Frappé par le dévouement du médecin britannique Jack Preger, le réalisateur Benoît Lange lui consacre son premier long-métrage. On y voit le fondateur de la “street medecine” soigner les plus pauvres en Inde — ce qu’il continue de faire aujourd’hui. Édifiant et pour une part initiatique, “Docteur Jack” est actuellement en salle.
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À 84 ans, Jack Preger parcourt toujours les rues de Calcutta. Il installe et démonte sa clinique itinérante tous les jours pour échapper à la police ou à la mafia locale. Quand les patients ne viennent pas, il va à la recherche de ceux qui n’ont pas pu s’y rendre. Ce documentaire est aussi le témoignage du réalisateur, qui a tout quitté à 22 ans pour le suivre durant quatorze ans. Il est même devenu photographe pour immortaliser ses actions.
“Calcutta Rescue”, l’association qu’il a créée, compte 180 Indiens, dont dix-huit médecins, qui travaillent à ses côtés. Elle a besoin de trouver 800 000 euros par an pour perdurer. Cet homme a commencé sa vie par des études d’économie, puis s’est installé dans une ferme, avant de se lancer dans des études de médecine, dont il sort diplômé à 42 ans. Ce qui a déclenché ce changement ? “Je commençais à faire les choses de manière automatique, par routine”, explique-t-il. Un soir de garde à Dublin il entend un appel à la radio : “Nous avons un besoin urgentissime de médecins au Bangladesh”. Il s’y rend aussitôt.
Preuve qu’il n’est jamais trop tard pour trouver sa vocation. Lui l’a trouvée en Inde, dans cette périphérie particulière symbolisée par la pauvreté de Calcutta, la ville de Mère Teresa. Il y invente un mouvement qui est devenu mondial : la “street medecine”, la médecine de rue. La vie est dure là-bas, mais c’est justement ce qui le fait tenir : “Je reste parce que cela vaut la peine de prendre des décisions”. “Il y a une zone grise entre ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. C’est là que ça devient difficile, c’est pour ça que je vais toujours du côté du patient. Le plus important est de voir les besoins et si l’on peut agir pour soulager. C’est tout le fondement de la médecine.”
Docteur Jack se préoccupe aussi de leur bien-être au-delà de la maladie. Ici il s’enquiert de savoir où ils vont aller après la destruction du bidonville, là il conseille de peindre les murs pour qu’ils aient l’air moins tristes.
Une immersion à coeur ouvert
“Docteur Jack n’est pas un homme normal, non ! Depuis 27 ou 28 ans il consacre son temps aux Indiens les plus pauvres et les plus démunis. Il y a tellement d’Indiens ici qui dépendent du Dr. Jack”, raconte avec beaucoup d’émotion et d’admiration l’un de ses amis Indiens qui travaille avec lui. Il aurait sauvé près de 50 000 patients. En se démenant pour trouver de l’insuline pour des diabétiques par exemple, alors qu’elle n’est jamais disponible dans les hôpitaux.
“Donc Dr. Jack, un homme normal ? Je ne le crois pas.”, assure avec conviction son ami. Sans limites, Jack Preger et son équipe prennent également en charge le coût des opérations cardiaques. Alors que la pandémie du Sida déferle sur la ville et ses habitants, qui ferment les yeux face à ce nouveau fléau, lui s’enferme pour dévorer tous les livres sur la question et parvient à être le premier à leur offrir un traitement complet et gratuit contre cette maladie. L’Anglais parcourt la ville, à l’affût des dangers et des besoins de cette population qu’il a adoptée.
Ce film a failli ne jamais voir le jour. Non pas pour des questions de moyens, mais parce que le docteur Jack ne le voulait pas, il préférait rester dans l’ombre. Grâce à l’obstination du réalisateur et à sa maîtrise de l’image, ce héros du quotidien a pu venir aussi jusqu’à nous, dans sa lumière, qui est la plus importante du film.
Docteur JACK – Un homme, une vie, un combat, de Benoît Lange et Pierre-Antoine Hiroz, actuellement en salle.