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Dès la fin de la Première Guerre Mondiale, la population et les associations d’anciens combattants éprouvent le besoin de rendre hommage aux 1,4 millions de français morts pour la patrie. Il faut dire que les corps sont restés sur les champs de bataille, enterrés à la hâte, parfois non identifiés. Alors comment faire son deuil, personnel et collectif ? Les morts de la guerre de 14 vont pourtant revenir un à un, dans leur village natal, leur lieu de travail et leur paroisse, autrement. Leurs noms vont être inscrits individuellement, par ordre alphabétique, sur un monument aux morts visible par tous, érigé au cœur de l’espace public.
La loi du 25 octobre 1919
La France a voté un vaste programme à la gloire de ses martyrs. C’est le sens de la loi du 25 octobre 1919, relative à la commémoration et à la glorification des morts pour la France au cours de la Grande Guerre. Elle stipule que "des subventions seront accordées par l’État aux communes, en proportion de l’effort et des sacrifices qu’elles feront en vue de glorifier les héros morts pour la patrie".
Plus de 30 000 monuments aux morts en France
30 000 monuments ! On a du mal aujourd’hui à imaginer l’ampleur du chantier dans le paysage français. Les délibérations des conseils municipaux illustrent cet élan de commémoration aux vertus expiatoires. Mais on y lit aussi le souci de la dépense, les rivalités sociales et politiques entre communes voisines, des débats parfois houleux sur le choix de l’emplacement, du matériau, de la forme, de l’artiste, du texte…
Les historiens ont noté une corrélation entre le choix de l’emplacement des monuments aux morts et la couleur politique de la commune. Les communes de droite, essentiellement catholiques dans les années 1920, privilégient la proximité voire l’intérieur de l’église. Les communes de gauche optent pour la place du village, près de la marie ou de l’école, symboles de la République laïque.