Ce terme aux sonorités bien étranges nous vient du tout début de la Genèse. Il s’agit en effet de l’adaptation de tohou wabohou, terme hébreu biblique qui représente le chaos primitif, état initial de la terre, avant l’intervention de Dieu pour organiser sa création. L’expression est composée de tohou (vide, néant, désert, solitude) et wabohou (vide).
Si on la trouve telle quelle dans certaines versions ("La terre était tohu et bohu"), Tohou-wabohou a donné lieu à plusieurs traductions suivant les époques (invisible et désordonné, vide et vague, solitude et chaos, déserte et vide …), sans doute parce que la notion est délicate à interpréter et donc à transcrire. Toutes ces traductions expriment une idée de vide, de désordre et de confusion.
"La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux." (Gn 1, 2)
Une évolution du sens
Dans la Bible, le prophète Jérémie reprend le terme, traduit par chaos, pour dépeindre la dévastation de Jérusalem (Jr 4, 23). Plus tard, au moyen-âge, les adjectifs toroul et boroul évoquent le désordre et la confusion et sont proches du sens originel. En 1552, Rabelais lui donnera un sens satirique en racontant dans son Quart-Livre "Comment Pantagruel passa les isles de Thohu et Bohu".
De cette idée de désordre et de chaos primitif, le sens du mot a évolué vers celui de bruit confus, de tumulte bruyant. Ainsi, dans Les Misérables, Victor Hugo évoque le tohu-bohu du bonheur lors un mariage. L’expression a aussi séduit Arthur Rimbaud dans son Bateau Ivre pour évoquer un univers marin agité et la violence des éléments. Il est d’ailleurs l’un des rares à l’utiliser au pluriel.
Ce terme, plutôt littéraire et un peu désuet aujourd’hui, peut également décrire un amoncellement d’objets hétéroclites disposés n’importe comment.