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Ce roman lumineux, déjà Prix du roman Fnac, est l’un des phénomènes de la rentrée littéraire. Écrit par une romancière non catholique, il retrace avec une grande beauté le parcours extraordinaire de cette sainte canonisée par Jean Paul II.
Née au Soudan vers 1869, sainte Joséphine Bakhita incarne, selon Benoit XVI, la beauté de l’espérance. Enlevée et vendue comme esclave alors qu’elle était encore enfant, cette sainte des temps modernes a fait l’expérience de la perte de tout et de l’oubli total d’elle-même. L’auteur, Véronique Olmi, insiste : Bakhita est un surnom donné par des esclavagistes. Joséphine est son prénom de baptême adulte. Son vrai nom, Bakhita l’a oublié. Cet oubli symbolise plus largement une expérience de dépersonnalisation : l’esclavage l’a conduite à ce point où sa dignité de personne a été totalement niée.
Une rencontre libératrice
Alors qu’elle appartenait à un général turc qui lui infligeait des scarifications, Bakhita est rachetée en 1883, à quatorze ans, par le consul d’Italie à Khartoum, au Soudan. Elle raconte : "Le nouveau maître était assez bon et il se prit d'affection pour moi. Je n'eus plus de réprimandes, de coups, de châtiments, de sorte que, devant tout cela, j'hésitais encore à croire à tant de paix et de tranquillité".
Son destin change du tout au tout. En 1885, alors que le consul rentre en Italie, elle ose le supplier de rentrer avec lui et il accepte. Instruite à la religion catholique par des religieuses canossiennes auxquelles elle est confiée, elle demande d’abord le baptême puis exprime son souhait de devenir religieuse. L’esclavage n’existant pas en Europe, Bakhita est y est autorisée au cours d’un procès retentissant qui la rend libre de ses chaînes.
Entre les mains de Dieu
Ce qui frappe dans le roman, c’est la description de l’intériorité la sainte. Bien que non catholique, Véronique Olmi a visiblement été fascinée par la grandeur spirituelle et la force intérieure de Joséphine Bakhita. Par un style très incarné, elle nous fait sentir toute la chair du monde, de l’Afrique puis de l’Italie, les odeurs de ces terres et, à chaque page, la présence de Bakhita.
On ressent avec d’autant plus d’éclat les grâces qui touchent Bakhita et son illumination quand elle découvre l’amour absolu dont elle aimée par le Christ. Quand bien même elle se trouve honteuse de se dire que ce Dieu sait tout et a tout vu de ses humiliations, c’est son amour qui l’emporte et lui donne la force d’âme pour devenir une des plus grandes saintes des temps modernes.
Devant Dieu et son amour, elle retrouve toute sa dignité de personne. Dieu ne veut pas que nous soyons esclaves, comme le disait le Christ : « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. »
Ce roman est très certainement un des beaux fruits de cette amitié que la sainte cultiva avec le Christ en se plaçant entre les mains de Dieu ; ce Dieu qui l’a conduite à la joie malgré tous les malheurs qui l’avaient frappée.
Bakhita, par Véronique Olmi, Albin Michel, août 2017, 22,90 euros.