En ce premier dimanche de l’Avent 2017, les catholiques francophones accueillent dans la liturgie la nouvelle traduction du Notre Père. Alors… qu’est-ce ce que ça change ? Dans quelles occasions utiliser cette nouvelle traduction ? Peut-on encore utiliser l’ancienne ?
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“Ne nous laisse pas succomber”, “ne nous soumets pas”, ou bien “ne nous fais pas entrer”… en tentation ? Le débat entre les deux premières versions fait [gentiment] rage depuis des années, et voici qu’une nouvelle version veut mettre tout le monde d’accord : “Ne nous laisse pas entrer en tentation”. Serait-ce un remake de l’arrivée de l’euro qui a remplacé les francs et les anciens francs, sans les faire complètement disparaître des habitudes ?
Un “problème” bien connu
Le grec ancien dans lequel est écrit le Notre-Père a un regard sur la réalité et sur le monde qui n’est pas celui de notre culture. Or “un langage est un filet jeté sur la réalité des choses, une autre langue un autre filet… et il est bien rare que les mailles coïncident”. La fidélité d’une traduction est donc toujours approximative, surtout lorsque les langues sont culturellement éloignées. L’expression italienne “Traduttore, traditore” a tout son sens dans ce cas : traduire c’est toujours un peu trahir ! Il est donc inévitable que la traduction engendre des frustrations, d’autant plus lorsqu’il s’agit du sujet sensible de la Liturgie…
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La prière personnelle
Il n’est pas question ici de discuter de la précision de la traduction du grec “kaì mề eisenégkêis hêmâs eis peirasmón, ne nous laisse pas entrer en tentation”. (Mt 6 , 13 ; Lc 11, 4). Pour cela une littérature abondante existe déjà. La question est plutôt de savoir comment utiliser cette nouvelle traduction.
Dans la prière personnelle, ce qui compte est le fait de se sentir à l’aise avec le texte que l’on prie. À condition évidemment que le texte ne soit pas faux et que l’on reste uni à l’Église. Mais les différentes versions ne sont pas fausses, elles sont simplement imprécises comme le seront toujours les traductions. Donc autant choisir pour soi la version qui a le plus de sens. Soit celle qui semble la plus juste, soit celle qui est la plus habituelle, soit celle que propose en ce moment l’Église. Soyons libres !
Un puissant symbole de notre unité
Dans la liturgie de la messe (et par extension toute autre liturgie), les choses sont différentes. La mort et la Résurrection de Jésus nous ont été rendues présentes dans la Consécration. Par son sacrifice, Jésus nous a rachetés et nous a redonné la dignité de fils de Dieu, héritiers de la Vie Éternelle. Par ailleurs, dans la prière eucharistique le prêtre a invoqué le Saint-Esprit pour qu’il fasse de toute l’assemblée un seul peuple (cette prière s’appelle l’épiclèse de communion). Après ces deux événements majeurs, la prière du Notre-Père est comme la première mise en œuvre de cette nouvelle communion des fils de Dieu : nous reconnaissons ensemble Dieu comme notre Père.
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Ainsi, le fait de réciter ensemble cette prière est un puissant symbole de notre unité. Et c’est là que les choses deviennent compliquées : au moment où nous sommes le plus unis par le sacrifice de Jésus, nous entendons parfois des textes différents. Alors que la prière du Notre-Père devrait être le symbole de notre unité acquise par le sacrifice de Jésus, elle peut devenir le signe de notre divergence à cause d’un point [mineur] de traduction…
Alors comment faire ? Le mieux n’est-il pas d’accueillir humblement ce que la Liturgie de l’Église nous propose ? Comme nous l’avons vu, une traduction ne sera jamais parfaite, de même que la liturgie ne sera parfaite qu’au Ciel. Alors jouons tout simplement la carte de l’unité et de l’humilité en obéissant ensemble à l’Église. Voilà une manière de se reconnaître comme enfants de Dieu, membres du Corps qu’est l’Église, ensemble frères et sœurs unis et sauvés par la Mort et la Résurrection de Jésus.
Résistons à la tentation et vivons la communion
L’envie est parfois grande de vouloir se distinguer des autres, surtout sur des points qui tiennent très à cœur. Alors… résistons à la tentation ! Et acceptons humblement d’obéir à ce qui nous est proposé, en offrant ce sacrifice pour la communion de l’Église.
L’utilisation de cette nouvelle traduction du Notre Père va nous demander un peu d’effort et de temps, c’est normal. Nous allons devoir être attentifs à ce que nous allons prononcer. Mais finalement, quelle grâce de pouvoir nous approprier de manière nouvelle la prière que Jésus nous apprise, et de choisir à nouveau librement d’appartenir à la famille de l’Église !
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