Avec très peu de ressources et beaucoup d’âmes généreuses, des religieuses ont créé à Damas un atelier de couture spécialisé dans les soutanes des prêtres. Une activité qui leur permet de se mettre au service de la mission et de procurer du travail à plusieurs familles sur place.
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Sous les coups de canons et des mortiers, notre voiture se dirige vers la vieille ville de Damas, côté chrétien, à 200 mètres du patriarcat grec melkite catholique. Là, dans une minuscule rue du vieux Damas se tient le couvent de la congrégation des religieuses de Notre-Dame-du-Bon-Service.
Je suis la servante du Seigneur
Cette vieille bâtisse, restaurée il y a une vingtaine d’années accueille aujourd’hui cinq religieuses, dont deux d’origine libanaise, qui consacrent leur vie au service du clergé, des orphelins, des malades et des personnes âgées, tout à l’image de leur fondateur Monseigneur Joseph Maalouf, archevêque de Baalbek, au Liban. Leur maison est un refuge de prière, de méditation, un centre au service de l’Église et une maison pour les jeunes filles qui cherchent à réaliser leur vocation religieuse ou à apprendre la couture. Installée depuis 25 ans à Damas, sœur Alexie, la responsable du couvent intervient en disant : « Je suis la servante du Seigneur. Il attend de nous à ce que nous coopérions dans la propagation de sa Parole dans le monde par la prière, le travail et le service du prochain. C’est notre vocation. C’est notre mission ».
Entre formations religieuses et professionnelles, et surtout, aides aux démunis en ces temps difficiles de guerre en Syrie, les sœurs de Bon Service travaillent sans relâche, le sourire aux lèvres, sœur Elyse ajoute : « Pendant longtemps, nous avons accompagné les postulantes et les novices syriennes dans leur formation spirituelle avant de les envoyer à la maison principale au Liban mais nous étions démunies matériellement. Une âme généreuse s’est présentée et nous a léguée cette maison en 1992 et nous nous sommes mises à réfléchir à la survie de notre mission à Damas ».
Des broderies damascènes sur les soutanes du clergé
D’où l’idée d’habiller le personnel ecclésiastique. « Au moins on peut assurer un produit en demande constante ! », souligne sœur Alexie. Sœur Elyse justifie ce choix : « C’est un atelier qui demande très peu de moyens puisque la fabrication des soutanes est un travail essentiellement fait main, et de ce fait, en faisant appel à de nombreuses couturières, nous faisons nourrir plusieurs familles ».
Au bout d’un escalier en colimaçon, au troisième étage de la bâtisse se trouve l’atelier. Un espace très simple et chaleureux où travaillent entre six et huit femmes, venues de différentes régions. Toutes partagent actuellement des situations personnelles douloureuses compte tenu de la guerre qui fait rage dans le pays. « Ça fait 18 ans que je travaille ici, c’est ma famille adoptive”, confie Georgette, une des plus anciennes de la maison. “C’est commode, l’église d’Ananie et le vieux souk sont à deux pas. C’est utile pour acheter les ustensiles de couture. Certes à un kilomètre de là il peut y avoir des affrontements entre l’armée régulière et des groupes terroristes, mais Dieu nous protège ! » assure-t-elle.
Aujourd’hui, elles achèvent les soutanes blanches et brodées, dorées ou fleuries, que les prêtres mettront le jour de la première messe de Mgr Absi, en tant que patriarche, célébrée à l’église Notre-Dame de Damas. « Nous travaillons avec les curés de toutes les confessions chrétiennes, ici et au Liban, explique Georgette. Ils nous cherchent le modèle et le tissu, et ici à l’atelier, nous traçons et coupons le patron, puis nous choisissons la broderie la plus adaptée à l’évènement, ainsi que les couleurs. Chaque forme et chaque couleur correspondent à une période spécifique du calendrier religieux. Le rouge pour Noël, le violet pour le carême, le blanc pour les jours de fêtes, le doré pour le dimanche ou le lundi de Pâques et le bleu pour le mois de Mai, mois de Marie ».
La confection d’une soutane peut prendre entre une et trois semaines. L’étape la plus longue et la plus délicate est évidemment la broderie, puisque tout est fait main. Pour les prêtres syriens, ce service est gratuit. L’atelier ses sœurs ne leur demande de payer que le brocart, cette texture de soie célèbre à Damas depuis plus de cinq siècles et dont le monopole du commerce est encore détenu par les chrétiens.