Voilà un auteur qui embarrassa longtemps l’Église. Un chrétien vitupérant, qui cachait son immense générosité sous des tombereaux d’outrances et d’injures. Léon Bloy n’hésitait pas à plonger dans les profondeurs de la déchéance humaine pour y trouver la Miséricorde. Il fût un prophète pour son époque… et pour la nôtre.
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Bernanos, Péguy, Bloy, ces romanciers du scandale — et du Scandale suprême, celui de la Croix — suscitent un regain d’intérêt aujourd’hui. Léon Bloy (1846-1917) fut le plus violent d’entre tous. Ami de Barbey d’Aurevilly, il eut une influence majeure sur les écrivains catholiques du début du XXe siècle. Amoureux passionné de la langue française, à laquelle il imprima son propre style, aphoristique et tranchant, il fut aussi un lecteur compulsif de la Bible, à laquelle il revenait sans cesse. Ennemi de la langue de buis et de tout “embourgeoisement” du message évangélique, il ne cessa d’exposer les mystères divins aux incroyants, dut-il le faire contre les catholiques eux-mêmes. Celui qui enthousiasma des personnalités aussi différentes que Roland Barthes ou Ernst Jünger, mérite amplement d’être redécouvert. Fragments.
Une intransigeance de feu
Les damnés n’ont d’autre rafraîchissement, dans le gouffre de leurs tortures, que la vision des épouvantables faces des démons. Les amis de Jésus voient autour d’eux les chrétiens modernes et c’est ainsi qu’ils peuvent concevoir l’enfer.
On veut, à toute force, que l’Évangile ait parlé d’un mauvais riche, comme s’il pouvait y en avoir de bons. Le texte est pourtant bien clair : « homo dives », « un riche », sans épithète. Il serait temps de discréditer ce pléonasme qui ne tend à rien moins qu’à dénaturer, au profit des mangeurs de pauvres, l’enseignement évangélique.
Les abîmes du Salut
On veut à toute force que je sois un très grand et très haut artiste, dont la principale affaire est d’agiter l’âme de ses contemporains, alors que je suis bonnement un pauvre homme qui cherche son Dieu, en l’appelant avec des sanglots par tous les chemins. J’ai écrit cela de bien des façons et personne n’a voulu me croire…
Journal
Il y a une loi d’équilibre divin, appelée la communion des Saints, en vertu de laquelle le mérite ou le démérite d’une âme, d’une seule âme est réversible sur le monde entier. Cette loi fait de nous absolument des dieux et donne à la vie humaine des proportions du grandiose le plus ineffable. Le plus vil des goujats porte dans le creux de sa main des millions de cœurs et tient sous son pied des millions de têtes de serpents. Cela il le saura au dernier jour. Un homme qui ne prie pas fait un mal inexprimable en tout langue humaine ou angélique. Le silence des lèvres est bien autrement épouvantable que le silence des astres.
Saint Paul est un type universel. Dans la vie de tout être humain, il arrive une heure, un moment unique, où on reçoit l’éblouissement divin, où Jésus parle distinctement. Il s’agit de dire alors : “Domine, quid me vis facere ?” Tout est là et le reste n’est rien. Fût-on un assassin, un ignoble traître, un empoisonneur de multitudes, un esclave enchaîné du plus fétide populo, un journaliste !… tout est dans cette minute précieuse qui peut conférer la Résurrection et la Lumière. Mais il faut répondre comme saint Paul.
Journal
Du Verbe au Parfait Silence
Le meilleur “enseignement” que je puisse vous donner, c’est d’étudier les Saints Livres, de vous saturer de la Vulgate, de lire surtout le Nouveau Testament, du matin au soir. Il est impossible de dire – un archange y renoncerait – à quel point il est honteux, pour ceux des contemporains qui se croient intellectuels, de connaître tant de livres et d’ignorer précisément ce Livre-là.
Journal
Je dis que la plus belle musique, même d’église, ne paraît belle que parce qu’elle est l’occasion de pressentir la vraie musique, l’harmonie divine qui est au fond du Parfait Silence.
Journal
Signalons la parution imminente d’une nouvelle biographie de Léon Bloy signée par Emmanuel Godo aux éditions du Cerf, Léon Bloy : écrivain légendaire.
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