Des perles de chapelet, retrouvées ce 8 septembre dans la tombe de Miguel Chijiwa, un jésuite japonais qui aurait renoncé à sa foi au XVIe siècle, remettent en cause sa biographie officielle.
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Miguel Chijiwa fut l’un des quatre japonais chrétiens à être envoyés au sein de “l’ambassade Tenshō” en Europe par la Compagnie de Jésus en 1582. Pour ce voyage, les jésuites avaient choisi des jeunes samouraïs brillants, fils de convertis, capables de parler des langues européennes. Après ce voyage, ils furent tous les quatre ordonnés, devenant les premiers prêtres jésuites natifs du Japon. Ils sont revenus avec divers objets européens, y compris une presse d’imprimerie.
Miguel l’apostat
Les compagnons de Miguel Chijiwa sont restés dans la Compagnie de Jésus jusqu’à leur mort. L’un d’entre eux, Martinho Hara fut banni de son pays, et un autre, Julião Nakaura, mourut en martyr, et a été béatifié le 24 novembre 2008. En revanche, Miguel Chijiwa quitta l’ordre des jésuites et se mit au service d’un maître qui abjura la foi chrétienne, Omura Yoshiaki. Tout laissait supposer que le serviteur avait suivi l’exemple de son maître, jusqu’à la révélation de la découverte des perles de chapelet dans sa tombe, par les descendants de Miguel, accompagnés d’historiens et de spécialistes, le 8 septembre 2017.
Des perles européennes au Japon
Cinquante-neuf perles en verre, de cinq couleurs différentes ont été dénombrées. Elles font entre deux et cinq millimètres de diamètre et sont chacune traversées d’un trou en leur milieu. Elles étaient accompagnées d’une vitre de 2,5 cm, qui fermait probablement un petit reliquaire. Il est avéré qu’une partie des perles, et la vitre, proviennent d’Europe, et il est donc possible que Miguel les ait conservées depuis son voyage avec l’ambassade Tenshō.
Une tombe retrouvée en 2004
La tombe a été identifiée en 2004 par Kazuhisa Oishi, 65 ans, un ancien directeur de fouilles du Musée d’Histoire et de Culture de Nagasaki. Ce dernier a accumulé des indices démontrant que la tombe était bien elle de Miguel Chijiwa : elle fut découverte sur les terres qui appartenaient à l’ancien prêtre jésuite et le nom de l’un de ses fils était gravé au dos de la pierre tombale.
Un pays de martyrs
Le Shogunat (junte de généraux dirigeants) Tokugaya, qui prit le pouvoir en 1603 sur l’archipel japonais à la suite d’une guerre civile de 100 ans, traquait les chrétiens comme des facteurs de division. Dans ce contexte de pressions terribles, certains hommes ont fait le choix d’apostasier. Le découvreur de la tombe, Kazuhisa Oishi, pense quant à lui que Miguel Chijiwa n’est pas allé jusque-là : il en avait assez de l’incapacité des jésuites à s’adapter à la culture japonaise, avance-t-il, mais il n’a pas renoncé à sa foi pour autant.
250 ans de catacombes
Beaucoup de japonais chrétiens, peut-être à l’image de Miguel Chijiwa, ont continué, après l’avènement du Shogunat, à pratiquer leur religion clandestinement. Lorsque la liberté religieuse a été rétablie en 1873, 30 000 hanare kirishitan, “chrétiens cachés”, ont révélé leur existence. La survie de cette communauté, ne doit toutefois pas occulter la situation “d’urgence missionnaire” — pour reprendre une formule du pape François — dans laquelle se trouve l’archipel. Le souverain pontife indiquait le 17 septembre 2017 : “Il est urgent que l’Église au Japon renouvelle constamment le choix de la mission pour Jésus”. Le pays compte 450 000 fidèles, soit 0,36% de la population totale, révélait le journal La Croix en février 2017. En 2016, un seul jeune homme est entré au grand séminaire du Japon, indiquait la même source.