Dans l’imaginaire collectif, l’Apocalypse de saint Jean est souvent synonyme de catastrophes, destructions, fin du monde… Et pourtant le message est tout autre. Eclairés par les somptueuses tapisseries d’Angers, tentons de percer les mystères de ce dernier livre du Nouveau Testament si énigmatique. Livre qui clôt le recueil du Nouveau Testament, l’Apocalypse, écrit à la fin du Ier siècle, raconte les visions et révélations de l’apôtre et évangéliste Jean, en exil sur l’île de Patmos dans la mer Égée. Ce texte détaille la lutte du divin contre Satan jusqu’à la victoire finale et l’apparition de la Jérusalem Céleste, qui marquera la fin de l’Histoire et le salut de l’Humanité.
Si aujourd’hui le mot « apocalypse » évoque le chaos, le terme signifie en réalité « révélation ». Le récit porte un message universel, destiné à tout homme qui, face aux épreuves de l’existence, s’efforce de trouver sa voie et de se trouver lui-même. Les images terrifiantes utilisées par saint Jean n’étaient pas destinées à faire peur mais, au contraire, à aider des gens en difficulté. L’ Apocalypse est un texte qui tend à soutenir la foi et l’espérance des chrétiens souvent confrontés à de douloureuses épreuves.
Read more:
La Rebellerie, quand l’Arche se fait angevine
Pour entrer avec plus de facilité dans la compréhension de ce texte énigmatique, les Éditions Diane de Selliers, ont imaginé un très bel ouvrage didactique : L’Apocalypse de saint Jean illustrée par la tapisserie d’Angers. Le lecteur est invité à cheminer au cœur du texte à la lumière des somptueuses tapisseries d’Angers. Pour approfondir la réflexion, Paule Amblard, historienne de l’art spécialisée dans l’art chrétien du Moyen Âge, vient compléter cet ouvrage par ses commentaires éclairants et inspirés.
La tapisserie d’Angers, une merveille de l’art médiéval
Miraculeusement parvenue jusqu’à nous, la tenture de l’Apocalypse d’Angers est la plus ancienne et la plus longue des tapisseries médiévales conservées. Elle mesurait à l’origine 140 mètres de long sur 6 mètres de haut et comprenait 84 panneaux. Elle fut commandée par Louis Ier d’Anjou, frère du roi Charles V, vers 1375. Il confie la réalisation des modèles à un peintre reconnu, Jean de Bruges. L’exécution de la tapisserie est orchestrée par Nicolas Bataille, un marchand de tapisserie, et réalisée dans l’atelier parisien de Robert Poinçon.
La tenture est impressionnante à la fois par ses dimensions mais aussi par la qualité de son exécution. Le tissage est très fin et surtout sans revers : alors que d’ordinaire, le dos des tapisseries laisse voir les fils abandonnés, la tenture de l’apocalypse est également lisible sur son envers. Malmenée pendant la Révolution française, car considérée comme l’œuvre d’une époque barbare, il faudra attendre le XIXe siècle pour qu’elle soit redécouverte et restaurée.
Cliquez sur la 1ère image pour découvrir quelques illustrations de la tenture de l’Apocalypse :
Un ouvrage aussi artistique que spirituel
Que l’on soit amateur d’art ou lecteur en quête de spiritualité, le nouvel ouvrage des Éditions Diane de Selliers ravira aussi bien les yeux que l’esprit. Par des images de haute qualité et de nombreux agrandissements, l’ouvrage invite à admirer en détail la finesse et la puissance colorée de ce chef-d’œuvre. Notons que pour cette présente édition, la tenture a été photographiée à l’envers (là où les couleurs ont été le mieux conservées) et inversée pour reprendre le sens de lecture normal. Une idée judicieuse qui permet de se faire une idée des somptueux coloris utilisés par les tapissiers de l’époque.
Read more:
Béhuard, un sanctuaire sur une île
Ceux qui tremblent encore à l’idée de parcourir seul le texte de l’apocalypse pour en décrypter la signification seront largement aidés par ce parallèle entre texte et images : en décryptant les multiples symboles, Paule Amblard aide à s’interroger sur le sens profond du message de Jean. Car au delà de l’admiration portée à cette tenture, ce nouvel ouvrage invite le lecteur à pénétrer au cœur même du texte afin que les paroles d’espoir de Jean trouvent une raisonnance dans la vie de chacun.
L’Apocalypse de saint Jean, illustrée par la tapisserie d’Angers commentée par Paule Amblard, Éditions Diane de Selliers.