La nouvelle traduction du Notre Père entrera en vigueur le 3 décembre prochain. Nous ne dirons désormais plus « ne nous soumets pas à la tentation », mais « ne nous laisse pas entrer en tentation ». Saviez-vous que saint Thomas d’Aquin avait donné en son temps une explication de cette prière ? Elle reste d’actualité.Pendant le Carême 1273, soit un an avant sa mort, saint Thomas a donné toute une série de sermons aux fidèles de l’église Saint-Dominique à Naples, dont des sermons sur le Notre Père. Il prêchait alors dans la langue locale et non en latin comme il le faisait par ailleurs.
Saint Thomas explique que le Notre Père contient, dans le bon ordre, tout ce que nous devons désirer et tout ce que nous devons éviter.
Nous devons désirer avant tout la gloire de Dieu (“Que ton nom soit sanctifié”).
Nous devons ensuite désirer pour nous trois biens : tout d’abord l’obtention de la vie éternelle (“Que ton règne vienne”), puis l’accomplissement de la volonté de Dieu et de sa justice (“Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel”), et enfin la possession des choses nécessaires à notre vie (“Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour”). Une parole du Seigneur citée par saint Matthieu (6, 33) évoque ces trois biens : “Cherchez le royaume de Dieu et sa justice et tout le reste vous sera donné par surcroît”.
Après avoir mentionné ce que nous devons désirer, le Notre Père mentionne ce que nous devons éviter. Il nous faut éviter les maux qui s’opposent aux biens que nous devons désirer. Aucun mal ne s’oppose à la gloire de Dieu, mais des maux s’opposent aux trois biens que nous désirons pour nous.
À l’obtention de la vie éternelle s’oppose le péché (“Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés”). À l’accomplissement de la volonté de Dieu et de sa justice s’oppose la tentation (‘Et ne nous laisse pas entrer en tentation”). À la possession des choses nécessaires à notre vie s’opposent les adversités et les tribulations (“Mais délivre-nous du mal”). Il nous faut donc éviter le péché, la tentation, les adversités et les tribulations.
On découvre ainsi que le Notre Père est une véritable école du désir, il « éduque » en quelque sorte notre désir. Il nous enseigne ce qu’il faut désirer et ce qu’il faut éviter, et cela dans le bon ordre.
On ne sera pas étonné dès lors d’apprendre que saint Thomas écrivait auparavant dans la Somme de théologie que la prière est « comme l’interprète de notre désir devant Dieu », et que la prière du Notre Père est en cela « absolument parfaite » (Cf. ST II-II, q. 83, a. 9, co.). Si vous souhaitez en savoir plus sur ce que saint Thomas a dit du Notre Père dans ses sermons, Aquinas propose début décembre, en partenariat avec Hozana, une communauté de prière pour prier le Notre Père avec lui.
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