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Jérusalem : « C’est une déflagration qui laisse derrière elle un champ de ruines »

ISRAEL JERUSALEM
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Agnès Pinard Legry - publié le 07/12/17
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En reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël, Donald Trump fragilise un équilibre déjà instable. Pour le pape François, le statu quo de Jérusalem doit impérativement être respecté. Décryptage.

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Ville trois fois sainte, Jérusalem intrigue, interpelle et séduit celui qui prend la peine d’en comprendre l’histoire. Mais sa situation, déjà fragile, est désormais inquiétante. Tenant une de ses promesses de campagne, Donald Trump a reconnu hier Jérusalem comme capitale d’Israël. La ville, qui compte près de 900 000 habitants dont 300 000 Palestiniens, dispose d’un statut particulier : elle a été séparée en deux, Jérusalem-Ouest et Jérusalem-Est, à l’issue de la première guerre israélo-arabe de 1948-1949. En 1967, l’armée israélienne a ensuite lancé une guerre-éclair contre les positions arabes et occupe désormais la Cisjordanie, la bande de Gaza, le Golan et le Sinaï. La même année, Israël a annexé la partie orientale de Jérusalem.

« Une certaine forme de bénédiction pour le gouvernement israélien actuel »

Depuis 1967, la communauté internationale n’a jamais reconnu ni l’annexion de la partie orientale de la ville, ni Jérusalem comme capitale d’Israël. En annonçant hier que les États-Unis reconnaissaient Jérusalem comme capitale d’Israël à la place de Tel Aviv, Donald Trump a donc provoqué une onde de choc et rompt la politique de ses prédécesseurs. « Avec cette annonce le président américain met fin de facto au rôle de médiateur que jouait les États-Unis dans le processus de paix entre Israël et la Palestine, détaille pour Aleteia l’historien Vincent Lemire, auteur de Jérusalem, Histoire d’une ville monde. Il a renversé la table des négociations et après l’avoir renversé, il a purement et simplement quitté la salle des négociations. En parallèle, en faisant cette annonce, il a débranché Mahmoud Abbas qui était jusqu’à présent sous perfusion ». Pour Alain Dieckhoff, directeur du Centre de recherches internationales (Ceri), Donald Trump donne « une certaine forme de bénédiction pour le gouvernement israélien actuel ».

Sur le plan religieux, la ville de Jérusalem abrite pour les chrétiens le Saint-Sépulcre, lieu de la crucifixion et du tombeau du Christ. Le pape François a fermement appelé à respecter le statu quo de Jérusalem, une position que le Saint-Siège défend depuis 1947 avec le corpus separatum et s’en tient à la résolution du Conseild de sécurité de l’ONU du 20 août 1980 qui condamne la proclamation par Israël de Jérusalem comme capitale « une et indivisible ».

Le pape François défend un statu quo

« Je ne peux taire ma profonde inquiétude pour la situation qui s’est créée ces derniers jours, a déclaré le pape François lors de son audience hebdomadaire. J’adresse un appel vibrant pour que tous s’engagent à respecter le statu quo de la ville, en conformité avec les résolutions pertinentes de l’ONU ». Car l’enjeu est bien plus large. « Certes il y a les lieux saints, rappelle Alain Dieckhoff. Mais il y a également les pèlerins qui s’y rendent, l’ensemble des communautés chrétiennes présentes en Terre sainte, leurs biens les écoles… ». Pour Vincent Lemire, « la déflagration est telle qu’elle laisse derrière elle un champ de ruines et qu’il va falloir tout reconstruire ». « Le Pape participe légitimement au concert des nations, il a une voix légitime, mesurée et raisonnable… Il est une puissance souveraine de certains lieux saints, qui peut constituer un rapport de force. »

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