Entre Figeac et La Romieu, le GR 652, variante de Rocamadour, traverse deux étapes de charme : Penne d’Agenais et Pujols (Lot-et-Garonne). L’occasion idéale d’associer escapade spirituelle et découverte touristique dans une région authentique et préservée.
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Depuis une vingtaine d’années, le chemin de Saint-Jacques de Compostelle suscite un engouement croissant et sa fréquentation est en constante augmentation. En 2016, plus de 278 000 pèlerins représentant 146 nationalités ont été comptabilisés par le bureau des pèlerins à Santiago de Compostela ! En France, quatre grands itinéraires historiques convergent vers le lieu de pèlerinage : les voies d’Arles (via Tolosana), de Tours (via Turonensis), du Vézelay (via Lemovensis) et du Puy-en-Velay (via Podiensis).
A partir de cette dernière (la plus connue et la plus fréquentée), nombre de pèlerins des temps anciens, une fois arrivés à Figeac, poursuivaient leur chemin vers Rocamadour. Le détour n’était ni un raccourci ni une alternative mais avait pour but le pèlerinage vers l’impressionnant sanctuaire marial construit à flanc de falaise entre ciel et terre.
Aujourd’hui, plus de 1000 ans ont passé et les pèlerins viennent toujours en nombre prier avec ferveur Notre-Dame de Rocamadour et saint Amadour. Depuis quelques années, ils peuvent à nouveau se rendre au sanctuaire à pied ; en effet, un temps oublié, le chemin de Rocamadour a été réhabilité en 2011 et balisé en chemin de grande randonnée (GR 652). L’itinéraire rejoint la voie du Puy-en-Velay à La Romieu en arpentant des chemins riches de patrimoine et d’histoire. Les petits villages de Pujols et Penne d’Agenais, distants de 15,7 kms, constituent des étapes pleines de caractère qui replongent le visiteur en plein Moyen-Age.
Penne d’Agenais
Haut lieu stratégique, cette ancienne place forte construite sur un éperon rocheux domine toute la vallée du Lot. Fortifié par Richard Cœur de Lion au XIIe siècle, le site a combattu durement pendant la croisade contre les Albigeois, la guerre de Cent Ans et les guerres de Religion. Pour visiter ce charmant bourg médiéval, il vous faudra d’abord franchir l’une des trois portes fortifiées. Une fois à l’intérieur de Penne d’Agenais, munis de courage et d’une bonne paire de chaussures, vous voilà prêts à flâner dans les jolies petites rues (très) escarpées du village. La rue Bombecul notamment est si pentue qu’il fallait courber le dos et « bomber le cul » pour la gravir !
Le meilleur moyen de visiter Penne d’Agenais est de se perdre dans ses ruelles bordées de maisons aux façades fleuries en pierres et briquettes rouges. Le village est plein de recoins, de jardinets discrets cachés derrière des murs de pierre et de jolies surprises architecturales que vous découvrirez au hasard de votre promenade, au détour d’une venelle ou d’un escalier.
Tout en haut du village, près des ruines du château-fort, le sanctuaire Notre-Dame de Peyragude domine le site dans un cadre magnifique. Du parvis, on peut admirer un panorama exceptionnel sur le Lot et sa vallée.
L’histoire de Peyragude, dont le nom signifie « pierre aigüe », débute au XIe siècle lorsqu’une famille de chevaliers construisit une chapelle dédiée à Notre Dame de l’Assomption, à l’emplacement du cimetière actuel. D’après une légende, Marie serait apparue à une petite bergère qui mourait de faim, elle lui aurait donné du pain et sa propre image, la petite statue qui se trouve illuminée au dessus de l’autel de la Vierge dans la basilique. Au cours des siècles, le village et la région connaissent de nombreux conflits, la chapelle est pillée, incendiée et reconstruite plusieurs fois. L’évêque d’Agen note que pendant l’épidémie de peste de 1653, alors que les habitants d’Agen sont décimés, ceux de Penne prient Notre Dame de Peyragude et sont préservés de la maladie. A partir de là, les pèlerinages se font de plus en plus fervents et nombreux. Mais à la révolution, la chapelle est vendue aux enchères et démolie, seule la statue miraculeuse est sauvée.
La construction de la nouvelle basilique débute en 1897 pour s’achever en 1949. L’édifice, qui n’est pas sans rappeler le Sacré-Cœur de Montmartre, accueille chaque été, en particulier au mois de mai et le 15 août, de nombreux pèlerins venus célébrer l’Eucharistie et témoigner de leur Foi et de leur vénération à Marie.
Côté pratique, les pèlerins pourront se reposer et passer la nuit au Logis de Ricard, halte jacquaire dont le nom fait référence à Richard Cœur de Lion : www.logisdericard.fr.
D’autres chambres d’hôtes proposent des tarifs spéciaux sous présentation de la crédenciale. Pour trouver des commerces, il vous faudra descendre jusqu’à Port-de-Penne, au bord du Lot. Il est possible d’y louer des bateaux à la journée ou à la demi-journée pour une mini croisière. Penne d’Agenais possède aussi quelques bonnes tables qui mettent en valeur les produits du Lot-et-Garonne, premier département pour la diversité des fruits et légumes cultivés et premier département bio de France.
Pour une escapade bucolique, l’office du tourisme propose un circuit des églises romanes permettant de découvrir des églises champêtres, petits bijoux d’art roman qui, pour la plupart, ont dû à leur isolement d’avoir conservé leur aspect primitif et rappellent l’histoire des premiers siècles du christianisme.
Pujols, parmi les plus beaux villages de France
Même si la citadelle de Pujols est également construite sur la hauteur, offrant une très belle vue sur la bastide fluviale de Villeneuve-sur-Lot et les vallées du Lot et du Mail, l’intérieur du village est à peu près plat et la promenade dans ses jolies ruelles pavées ne sollicitera pas vos mollets comme à Penne d’Agenais !
Cette ancienne place forte albigeoise a traversé les siècles et les conflits sans se départir de son charme et de son caractère, ce qui lui vaut d’être labellisée « Plus beau village de France ». Les jolies maisons à pans de bois de la rue de la Citadelle datent du XVIe siècle. Généralement, le rez-de-chaussée était réservé à l’atelier ou à la boutique, le premier étage servait de lieu de vie et le dernier étage de grenier. De l’ancien château, il ne reste que des vestiges. Pourtant encore intact au XIXe siècle, il a été vendu par la municipalité d’alors à des entrepreneurs locaux et ses pierres ont servi à agrandir la prison d’Eysses (quartier de Villeneuve-sur-Lot) installée dans une ancienne abbaye.
Autrefois entourée de remparts, Pujols compte encore aujourd’hui deux portes fortifiées dont la porte du clocher de l’église Saint-Nicolas qui faisait partie intégrante des fortifications. Un accès depuis une tour du château permettait au seigneur de Pujols d’arriver directement dans sa tribune privée. Face à l’église, la grande place accueille une jolie halle couverte. C’est là qu’ont lieu chaque mercredi soir en été les marchés de producteurs, typiques du Sud-Ouest : de grandes tables sont installées sur la place où chacun peut s’installer à sa guise après avoir choisi des plats cuisinés sur place et des boissons aux différents étals de producteurs locaux.
De l’autre côté du village, on ne célèbre plus d’offices dans l’église Sainte-Foy qui accueille des expositions à la belle saison. Ses peintures murales (XVe et XVIe siècles) sont classées monument historique, on peut y reconnaître l’Assomption de la Vierge ou saint Georges terrassant le dragon. Elle a aussi la particularité de posséder une litre funéraire qui fait le tour de l’édifice (à l’intérieur) et recouvre les fresques : ce bandeau noir agrémenté de blasons était un privilège accordé à certaines personnalités lors de leurs funérailles.
Côté hébergement, les pèlerins sont accueillis gratuitement (sous présentation de la crédenciale) dans la halte jacquaire qui possède 4 couchages. Elle se trouve à l’étage de l’ancien presbytère, au-dessus de la Maison du Jouet Rustique, derrière l’église Saint-Nicolas (contacter l’office du tourisme pour récupérer les clés). En haute saison, il est indispensable de réserver !
Prévoyez également le ravitaillement, surtout pour le petit déjeuner et le déjeuner du lendemain car il y a plusieurs restaurants à Pujols mais pas d’épicerie.
Pour préparer votre séjour :
Penne d’Agenais : Office de Tourisme Fumel – Vallée du Lot – 05 53 71 13 70 – info@tourisme-fumel.com – www.tourisme-fumel.com
Pujols : Office de Tourisme du Grand Villeneuvois – 05 53 36 78 69 – pujols.info@tourisme-villeneuvois.fr – www.tourisme-villeneuvois.fr