Formé à Lille, David Alcibiade a été recruté au dernier mercato estival par le FC Nantes, club qu’il avait quitté en 2016 après cinq saisons passées avec l’équipe réserve du club nantais. Ce défenseur de métier découvre cette saison la Ligue 1. Dans un milieu que beaucoup décrivent comme aseptisé, ce chrétien pratiquant de 26 ans dénote. Il explique pourquoi à Aleteia.
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Aleteia : Vous avez la réputation d’être un joueur très pieux. Vous avez grandi avec la foi ?
David Alcibiade : Je suis né en région parisienne dans une famille chrétienne. Depuis tout petit, j’ai fréquenté l’église évangélique et c’est seulement à l’âge de 8 ans, lors d’un temps de prière familiale que j’ai compris que j’avais besoin de Jésus pour m’accompagner dans ma vie. J’ai décidé de confier ma vie à Jésus. Dans ce cheminement la question du baptême s’est posée. Je me suis fait baptiser à l’âge de 14 ans car je voulais obéir à cet enseignement de Jésus. Le baptême était une étape primordiale pour moi, un cap à franchir dans ma relation avec Jésus.
Est-il facile de concilier foi et carrière de sportif de haut niveau ?
Ce n’est pas évident car les matchs sont souvent le samedi, parfois le dimanche, donc je ne peux pas tout le temps aller à l’église. Heureusement ma relation avec Jésus ne se limite pas seulement au dimanche. J’ai mes temps réguliers en ce semaine où je prie, je lis la bible, je loue Dieu. Je compose des chants de louange avec ma guitare. J’ai également des temps plus collectifs en semaine avec le mouvement “Plus que sportifs”. C’est une structure qui nous aide beaucoup dans notre foi car on peut se rassembler dans la semaine entre sportifs chrétiens par des sessions Skype, autour de la Parole de Dieu pour l’étudier et mieux la comprendre. On en profite pour s’encourager, partager nos problèmes et prier les uns pour les autres. Joël Thibault nous enseigne la parole à travers l’étude d’un livre biblique semaine après semaine. Cette année nous avons étudié l’Épître aux Colossiens et l’Evangile de Jean. La saison dernière c’était l’Épître aux Hébreux. C’est une façon d’avoir des clés de compréhension de la Bible et d’y trouver des applications concrètes dans le cadre de notre carrière de footballeur.
Vous arrive-t-il parfois en plein match de prendre le temps de remercier le Seigneur ? Comme quand vous stopper un ballon sur votre ligne de but et permettez la victoire de votre équipe ?
C’est vrai que sur le terrain je discute souvent avec Dieu, soit en le remerciant ou en lui demandant son aide afin de l’honorer sur le terrain. Je ne veux pas le laisser au vestiaire mais jouer avec sa force, motivé par son amour pour moi, car si j’en suis là aujourd’hui, c’est parce que Dieu a joué un très grand rôle. À Strasbourg, sur le moment où je sors le ballon sur la ligne, je ne me suis pas vraiment rendu compte de ce qu’il venait de se passer. Mais je sais que j’ai eu cette intuition de me placer derrière le gardien au moment de la frappe de balle du joueur adverse. Beaucoup ont parlé de tête miraculeuse, de tête salvatrice mais ce qu’il ne savait pas, c’est que j’avais mis mon casque du salut offert par Jésus selon Ephésiens 6 (rires).
Votre parcours professionnel n’a pas été un long fleuve tranquille et a été notamment émaillé par les blessures. Considérez-vous que votre foi en Jésus vous a donné la force nécessaire pour parvenir à vous imposer au haut niveau ?
C’est vrai qu’à un moment dans ma carrière, où rien ne se passait comme je le voulais, où les blessures me ralentissaient, j’avais pensé tout arrêter. C’est à ce moment précis que Dieu m’a tendu la main et m’a donné la force de ne pas jeter l’éponge. J’avais tout abandonné dans les mains de Dieu, j’avais prié pour qu’il ouvre ou ferme la porte du monde professionnel, selon sa volonté pour ma vie. C’est d’ailleurs au moment où j’étais au plus bas que j’ai eu la possibilité de signer mon premier contrat professionnel ! Cette fameuse petite porte au moment où tout semblait perdu. Un véritable cadeau de Dieu. Et je vois aujourd’hui comment Jésus agit dans ma vie et dans ma carrière, et j’ai hâte d’en découvrir la suite.
Quel regard portent vos coéquipiers sur votre foi ?
Il y a des joueurs avec des religions différentes dans les vestiaires, nous entretenons des relations basées sur un respect mutuel. Après je me fait aussi chambrer. Mais je n’ai pas peur de parler de ma foi car cela fait entièrement partie de qui je suis. Certains m’appellent “le pasteur “, “mon père” ! Je trouve ça plutôt honorable au final. D’ailleurs, quelques-uns des mes coéquipiers après mon sauvetage contre Strasbourg, m’ont dit : “Ah David c’est fou tout ce qui t’arrive, mais bon c’est normal tu passes ton temps à prier !”.
Avec ce profil de joueur chrétien, vous n’avez pas l’impression de dépareiller dans le milieu du football ?
J‘ais un parcours classique comme on en voit beaucoup dans le football d’aujourd’hui. À 16 ans je devais signer pro et mon parcours était tout tracé pour qu’à 18 ans je sois titulaire en défense central en équipe première au LOSC sous les ordres de Claude Puel! Malheureusement, un mauvais conseil de mon agent puis une pubalgie en ont décidé autrement, ce qui a rendu mon parcours plus compliqué. Mais je ne regrette pas toutes ces expériences passées, car ça m’a beaucoup appris. À 16 ans j’ai dû rentrer dans un processus de pardon vis à vis de mon agent qui m’avait de surcroit laissé tomber après ma pubalgie. J’ai pu lui dire en face quelques années plus tard que je lui avais pardonné et que j’espérais qu’il ne procéderait pas de la même façon avec un autre jeune joueur. Sans ma relation avec Jésus, je n’aurais pas pu lui pardonner. Ça m’a libéré et ça m’a aidé à repartir de l’avant à Nantes
Vous arrive-t-il de vous rassembler avec d’autres joueurs ou sportifs, pas forcément issus du FC Nantes, mais qui partagent les mêmes convictions religieuses que vous ?
Nous nous rassemblons une fois par semaine pour étudier la Bible. Des anciens pensionnaires de la Ligue 1 comme Jeremie Bela ou même Terence Makengo et d’autres aux quatre coins de l’Europe. C’est important pour nous d’être soudés même loin les uns des autres. J’ai la chance d’avoir Joris Kayembe avec moi au FC Nantes, qui vient d’arriver de Porto, avec qui je peux partager ma foi.
Un ancien joueur de football, le Brésilien Ceara, est devenu pasteur une fois sa carrière achevée… cela vous donne-t-il quelques idées de reconversion ?
Je n’attends pas la fin de ma carrière pour préparer ma reconversion. J’ai beaucoup de projets en tête. J’ai la fibre artistique, depuis la musique à la vidéo, et de la déco à la pâtisserie. J’ai lancé par exemple avec des amis, un projet qui s’appelle “Ignite” (“Enflammer” en anglais, ndlr), car nous voulons rebooster la jeunesse nantaise, l’encourager à sortir de sa zone de confort pour pouvoir vivre des expériences hors du commun. Ces soirées sont ouvertes à tous. Dieu nous a donné des dons et des talents, à nous de les développer au mieux afin de pouvoir vivre tout simplement nos rêves.
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