Des Français ont mis en place une technique permettant à un patient en « état végétatif » depuis des années de récupérer un peu de conscience.
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Les scientifiques ont peut-être fait une avancée fondamentale dans la compréhension de la conscience. Grâce à la stimulation électrique du nerf vague d’un patient, qui connecte le cerveau aux organes cruciaux, l’équipe d’Angela Sirigu, directrice de recherche à l’Institut des sciences cognitives Marc Jeannerod de Lyon (CNRS), a réussi à augmenter d’état de conscience d’un homme de 35 ans et à le sortir d’un état végétatif dans lequel il se trouvait depuis quinze ans. Il a alors retrouvé une conscience minimale.
Une avancée scientifique, des questions éthiques
De quoi battre en brèche « un vieux dogme (qui) voudrait qu’il n’existe aucune chance d’amélioration chez les patients sévèrement cérébrolésés depuis plus d’un an » assure le professeur Steven Laureys, un des pontes de cette spécialité médicale. Après un mois de stimulation à raison de 30 secondes toutes les cinq minutes pendant un mois, le patient, victime d’un accident de la route au début des années 2000, a pu suivre des yeux un objet et se conformer à des ordres simples, comme celui de tourner la tête, ce qu’il ne faisait pas auparavant. Il aurait même versé une larme en écoutant de la musique.
En France, il y aurait aujourd’hui 1 500 personnes victimes du syndrome d’éveil non-répondant — nom scientifique de l’état végétatif —, à la suite d’un traumatisme crânien, d’un infarctus, d’un AVC. Ces patients conservent des fonctions réflexes et peuvent ouvrir les yeux, mais sans que leurs fonctions cérébrales supérieures ne soient à aucun moment mobilisées.
Le résultat obtenu par les chercheurs français ne pourra cependant pas être obtenu pour tous les patients, chaque cas clinique étant particulier. Mais cet exemple ne manquera pas de relancer le débat médical et éthique sur la fin de vie. Les scientifiques s’interrogent sur la notion de conscience, ne sachant pas, pour l’heure, si cette technique pourrait aussi redonner à certains patients un pouvoir décisionnel. Par ailleurs la découverte pourrait permettre à un patient de prendre conscience de la gravité de son état. Angela Sirigu admet au Monde : « C’est une vraie question. Pour moi, le principal enjeu est de poursuivre l’amélioration, au-delà d’un état de conscience minimale, chez certains patients. »