Victimes de la violence, ex-guérilleros, militaires… Tous se sont levés pour applaudir et saluer la dignité de Pastora Mira García, une femme qui a su pardonner aux bourreaux de son père, de son mari et de ses enfants, assassinés par la guérilla.
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Jamais un témoignage n’avait soulevé pareille ovation de la part d’une assemblée lors d’une rencontre avec le Pape. Pastora Mira García a accordé le pardon aux assassins de son père, de son mari, de son fils et de sa fille, durant la guerre civile. Elle l’a racontée avec une grande dignité durant la grande célébration de la réconciliation nationale voulue par le pape François lors de son voyage apostolique, le 8 septembre, à Villavicencio. Dans la foule, estimée à plus de 6000 personnes, des milliers de victimes, militaires, ex-guérilleros, ont été touchés par la profondeur des paroles de celle qui a été capable de “pardonner l’impardonnable”, comme l’a souligné le Pape.
“Merci Pastora”
La vie de Pastora Mira Garcia a été brisée quatre fois par la violence des conflits : tout d’abord son père a été assassiné par la guérilla, lorsqu’elle était enfant. Puis son mari. Puis sa fille Sandra Paola enlevée et dont a retrouvé le cadavre sept ans plus tard. Et enfin son fils, Jorge Anibal, assassiné à son tour par la même guérilla après avoir été torturé. Pendant la cérémonie, parmi d’autres témoins — dont une victime et deux repentis — elle a déposé une bougie et la chemise que sa fille assassinée avait offert à son petit frère, au pied du Christ de Bojaya où, le 2 mai 2002, des dizaines de personnes réfugiées dans l’église du diocèse de Quibdo furent assassinées : un crucifix “mutilé et blessé”, devenu symbole de réconciliation et de pardon.
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“Merci Pastora, a déclaré le Pape. Quel grand bien tu nous fais à tous, aujourd’hui, par le témoignage de ta vie ! C’est le crucifié de Bojaya qui t’a donné cette force de pardonner et d’aimer, et pour t’aider à voir, en la chemise que ta fille Sandra Paola avait offerte à ton fils Jorge Anibal, non seulement le souvenir de leur mort, mais aussi l’espérance que la paix triomphe définitivement en Colombie”. Ce crucifix n’a plus de bras et n’a plus de corps, mais il a encore “son visage qui nous regarde et qui nous aime”, a-t-il commenté, il “nous montre qu’il est venu pour souffrir pour son peuple et avec son peuple et nous apprendre que la haine n’a pas le dernier mot, que l’amour est plus fort que la mort et la violence”.
Colombia puede ser un país en paz y más solidario : Pastora Mira García, víctima del conflicto #ElPapaEnColombia pic.twitter.com/W95waO1g5c
— Noticias Caracol (@NoticiasCaracol) 8 septembre 2017
Pastora Mira García vivió la mayor parte de su vida siendo víctima del conflicto, hoy quiere que se rompa el ciclo de violencia pic.twitter.com/pBqoObLoFt
— El Papa en Colombia (@elpapacol) 8 septembre 2017
La réconciliation à la portée de tous
Et le Pape de terminer la cérémonie par un appel à tous les Colombiens : “Chers Colombiens, n’ayez pas peur de demander ni d’offrir le pardon. Ne résistez pas à la réconciliation pour vous rapprocher, pour vous rencontrer comme des frères et dépasser les inimitiés (…) l’heure est venue de panser les blessures, de construire des ponts, d’aplanir les différences, de désactiver les haines, de renoncer aux vengeances (…) Puissions-nous vivre en harmonie et dans la fraternité, comme désire le Seigneur ». Et si on n’arrive pas à pardonner il faut laisser Dieu agir en soi, « lui ouvrir les portes… le laisser entrer » car, a-t-il rappelé devant d’autres victimes venues se rassembler devant la nonciature à son retour à Bogota pour la nuit, « Dieu pardonne en moi… fait que je pardonne… Il suffit de le laisser faire”.