Rapporté par Grégoire de Tours et cité dans la Légende dorée de Jacques de Voragine, l’incroyable récit des sept dormants d’Éphèse a également été repris par la tradition islamique. Un mystère qui n’a jamais été totalement éclairci.
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Tout commence par une persécution. Nous sommes alors au mitan du IIIe siècle, sous le bref règne de l’empereur Trajan Dèce. Sept chrétiens, faisant partie de l’élite de la société d’Éphèse — dans l’actuelle Turquie — sont condamnés à la prison puis emmurés dans la caverne où ils avaient fui après avoir refusé d’adorer les idoles. La légende raconte alors que Maximilien, Malchus, Marcien, Denis, Jean, Sérapion et Constantin se réveillèrent près de deux cents ans plus tard, communièrent puis moururent peu de temps après.
Désormais connus sous le nom des Sept-Martyrs ou sept dormants d’Éphèse, il firent l’objet d’une profonde vénération dès le VIe siècle en Syrie, puis au fil des siècles dans tout le monde méditerranéen. Dans la péninsule arabique, ce récit vint irriguer la tradition islamique à travers une sourate consacrée aux « Gens de la caverne ». Dans l’Occident chrétien, le récit latin de Grégoire de Tours au VIe siècle puis la large diffusion de la Légende dorée de Jacques de Voragine au XIIIe siècle contribuèrent à populariser ce mythe durant toute l’ère médiévale.
Un symbole du dialogue islamo-chrétien ?
Dans le village du Vieux-Marché, dans les Côtes-d’Armor, où étaient vénérés depuis très longtemps les « Sept saints », à qui était même consacré un pardon, l’anthropologue Louis Massignon (1883-1962) a cru déceler une des nombreuses expressions de la légende.
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Difficile de valider cette hypothèse, opposée à ceux qui affirment que ces sept étaient plus probablement les saints fondateurs de la Bretagne. Manoël Pénicaud a consacré récemment une thèse à ce sujet, publiée sous le titre Le réveil des Sept Dormants.
Ce partage inédit d’un récit religieux par deux religions s’opposant en de nombreux points de la planète n’a pas échappé à plusieurs intellectuels. Ainsi, l’écrivain algérien Rachid Koraïchi a vu dans cette légende un pont pour le dialogue islamo-chrétien, en rendant hommage au martyr des moines de Tibhirine dans un bel ouvrage intitulé Les Sept Dormants.
Au Vieux-Marché, chaque été, le pèlerinage perdure année après année, rassemblant une centaine de pèlerins, qui dans notre époque troublée, puisent dans la profondeur des mythes un supplément d’âme pour le présent.