À seulement 35 ans Mozart disparaissait, laissant inachevé son œuvre la plus célèbre. Depuis, le Requiem a exacerbé les passions pendant presque deux siècles. Quel est ce fameux commanditaire anonyme qui aurait voulu, selon la légende, s’approprier la paternité de l’œuvre ? Mais surtout, qui se consacra à l’achèvement de ce chef-d’œuvre ?
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En 1791, alors que Mozart vient de mettre un point final à La flûte enchantée, un mystérieux homme dénommé Franz Anton Leutgeb, lui rend visite et lui demande de bien vouloir composer un Requiem pour son maître, désireux de rester anonyme. Le commanditaire n’est autre qu’un jeune comte de 28 ans : Franz von Walsegg. Ayant perdu sa femme quelques mois auparavant, il souhaitait faire entendre un Requiem à l’occasion d’une messe commémorative. On est ici bien loin de la légende, encouragée par le film Amadeus de Milos Forman (1984), qui veut que Salieri, “rival” de Mozart à Vienne, ait commandé l’œuvre en cachette pour se l’approprier.
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Alors que Mozart commence la composition, il est emporté par une fièvre cinq mois plus tard, laissant son chef-d’œuvre inachevé. Constanze, son épouse, se retrouve alors dans une situation embarrassante car un acompte a déjà été versé par le commanditaire. Deux choix s’offrent alors à elle : terminer l’œuvre ou rembourser l’argent. Sa décision est vite prise, les dettes laissées par Mozart ne lui permettant pas de s’asseoir sur 100 ducats. Mais où trouver un musicien capable “d’égaler” — dans la mesure du possible — le génie de Mozart ? La tâche qui incombait était difficile. Mozart avait composé l’Introït, le Kyrie, le Sequentia (sauf le Lacrimosa resté inachevé), et l’Offertoire. Il restait alors à écrire le Sanctus, le Benedictus, L’Agnus Dei et la Communio !
Le fameux Lacrimosa
Constanze s’adresse tout d’abord à Joseph Eybler, compositeur et ami de Mozart. Dans un premier temps il accepte et achève même le Lacrimosa, mais par modestie, et sans doute conscient du génie de son maître, il ne se sent pas capable d’aller au bout de la tâche. Constanze se tourne alors vers Franz Xaver Süssmayr, un des élèves de son mari. Celui-ci avait rendu visite à Mozart quelques heures avant sa mort.
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En effet, très malade, allongé dans son lit qu’il ne pouvait plus quitter, Mozart avait évoqué avec lui différents passages du Requiem, notamment le fameux Lacrimosa (dont Mozart ne composa que huit mesures) : Lacrimosa dies illa, Qua resurget ex favilla, Judicandus homo reus — “Oh jour de larmes, où ressuscitera de la poussière, pour être jugé l’homme accusé”. Fatigué, il avait repoussé la partition et mourut quelques heures plus tard, le 5 décembre 1791.
Grâce aux instructions de Mozart et à quelques fragments de partitions laissés, Süssmayr achève l’œuvre tant bien que mal. Le Requiem est finalement livré au comte Walsegg sans que celui-ci ne doute de la supercherie. L’exécution officielle a lieu le 14 décembre 1793.
Certains musicologues ont critiqué certaines faiblesses dans le style de Süssmayr et les plus fervents admirateurs de Mozart resteront toujours nostalgiques à l’idée de ne pas connaître la version définitive de Mozart. Malgré tout, on peut admirer la qualité du travail de Süssmayr et supposer qu’il a, autant que possible, suivit les instructions de son maître pour qui il avait le plus grand respect.