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Le Notre Père aujourd’hui : comment le réciter comme Jésus l’a voulu ?

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Louise Alméras - publié le 16/09/17
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Prière majeure de l’Église, présente dans toutes les liturgies, le Notre Père est tant récitée que nous oublions parfois le sens profond de ses paroles. Comment bien s’adresser à Dieu ?

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Des phrases connues par cœur, au fil du temps, desservent parfois la parole adressée au Père des Cieux. Pourtant, chaque mot est important pour entretenir une bonne relation avec Lui. Jésus l’a enseignée à ses disciples pour leur apprendre à prier, c’est dire comme elle est essentielle pour toute base d’une vie chrétienne : “Quand vous priez, dites : “Père, que ton nom soit sanctifié, que ton Règne vienne…””. (Luc, 11, 2-4). Depuis le mois de mars, l’avant dernière phrase du Notre Père a été modifiée, sur laquelle l’auteur s’attarde : “Ne nous laisse pas entrer en tentation”. L’occasion de revoir complètement le sens véritable de chaque mot. Le dominicain et artiste Jocelyn Dorvault, dans un ouvrage entièrement consacré à cette prière, revient sur son origine, sa signification et la bonne attitude à avoir pour prier.

Père, Maître et Roi : un sacré Nom

L’auteur nous rappelle, ou nous apprend, que le Notre Père est une prière d’origine juive dont Jésus s’inspire grâce à sa connaissance des prières traditionnelles juives. Il s’agit de deux prières des Shemône Ezre et du Qadish. Cela permet de se souvenir de la tradition humaine dans laquelle Jésus s’inscrit, puisqu’il ne reçoit pas les paroles directement de Dieu, et qui continue de se transmettre dans le monde actuel. L’évocation du Royaume des Cieux vient de cette même tradition où l’on ne prononce pas le nom sacré de Yahvé, c’est ainsi une manière détournée de le nommer. “Que ton règne vienne”, par contre, fait clairement référence à la royauté de Dieu, comme une théocratie spirituelle, renforcée et complétée par sa paternité. Les pays orientaux ont davantage conservé la notion d’appartenance qui découle de la paternité de Dieu sur nous, essentielle pour une bonne compréhension de l’adresse directe à Dieu : “Père”, avec une majuscule, qu’enseigne Jésus à ses disciples. Le “Je vous salue Marie” est d’ailleurs assez différent dans sa construction. Enfin, Dieu le Père est Maître, celui que l’on suit, que l’on sert, à qui l’on obéit mais aussi à qui l’on demande “notre pain quotidien”.

“Ne soyez pas comme les hypocrites”

“Quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites” (Matthieu, 6, 5).

Le Royaume commence là où le cœur est ouvert et à l’écoute, dans la sincérité de son expression et dans l’attention à celui à qui on l’offre, dans le mystère de la relation. Est-il possible de bien prier quand on veut être vu, envié, admiré ? Les Cieux sont-ils accessibles à notre prière quand le tête à tête avec Dieu est parasité par d’autres voix et regards, par la vanité ? Quand on prie, on s’ouvre et on s’écarte, on entre en soi et on se retire, même au milieu d’une foule, pour entendre la Parole. Jésus invite ses disciples à une prière personnelle à travers les mots du Notre Père. Ainsi, le Père est plusieurs fois nommé, pour introduire le dialogue. Même si la liturgie suppose de prier de manière collective, si la communion des saints et la grande famille chrétienne sont présentes par l’utilisation récurrente du “nous”, cette démarche reste intime, d’où le tutoiement utilisé et voulu. Les disciples demandent à Jésus de leur apprendre à prier après l’avoir observé tant de fois se mettre à l’écart, pour s’adresser à voix basse ou en silence à son Père. Alors qu’il était d’usage de prier dans les temples et les synagogues.

Demander : serait-ce l’essentiel ?

Le Notre Père est-il une prière de demande ? Si oui, comment doit-on le comprendre ? Que demander si sa volonté est d’abord désirée et prioritaire sur la nôtre ?

L’auteur explicite la volonté de Dieu à partir de sa racine hébraïque qui exprime aussi le désir : “Ratson”. Cette même racine donne aussi le mot “courir”. “En hébreu, la volonté, le désir, le projet, est ce qui fait courir, ce qui met résolument en mouvement vers ce qu’on veut atteindre”, écrit Jocelyn Dorvault. D’un autre côté, la racine grecque “geneteto” du mot “volonté” exprime davantage le fait d’engendrer, de créer, de fabriquer. Cette double mise en perspective permet de s’éloigner aisément d’une volonté écrasante, déjà écrite, pour se rapprocher de la coopération à laquelle Dieu nous invite pour que “sa volonté soit faite”. Tout n’est pas voulu par lui dans le monde puisque son désir est qu’aucun de ses enfants ne soit perdu, il offre la liberté à l’humanité afin qu’elle se développe également par elle-même.

Ensuite, la demande est très présente dans le Notre Père : “Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour, pardonne-nous nos offenses, (…) ne nous laisse pas entrer en tentation”. Ces demandes résument les besoins fondamentaux des hommes et sont bien souvent liées à la responsabilité, spirituelle mais aussi pleinement humaine.

Notre Père (pour ne plus rabâcher), de Jocelyn Dorvault, aux Éditions du Cerf, 176 p., 14 euros. 


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