Le mensuel Magnificat célèbre cette année ses 25 ans. L’occasion pour lui d’éditer un magnifique ouvrage rassemblant certaines des plus belles couvertures publiées représentant la Vierge Marie. Il en ressort une Vie de la Vierge Marie d’une grande beauté, où chaque œuvre d’art est commentée avec soin, et se trouve accompagnée d’une hymne et d’une page de littérature mariale.Magnificat, livre de messe mensuel ? Beaucoup plus que cela. De la prière du matin à la prière du soir, qui encadrent la messe, il accompagne la journée chrétienne et la nourrit, en plus de 400 pages, de ses rubriques et chroniques. Or voici que Magnificat célèbre ses 25 premières années : signe d’une réussite manifeste. Elle est due à ce que le cardinal Sean O’Malley, archevêque de Boston, appelle son génie : au sens latin, sa nature et sa culture. C’est d’avoir compris dès le départ que, selon la leçon souvent répétée de Benoît XVI, on ne prie bien que sur de la beauté.
C’est vrai pour la liturgie, c’est vrai pour un livre de messe. Magnificat est encadré par deux œuvres d’art, en première de couverture, commentée par Pierre-Marie Varennes, en cahier final, analysée par des professeurs d’histoire de l’art. Dans les premières années l’intérieur même était riche de bois gravés, images d’entre Moyen Âge et Renaissance, pour le peuple, encore souvent illettré, d’extraordinaire emprise sur le regard et l’esprit. Qui dénoncerait là un luxe préjudiciable à l’esprit de pauvreté dont un missel doit donner l’exemple ferait preuve d’un inquiétant mauvais esprit.
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Le mode d’autocélébration est à l’image de Magnificat : un album marial qui de la beauté mène au sacré, et du sacré à Dieu. C’est doublement heureux. D’abord, chaque mois, c’est un pincement au cœur de se séparer du mois qui s’achève. Mais tout garder ! On en est au n°300. Ensuite parce qu’on retrouve là la douce familiarité d’un album de photos de famille. En effet le sujet de cet album est la Vie de la Vierge Marie à partir des plus belles couvertures de Magnificat. Il y en a 42 exactement. À chacune le souvenir s’éveille : on les a vues ! On les a eues en main, trente jours durant. On les retrouve, et avec elles le commentaire de P.-M. Varennes. Mais il y a du nouveau. Chaque œuvre est pourvue d’une hymne, latin et français, et d’une page de littérature mariale.
Je n’insiste que sur ces nouveautés. Les hymnes sont un bonheur : du IVe siècle (Ambroise de Milan) au… XXe, avec un jésuite, Vittorio Genovesi, auteur d’un beau poème sur l’Assomption – et de l’un à l’autre, les grands noms, Venance Fortunat, Prudence, Raban Maur, Jacopone de Todi… Et en définitive faciles à lire dans le texte, la traduction aidant, pour le bonheur de l’oreille. Et puis une anthologie de textes, de grande variété, du Ve siècle (saint Augustin, saint Cyrille d’Alexandrie) au… XXIe, avec le pape François. Et, pour ne citer qu’eux, nos grands noms, Bossuet, Francis Jammes, Péguy, Claudel, Marie Noël, Pierre Emmanuel…
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Or voici le plus beau. C’est que cette conjonction de peinture, d’hymne et de littérature, pour chaque épisode de la vie de la Vierge, du fait qu’elle mêle les siècles, réduit le temps à n’être qu’un présent déjà éternel dans la prière de louange et de célébration. Un exemple sur les 42. Le n° 5. Enfance de la Vierge de Zurbaran, 1658, musée de l’Ermitage. Ce merveilleux tableau appelle l’hymne O Sancta mundi Domina, anonyme du Xe siècle, et une page du Journal d’un curé de campagne : « Le regard de la Vierge est le seul regard vraiment enfantin, le seul vrai regard d’enfant qui se soit jamais levé sur notre honte et notre malheur. » Du Xe siècle au XVIIe, du XVIIe au XXe. Je vois là la mise en œuvre la plus heureuse qui soit de cette expérience intime que le temps liturgique, c’est l’éternité dans le temps. Le jour, « ce jour que fit le Seigneur », n’est pas aboli, il est sauvé. Longue vie à Magnificat.
Pierre-Marie Varennes, Magnificat en l’honneur de la Vierge Marie, 20 X 25 cm. 192 p. 19 euros.