L'origine de la chapelle nous ramène aux origines de la monarchie française. Le mot provient de l'oratoire du palais du roi des Francs, lieu où était conservé un morceau du manteau de saint Martin de Tours. Ce lieu prendra le nom de cette cape, capella en latin, puis deviendra ensuite chapelle en français. Ce mot s'est ensuite diffusé au delà d’Aix-la-Chapelle, la capitale des Francs. En effet, à partir du IXe siècle, il entre dans le langage courant pour désigner un lieu de culte indépendant n’ayant pas la fonction d’église mais dépendant tout de même d'une paroisse, sans en avoir toutefois les droits paroissiaux.
Le mot chapelle désigne également un lieu de culte, situé dans un bâtiment profane comme un hôpital, un château ou encore une université. Au sein d'une cathédrale ou d'une église, la chapelle dite absidiale, désigne aussi un lieu séparé du chœur où est érigé un autel secondaire réservé à des cérémonies distinctes. Une sainte chapelle est plus prestigieuse. Elle est sensée accueillir en son sein des reliques de la Passion du Christ, comme celles que l'on retrouve sur l'île de la cité ou dans le château de Vincennes.
L'âge d'or des chapelles
C'est au XIVe siècle qu'a lieu l'âge d'or des chapelles. L'Europe connaît alors de terribles fléaux comme la peste et la guerre de Cent ans. Dans cette époque sombre, quand la mort enlève près d'un tiers de la population du continent, la piété populaire se voit décuplée. Des chapelles dédiées à la Sainte Vierge ou aux saints sont érigées partout. Bâtir une chapelle devient même, pour les seigneurs laïcs, l'acte de piété le plus important. On les pense capables d'attirer la bienveillance divine afin d’éviter l’enfer ou d’écourter le passage au purgatoire. Selon Georges Duby : "Si Dieu et les saint restent de toute évidence les premiers servis, on les sert d'une autre manière. Au XIe siècle, l'art sacré culmine dans le monastère. Au début du XIIIe siècle, dans la cathédrale, la chapelle est l'œuvre d'art sacré caractéristique du XIVe siècle. Fondées, bâties, décorées, entretenues, par une personne ou un petit groupe de personnes que rassemblent la parenté, l'alliance ou la fraternité spirituelle, [...] les chapelles, espaces du recueillement, de l'examen de conscience et de l'oraison secrète, répondent aux exigences d'une pratique religieuse de plus en plus enclose, égotiste, émotive." La chapelle devient alors le symbole d'une pratique religieuse plus intimiste, mais aussi plus fervente, qui se perpétuera jusqu’au XIXe siècle.
Aujourd'hui, si la plupart d’entre elles ne sont plus le lieu d’une piété fervente, elles restent cependant pour notre monde profane un inestimable héritage architectural et un symbole de la foi incandescente qui animait, il y a encore peu de temps, tous les aspects de la vie quotidienne de nos ancêtres.