Les patriarches et chefs des Églises chrétiennes de Jérusalem tirent la sonnette d’alarme contre des atteintes systématiques au Statu quo qui régit les lieux saints. Ils craignent des effets négatifs sur toute la présence chrétienne dans la région.
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Les patriarches et chefs des Églises chrétiennes de Jérusalem ne laisseront personne “saper” la communauté chrétienne en portant atteinte aux lois et règlements qui ordonnent sa vie depuis des siècles en Terre sainte. Ils l’ont clamé haut et fort en juillet dernier et le redisent dans un nouveau message commun publié le 4 septembre sur le site du Patriarcat latin, plus”résolus et unis” que jamais dans leur détermination à protéger l’accès de Jérusalem et des lieux saints à tous, “sans distinction ni discrimination”.
Pour une “paix juste et durable” dans l’ensemble de la région, ils appellent les chrétiens du monde entier, ainsi que les chefs de gouvernement et toutes les personnes de bonne volonté, à les soutenir dans leur action visant à s’assurer “qu’aucune autre tentative ne soit faite de n’importe quelle part que ce soit pour changer les dispositions et l’esprit de ce Statu quo historique”.
Si le 19 juillet dernier les Églises de Jérusalem faisaient état d’une nouvelle spirale de tension et de violences autour de l’esplanade des mosquées et mettaient en garde contre “les graves et imprévisibles” conséquences d’un tel climat de tension religieuse, aujourd’hui ils n’hésitent pas à parler de “tentative systématique” visant “à miner l’intégrité de la Ville sainte et à affaiblir la présence chrétienne en Terre sainte”. Parmi les signataires du document figurent le patriarche grec orthodoxe de Jérusalem, Théophile III, l’administrateur apostolique du Patriarcat latin de Jérusalem, Mgr Pierbattista Pizzaballa, et le père Francesco Patton OFM, Custode de Terre sainte.
Acquisitions frauduleuses
La préoccupation des Églises est montée d’un cran suite à la décision de la Cour israélienne, en août dernier — après un long contentieux — de rejeter les initiatives légales par lesquelles le Patriarcat grec orthodoxe de Jérusalem avait tenté de faire reconnaître comme “illégales” et “non autorisées” l’acquisition de certaines de ses propriétés par l’organisation ultra-nationaliste juive Ateret Cohanim, œuvrant pour l’occupation juive à Jérusalem-Est. Une affaire à laquelle s’est ajoutée récemment une proposition de loi sur la gestion des propriétés présentée au Parlement israélien, dénoncée par les communautés chrétiennes de Jérusalem comme “politiquement orientée”. Cette décision de justice “a dépassé toutes les limites et ne peut être expliquée que par des motifs politiques”, s’était alors indigné le patriarche orthodoxe Théophile III. Selon lui, de telles acquisitions faites dans des circonstances “frauduleuses” frappent le cœur du quartier chrétien de la Vieille ville, mais pourrait bien avoir “des effets négatifs” sur toute la présence chrétienne en Terre sainte.
Unis et résolus plus que jamais
Dans leur deuxième message, rapporte l’agence Fides, les religieux réaffirment le caractère “injuste” du verdict rendu dans l’affaire des biens immobiliers de la porte de Jaffa contre le Patriarcat orthodoxe, et redisent leur opposition “à tout projet de loi de la Knesset politiquement motivé qui restreindrait les droits des Églises sur [leur] propriété”. Ils soulignent avec force l’importance d’une présence chrétienne “vivante et dynamique” dans une société diversifiée comme en Terre sainte, où, estiment-ils, “les menaces sur la communauté chrétienne ne peuvent qu’accroître les inquiétantes tensions qui ont émergé dans ces périodes troublées”. Fidèles à leur mission de gardiens, ils n’entendent pas baisser les bras : “Nous n’insisterons jamais assez sur la situation très grave que ces récentes attaques systématiques sur le Statu quo ont eu sur l’intégrité de Jérusalem et sur le bien-être des communautés chrétiennes de Terre sainte, ainsi que sur la stabilité de notre société (…). Nous, les Chefs des Églises de Jérusalem, restons résolument unis pour travailler pour la réconciliation et pour une paix juste et durable dans notre région”, promettent-ils, et “nous demandons les bénédictions de Dieu sur tous les peuples de notre bien-aimée Terre sainte”.