Le système académique français est mal adapté aux enfants surdoués, et un grand nombre d’entre eux se retrouvent en situation d’échec scolaire. L’école reste néanmoins un passage obligé pour accéder à un métier qui soit à la hauteur de leur potentiel. Alors comment aider un enfant surdoué à réussir et à s’épanouir à l’école ?Près de la moitié des élèves surdoués ont des difficultés scolaires. 45% d’entre eux redoublent. D’après l’Afep (Association Française des Enfants Précoces), seulement un tiers font des études supérieures. Ces chiffres restent cependant à nuancer car ils se basent sur les enfants “dépistés”. Or, la plupart du temps, ils ont été dépistés pour cause, justement, de difficultés scolaires. Néanmoins, ces statistiques soulèvent une inadaptation du système scolaire aux enfants surdoués (qui représentent 2,2% de la population générale, soit environ 400 000 enfants scolarisés). Étant donné le peu de structures existantes pour accueillir ces enfants, comment faire pour qu’ils s’épanouissent et réussissent à l’école, tout en étant précoces ?
Premier constat établi par la psychologue Jeanne Siaud-Facchin, membre du Laboratoire de Recherche sur le Fonctionnement Cognitif de l’Hôpital de la Salpêtrière, et Présidente de Zebra (Centre pour les surdoués), dans son livre L’enfant surdoué, l’aider à grandir, l’aider à réussir : l’école éprouve des difficultés à faire réussir les enfants précoces à la hauteur de leur potentiel. Les enseignants ne sont pas formés à la particularité du fonctionnement des enfants surdoués, ni à la pédagogie qui leur serait adaptée. Le système scolaire correspond à la forme d’intelligence du plus grand nombre, pas à celle des enfants surdoués. C’est pourquoi les conséquences sur un enfant précoce peuvent être graves : la déception de se contenter du « programme », de restituer des connaissances qui lui paraissent évidentes, l’incompréhension des codes et du fonctionnement de l’école, l’ennui, le rejet, la perte de confiance en soi…
Read more:
A quoi reconnaît-on un enfant précoce ?
Voici quelques pistes, données par Jeanne Siaud-Facchin, pour que ce « passage » à l’école se fasse au mieux. Parce que « réussir à l’école, être heureux à l’école, prendre plaisir à apprendre, investir les apprentissages mais aussi développer des relations amicales et sociales sont des paramètres indispensables dans l’éducation des enfants. »
Communiquer et collaborer avec une équipe enseignante qui reconnaisse la spécificité et les difficultés d’un enfant surdoué
Un enfant précoce a besoin d’être aidé, et le préalable à son intégration scolaire est que l’équipe enseignante reconnaisse ce besoin. Il possède un mode de pensée différent de celui de la majorité des enfants, difficilement adaptable aux exigences scolaires. L’accompagner est donc indispensable. Un enfant surdoué n’est pas autonome, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Il se débrouille mal avec les formes d’apprentissage scolaires. Il a du mal à structurer ses connaissances. Par exemple, faire un exposé est pour lui un exercice extrêmement difficile, car il ne sait pas organiser ses idées et ses nombreuses connaissances. Il ne sait pas interpréter les consignes.
La psychologue relate le témoignage de Paul, aujourd’hui adulte, se souvenant des devoirs de français d’explication de textes : « A une question comme : “que font les personnages ?”, j’étais vraiment perplexe. Il suffit de lire le texte ! Ce ne peut être l’objet de la question ! Donc, si le prof pose cette question, elle doit avoir un sens. Mais quel sens ? Je me trouvais alors dans l’incapacité de comprendre ce qu’on me demandait de faire, et ne le faisais donc pas. Ni par provocation, ni par manque de compréhension du texte, ni par mauvaise volonté mais seulement parce que je ne pouvais envisager qu’on me demande simplement de reporter des éléments contenus clairement dans le texte. »
Aider l’enfant précoce à prendre conscience du double-système
Premier système : le système scolaire. Avec ses lois, son mode de fonctionnement, ses exigences, ses processus d’apprentissage. Deuxième système : celui de l’enfant surdoué. Avec son mode de fonctionnement, son mode de pensée, ses idées en arborescence, sa créativité.
Les deux systèmes, très éloignés l’un de l’autre, peuvent cependant fonctionner parallèlement, sans entrer en compétition. Notre responsabilité consiste à aider l’enfant à comprendre et à accepter le système scolaire, sans pour autant nier son propre système, à lui inculquer que le système scolaire est différent de son fonctionnement à lui, mais qu’il est un passage obligé pour son avenir. L’école doit devenir pour cet enfant un champ d’exploration dont il doit découvrir les secrets et les codes, qui lui permettront d’avoir de bonnes notes.
Expliquer en quoi il est important d’aller à l’école
Un enfant surdoué a besoin de sens, il a besoin de connaître le but de toute action, et en ce qui concerne l’école, il a besoin de comprendre pourquoi il y va et à quoi cela lui servira. Il est nécessaire de prendre le temps de lui expliquer à quoi servent les apprentissages, quelle en est leur utilité, ce que cela lui apportera. Ainsi, il acceptera beaucoup mieux le fait d’aller à l’école et d’y passer ses journées. Une réponse abrupte telle que « parce que c’est comme ça ! » est insatisfaisante pour un enfant précoce. Il ne peut s’en contenter, et n’en restera pas là. Il vous questionnera, jusqu’à (votre) épuisement, pour obtenir une réponse argumentée.
Intensifier sa motivation
Sans motivation, pas d’apprentissage. L’enfant doit trouver en lui-même sa propre motivation. Travailler et réussir doivent être le projet de l’enfant et non celui des parents. Pour cela, encouragez-le, félicitez-le. Montrez-lui votre plaisir de le voir réussir. Dites-lui combien il doit être fier de lui. Un enfant surdoué est peu sensible à la punition, en revanche, est hyper-réceptif à la gratification. Renforcez son sentiment de compétence : valorisez-le dans ses domaines de compétence, dans ses matières de prédilection.
Pour aller plus loin :
Association française des enfants précoces
Association Zebra, une alternative et un complément à la scolarisation classique.