L’état de la cathédrale de Paris nécessite de très lourds travaux dans les prochaines années que ni l’État ni le diocèse ne peut financer. Une association s’est récemment constituée afin d’attirer les dons de riches Américains.Constituée fin 2016 et agrée par l’IRS, le fisc américain, Friends of Notre Dame envisage de récolter les quelques 100 millions d’euros (120 millions de dollars) nécessaires à la restauration de l’emblématique édifice et ainsi empêcher ses gargouilles et ses arcs-boutants de s’effondrer. « Si nous ne faisons pas ces travaux de restauration, nous risquerons de voir des parties de la structure extérieure commencer à tomber. C’est un risque très grave », prévient à Reuters Michel Picaud, président de l’association Friends of Notre-Dame.
Monument parisien le plus visité, Notre-Dame attire chaque année entre 12 et 14 millions de personnes. L’État, propriétaire du bâtiment, dépense 2 millions d’euros par an pour son entretien. Mais cette somme est insuffisante pour répondre aux besoins. Jugez plutôt. La dernière vraie rénovation de la cathédrale date du XIXe siècle. Supervisée par Eugène Viollet-le-Duc, celle-ci n’a pas toujours été menée correctement. André Finot, en charge de la communication du sanctuaire, va jusqu’à se demander si les restaurateurs « ne se sont pas fait un peu voler sur la qualité du matériau parce qu’on sait qu‘à certains endroits deux pierres ont été changées en même temps et qu’une n’a pas bougé et est toujours aussi propre, aussi pure, alors que l’autre est en fait dans un état de dégradation très avancé. »
Notre-Dame de Paris, populaire outre-Atlantique
Quoi qu’il en soit, les travaux à venir vont nécessiter des sommes considérables, que n’a pas à sa disposition le diocèse de Paris. C’est la raison pour laquelle Notre-Dame a décidé de se tourner vers le mécénat et plus particulièrement aux États-Unis. « Les Américains possèdent une culture du don que nous n’avons pas en France. Ils ont l’habitude de donner en quantité pour préserver leur patrimoine », explique André Finot, qui espère trouver de l’autre côté de l’Atlantique « des Rockefeller ».
De plus, les Américains auraient « une certaine fascination pour Notre-Dame ». D’une part parce que « les États-Unis étant un pays jeune, il ne possède pas de cathédrale de ce type ». Et d’autre part parce que « la popularité de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo a été entretenue par Le bossu de Notre-Dame produit par Walt Disney sorti en salle en 1996. Mais avant cela, le film franco-italien Notre-Dame de Paris, réalisé par Jean Delannoy en 1956 avait déjà rencontré de succès outre-Atlantique. Sans oublier que « la comédie musicale montée dans les années 1950 est la pièce la plus vue à Broadway », renchérit André Finot.
La campagne n’en est pour l’instant qu’à ses balbutiements. Il s’agit « d’une opération de longue haleine, qui doit s’étaler sur 20 ou 30 ans » selon André Finot. D’ores et déjà, le 7 novembre prochain, Friends of Notre Dame organisera une projection devant la cathédrale, suivi d’un dîner avec des mécènes. Un voyage aux États-Unis en avril est également en projet.