et de ses rêves, la culture mexicaine enseigne à petits et grands que la mort n’est pas la fin de tout, et que les êtres chers disparus veillent sur ceux qui restent.
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Margaux, ma très pragmatique fille de 4 ans et demi, m’a demandé récemment : « Comment ça se passe quand on est mort ? » Je me suis lancée dans une explication eschatologique sur la dissociation de l’âme et du corps, et elle s’est mise à pleurer parce qu’elle trouvait ça très triste. Et puis je l’ai emmenée voir Coco, le dernier film d’animation de Disney Pixar… Et là, le générique à peine terminé, elle m’a dit que le royaume des morts était « très beau » !
Alors certes, dans Coco, il n’est pas question de Dieu, ni de paradis, d’enfer ou de purgatoire. C’est une fiction colorée et effrénée, dans laquelle le jeune héros, Miguel, part à la recherche de ses ancêtres, le jour de la traditionnelle fête mexicaine qui honore les défunts : el Dia de los Muertos (le jour des morts), afin d’obtenir leur bénédiction pour accomplir son rêve de devenir musicien. Coco n’est absolument pas un film à but catéchétique ou évangélique. Néanmoins, à travers les aventures du jeune Miguel, transparaissent nettement des valeurs chères à la foi chrétienne, et de fortes convictions religieuses.
Un hymne à la famille
Parti sur un coup de tête, le jeune Miguel se rend finalement compte que son plus grand trésor est l’amour inconditionnel et absolu de sa famille. Son désir de faire de la musique devient secondaire par rapport à l’amour familial qui passe au premier plan. Au moment de repartir dans le monde des vivants, il dit : « Rien n’est plus important que la famille. Je suis prêt à accepter tes conditions ». On pense également à la grand-mère un peu bourrue qui affirme : « Je suis sévère avec toi parce que je t’aime ». Sans verser dans la mièvrerie, le film résonne de phrases simples, mais qui sonnent juste, et qui font plaisir à entendre à l’heure de l’individualisme-roi et de la remise en question de la cellule familiale.
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Coco est un hymne à la famille, valeur chère à l’Église catholique, et au sens large : un hymne aux ancêtres qui ont fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui, et un hymne aux vivants qui nous entourent de leur indéfectible amour.
Le don de la musique et la parabole des talents
Autre rapprochement que nous pouvons faire entre les valeurs affichées dans le film et le message du Christ : le talent pour la musique chez Miguel et la parabole des talents (Matthieu 25, 14-30). Malgré les réticences familiales, Miguel sait qu’il a un talent et fait tout son possible pour le faire fructifier, en s’entraînant en cachette notamment, et pour le prouver aux yeux du monde. C’est justement en voulant participer au concours de talents, pourtant défendu par sa grand-mère, qu’il est propulsé dans le royaume des morts.
Dans la parabole, Jésus félicite les serviteurs qui ont su faire fructifier les talents qui leur ont été confiés, et nous enseigne que tout ce que l’on a, ses qualités ou ses capacités, sont des dons de Dieu. A chacun de les faire fructifier, plutôt que de les cacher.
« El Dia de los Muertos », un écho au Jour des défunts
Les 1er et 2 novembre, alors que l’Église catholique célèbre la Toussaint, puis le lendemain, commémore ses fidèles défunts, le Mexique festoie à l’occasion d’El Dia de los Muertos.
La fête des morts mexicaine reflète un double héritage, celui des Aztèques, avec leurs traditions pré-colombiennes, et celui des conquistadors espagnols, avec leurs traditions catholiques. Les Aztèques avaient déjà l’habitude de se rendre sur les tombes des défunts, lors de deux fêtes : Miccaihuitontli pour les enfants et, 20 jours plus tard, Hueymiccalhuitl pour les adultes. Suite à la conquête espagnole, ces fêtes, qui se déroulaient au mois d’août, ont été fixées aux 1er et 2 novembre, afin de correspondre au calendrier catholique. Aujourd’hui, le 1er novembre est le jour des enfants morts, les « angelitos », et le 2 novembre celui des adultes.
La croyance populaire veut que ces jours-là, les âmes des défunts reviennent sur terre. Les Mexicains vont dans les cimetières, mangent sur les tombes, dansent, chantent, récitent des prières, défilent dans les rues, réalisent des autels chez eux dédiés aux défunts, recouverts d’offrandes, d’objets et de nourriture appréciés par les disparus, de photos et de fleurs, magnifiquement représentés par les studios Pixar dans le film.
Comment ne pas voir un certain parallèle entre El Dia de los Muertos et la fête de la Toussaint ? Lorsque les catholiques célèbrent dans l’allégresse la fête de tous les saints ! Et, entre El Dia de los Muertos et le Jour des défunts ? Lorsque les catholiques prient pour tous ceux qui sont morts, et se rendent traditionnellement au cimetière. La conviction que les vivants ont à prier pour les morts s’est établie dès les premiers temps du christianisme. Pour les chrétiens, cette journée est l’occasion de prier pour les âmes du Purgatoire, et d’affirmer leur espérance en la vie éternelle.
Réunir les vivants et les morts, n’est-ce pas la définition de la Communion des Saints ?
A plusieurs reprises dans le film, les vivants et les morts (ces derniers étant représentés par des squelettes drôles et attachants) sont réunis, que ce soit dans le « panteon » (le cimetière), dans lequel les défunts retrouvent leurs descendants vivants, ou bien dans le royaume des morts, dans lequel atterrit Miguel. C’est bien le sens del Dia de los Muertos, qui permet, pendant 2 jours, que les défunts rejoignent les vivants de leur famille.
Première conviction assumée par le dessin animé : il y a une vie après la mort ! Elle rejoint la croyance catholique en la vie éternelle.
Deuxième conviction dans l’histoire de Coco : il y a une connexion entre le monde des vivants et celui des morts. Elle rejoint en cela une autre croyance catholique : la communion des saints. L’Église appelle Communion des saints la communion de vie qui existe entre nous et ceux qui nous ont précédés. Il y a, dans le Christ, un lien mutuel et une solidarité entre les vivants et les morts. Le Symbole des Apôtres évoquait déjà l’Église comme la communauté, ou la communion, de tous les croyants, qu’ils soient vivants ou morts, tous appelés par Dieu et transformés dans le Christ et l’Esprit.
À l’instar des personnages de Coco, nous pouvons nous aussi, si nous sommes chrétiens, poursuivre notre relation avec nos défunts, sans prendre le premier avion pour le Mexique, mais dans la prière.
Prière à la Vierge pour les défunts de nos familles :
Sainte Marie, toi qui es notre douce mère sur cette terre et qui nous attires vers ton Fils, reçois notre prière et veille avec l’amour d’une mère sur nos morts maintenant qu’ils sont partis. Et donne-nous, nous qui sommes encore en marche sur terre, d’être fidèles à l’Amour de Dieu qui veut que nous ayons la Vie, et la Vie éternelle. Amen. (L’Église catholique à Paris).