Dans un motu proprio publié mardi, le Saint-Père annonce la transformation de l’institut pontifical Jean Paul II en “Institut pontifical théologique Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille” pour que la réalité familiale et matrimoniale soit étudiée dans toute sa complexité.
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En créant un nouvel institut, héritier de celui que Jean Paul II avait ouvert en 1981, le pape François ne tourne pas le dos aux enseignements de son prédécesseur sur le sujet mais veut au contraire leur donner plus de relief et faire en sorte qu’ils soient encore mieux appréciés dans leur “fécondité” et “actualité”. Il souhaite ouvrir davantage les travaux de l’institut “aux développements des sciences humaines et de la culture anthropologique”, comme il le précise lui-même dans son motu proprio Summa familiae cura, publié au Vatican ce 19 septembre.
Après deux synodes et Amoris lætitia
Par cette décision, le Saint-Père souhaite tirer profit des deux synodes sur la famille — qui se sont tenus en octobre 2014 et octobre 2015 – suivis de son exhortation apostolique Amoris lætitia, en 2016, en dotant l’Église d’un “centre académique de référence” qui regarde et étudie avec “l’intelligence de l’amour et un sage réalisme” la réalité de la famille aujourd’hui. C’est-à-dire “dans toute sa complexité, avec ses lumières et ses ombres”. Ces deux synodes, écrit-il, ont permis à l’Église d’avoir “une conscience renouvelée de l’Évangile de la famille et des défis pastoraux” à relever. Elle ne peut donc se permettre maintenant de limiter son travail à des pratiques pastorale et missionnaires qui reflètent des formes et des modèles du passé”, mais doit entreprendre “une approche plus analytique et diversifiée” sur ces questions.
“Nous devons être des interprètes conscients et passionnés de la sagesse de la foi dans un contexte où les individus sont moins soutenus qu’autrefois dans leur vie affective et familiale par les structures sociales”, poursuit le Pape dans sa lettre. Face aux “changements anthropologiques et culturels” qui entourent la famille, il souhaite que ce nouvel institut, tout en restant fidèle à “l’intuition” de son fondateur, s’ouvre davantage “aux développements des sciences humaines” pour correspondre “pleinement aux exigences actuelles de la mission pastorale de l’Église”.
Dans un discours aux membres de l’institut Jean Paul II, en octobre 2016, le pape François avait encouragé ses interlocuteurs à davantage considérer la complexité des conditions actuelles des familles, revenant notamment sur “les idéologies” qui “agressent directement le projet familial”. Il les avait appelés à faire face à ces “menaces”, en suivant les évolutions en cours et cherchant à “mieux les comprendre”, de manière à mieux reproposer cette extraordinaire “invention de la création divine” que sont les rapports entre Dieu, l’homme et la femme et leurs enfants.
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Des experts non-catholiques dans la nouvelle équipe
Mgr Vincenzo Paglia, grand chancelier de l’Institut Jean Paul II et confirmé dans ses fonctions à la tête du nouvel institut, s’est fait l’écho du désir papal, précisant devant les journalistes lors d’une conférence de presse, qu’il s’agit bien d’une “refondation” de l’institut de Jean Paul II et non d’une nouvelle “création”. Celle-ci, a-t-il précisé, exigera d’ailleurs un “élargissement” des collaborateurs à des experts non-catholiques, afin que l’Institut ne se “replie pas sur lui-même”, sur sa propre pensée, mais soit un institut “en sortie”. Il a rappelé à ce propos, rapporte l’agence I-Media, que le mariage et la famille ne sont pas des questions “catholiques”, mais “planétaires”, et que cet institut, comme a renchéri derrière lui le président du vieil et maintenant nouvel l’institut, Mgr Pierangelo Sequeri, s’inscrit dans la continuité du “dialogue de l’Eglise avec le monde”.
L’institut, auquel le Pape confère un nouveau cadre juridique, entretiendra des liens privilégiés “avec le ministère et le magistère du Saint-Siège”, à travers notamment la Congrégation pour l’éducation catholique, le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie et l’Académie pontificale pour la vie. Il aura faculté de conférer à ses étudiants des diplômes universitaires – doctorat, licence… – en “sciences sur le mariage et la famille” ; il se dotera des instruments nécessaires – chaires, enseignants, programmes, personnel administratif – pour réaliser sa mission… ecclésiale et scientifique !