Quelques semaines avant son départ, le cardinal André Vingt-Trois, a livré au quotidien La Croix son analyse de l’évolution du christianisme en France.Alors qu’il se retirera le jour de ses 75 ans, Mgr André Vingt-Trois s’est longuement confié au quotidien La Croix ce 4 octobre. L’archevêque de Paris est notamment revenu sur les sociétaux qui attendent les catholiques. Il déplore que « dans la société française, les traces du christianisme se sont insensiblement réduites. » Reprenant les mots du cardinal Ratzinger, il affirme que ce changement a provoqué le passage d’un « christianisme sociologique » à un « christianisme de choix », marqué par la fin de la transmission culturelle de la religion. Un phénomène qui conduit selon lui a une dévitalisation du « christianisme populaire ». Aussi recommande-t-il aux catholiques de « retrouver des médiations culturelles pour rejoindre ceux qui ont le moins de facilités à entrer en contact avec l’Évangile. » Pour que cela marche, « le christianisme ne doit pas se réduire au patrimoine des églises » mais « montrer de manière visible la vitalité des communautés chrétiennes ».
Se faire mieux entendre
L’une des conséquences de la déchristianisation de la France est la difficulté que peut rencontrer l’Église à prendre position sur de grands sujets de société. Or, « il est important que nos références, nos convictions soient énoncées publiquement ». Interrogé sur la possible introduction de la PMA en France, le cardinal a déploré la médiocrité du traitement médiatique qui entoure ce débat. Selon lui, « toute la complexité de l’avis du Conseil national d’éthique (CCNE) sur le sujet est passée à la trappe dans le compte rendu qu’en ont fait la plupart des journalistes, qui se sont contentés de dire que le CCNE avait donné son accord. » Ce traitement « malhonnête », selon lui, fait fi des nuances apportées dans son avis par le CCNE et des enjeux humain qu’il comporte. Pour lui, « le plus important, c’est de savoir quel regard porter sur l’enfant » et ne pas perdre de vue que la loi « doit dire quelque chose pour l’ensemble de la société ».
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Le cardinal craint qu’une extension de la PMA aux couples de femmes qu’un enfant puisse « vivre sans avoir de référence paternelle même symbolique, sans connaître ses racines et savoir d’où il vient ». Il redoute également « l’argument de l’égalité » pour justifier son accès à des couples de femmes. Il aboutit « logiquement à la possibilité de la gestation pour autrui (GPA) ». Le raisonnement est simple, une fois que les femmes auront obtenu le droit d’avoir des enfants, « les hommes vont le revendiquer pour eux ». Le cardinal ne voit qu’un moyen de s’opposer à cette évolution : « sensibiliser les responsables politiques ».
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Le pape François
Mgr Vingt-Trois conclut son entretien en évoquant le pape François et les résistances que son message rencontre parfois. Pour lui, elles ont deux origines. Il y a d’abord les résistances institutionnelles, qui sont classiques « lorsqu’on veut changer les pratiques d’une organisation ». Ensuite, les Occidentaux seraient bloqués par « une culture technicienne », où l’action est toujours conditionnée par la théorie, alors que le Pape « nous dit simplement l’importance de prendre en compte les situations qui existent ». D’après l’archevêque, pour comprendre le pape François, « il faut se placer sur le terrain du discernement spirituel ».