Découvrez, à travers un nouveau roman, la vie d’une nouvelle communauté charismatique des années 1970, ses prophéties et ses miracles mais aussi l’action de Satan venant trahir et pervertir l’œuvre de Dieu.
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« Le mystère de l’histoire du Chêne de Moré tient à l’intrication du bon grain et de l’ivraie »
Le roman Heureux les serviteurs de Xavier Patier vient de sortir aux éditions du Cerf. Un œil inattentif pourrait voir dans ce livre une critique des mouvements charismatiques, alors qu’il s’agit beaucoup plus de découvrir les dérives possibles des mouvements religieux quand ils se coupent de la tradition et de la sagesse de l’Église. En effet, dans ce roman, tout n’est pas noir ou blanc. La bonne littérature, comme le christianisme, n’est pas manichéenne. Et dans cette communauté, surnommé la communauté du Chêne de Moré, proche de nombreuses autres apparues dans les années 70, le bien se mêle au mal comme le bon grain à l’ivraie. Évoquant la communauté, le narrateur explique :
« Comment ne pas saluer l’œuvre accomplie dont tant de fruits demeurent ? Comment ne pas rendre justice à ceux qui ont ici donné tout ce qu’ils avaient ? Comment ne pas pardonner à un homme qui a pu, par faiblesse, se griser du pouvoir absolu qu’il exerçait ? Une faiblesse peut-elle disqualifier une œuvre entière ? Le mystère de l’histoire du Chêne de Moré tient à l’intrication du bon grain et de l’ivraie. L’un et l’autre ont grandi ensemble. L’opinion a tout brûlé sans faire justice au bon grain. »
On découvre à quel point le renouveau charismatique a permis de retrouver les grâces et la puissance vivifiante de l’Esprit au cœur de l’Église et combien le discernement devenait indispensable. En effet, c’est le manque de discernement, l’absence d’examen de conscience et le mépris vis-à-vis de l’enseignement de la tradition et de l’expérience millénaire de l’Eglise qui entraînent de véritables catastrophes.
Une confrontation éclairante avec trois figures de l’Église
L’auteur met en scène la confrontation de Manassé, le fondateur de la communauté avec trois types de personnages : un évêque, symbole de l’autorité traditionnelle de l’Eglise, un théologien, qui représente son enseignement traditionnel et un bénédictin, qui incarne la vie spirituelle traditionnelle. Tous trois sont intéressés par l’expérience du renouveau, marqués par les résolutions du Concile Vatican II et ne sont donc pas opposés par principe à la communauté. Mais ils incarnent trois dimensions de l’expérience religieuse qui sont passées par le filtre du temps et de l’habitude du combat spirituel. Or, c’est d’abord l’ignorance et une certaine naïveté qui entraînent Manassé à mépriser l’importance du combat spirituel et la force du mal qui attaque ceux qui se tournent vers Dieu.
Ce beau roman, riche d’enseignement sur le combat spirituel, est donc d’abord l’histoire d’un homme que Dieu a manifestement appelé à la sainteté dans une scène mémorable de conversion, mais qui n’a pas su résister aux assauts de Satan. Aimer Dieu, se donner à lui, implique de lutter contre Satan, car comme le détaille un livre de Jacqueline Kelen : Le diable préfère les saints. Qu’en est-il en définitive de l’âme de cet homme, tiraillé entre Dieu et Satan ? C’est devant ce mystère que le roman nous mène : car si l’action du mal peut être immense, le pardon et l’amour de Dieu restent plus grands.
Heureux les serviteurs, de Xavier Patier, Éd. du cerf, 240 p., 16 €