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Hugues Géraud, l’évêque sorcier qui voulait empoisonner le Pape

HUGUES GERAUD

Hugues Géraud brûlé à Avignon.

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Angélique Provost - publié le 30/08/17
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Il y a 700 aujourd’hui, l’évêque Hugues Géraud fut condamné à mort pour envoûtement et tentative de meurtre envers le Saint-Père : retour sur cet étrange procès.

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Les intrigues d’empoisonnement et de rivalités n’ont pas attendu les cours de la renaissance pour s’immiscer dans les vies des hauts dignitaires de France. En 1317, un évêque, d’apparence sans histoire, responsable du diocèse de Cahors, se voit percé à jour : l’Église découvre de sombres histoires de malversations et de simonie. Craignant pour sa situation, l’accusé Hugues Géraud envoie son confrère et ami, le prêtre Pierre de Salelle, à Montpellier chez un apothicaire, pour préparer des poisons destinés au Pape d’Avignon, Jean XXII. Le décès précipité du Pape, pensait-il, lui permettrait d’échapper à une condamnation funeste.

Il choisit donc ses armes : le poison, et l’envoûtement. L’envoûtement, à cette époque, consistait à fabriquer avec de la cire une statuette à l’effigie de la personne visée (une sorte de vaudou), sur laquelle on lançait ensuite une malédiction liant la victime à sa représentation : que l’on transperce à la main la statuette, et aussitôt son pauvre modèle y souffrait terriblement.

Seulement voilà : en mars 1317, dans une auberge d’Avignon, la police pontificale arrête deux Toulousains. Un sac de toile est découvert parmi leurs bagages. Il contient trois pains. Dans chacun de ces pains, une statuette de cire et outes les trois contiennent un bout de parchemin. Une prière sacrilège (en latin) : “Que meure le pape Jean et nul autre”, et les autres pour deux de ses principaux cardinaux.

Hugues Géraud regrette amèrement son manque de discrétion qui le mène à la prison à perpétuité. Le procès se prolonge néanmoins jusqu’au mois de juillet, où l’accusé, épuisé, craque et avoue tous ses méfaits. Le chanoine Albe en fait un récit truculent :

« Ils allèrent d’abord rue des carmes acheter de la cire à une veuve qui en faisait commerce et portèrent cette cire chez un juif baptisé du nom de Bertrand Jourdain. Il leur promit de leur faire trois images à la ressemblance du pape et des deux cardinaux. Trois jours après ils revinrent prendre les statuettes que Jourdain coula devant eux dans les moules préparés à l’avance. (…) D’abord ils se procurèrent hors ville des crapauds, des lézards, des queues de rats, des araignées, etc et portèrent le tout chez un apoticaire dont la boutique se trouvait dans la rue de la chapelle d’Hugolin qui s’appelait Me Durand Laurent ; ils lui dirent de bruler le tout et de le réduire en poudre ; puis ils donnèrent la liste des drogues. Il y avait de l’arsenic, une liqueur blanche et épaisse, où de l’arsenic était mêlé a du fiel de porc, du vif argent etc Le lendemain, le même Prudhomme s’en va avec Guillaume d’Aubin au lieu la Salade où se trouvaient les fourches patibulaires. Guillaume appuie une échelle au gibet, et Prudhomme monte couper le clair de la jambe d’un pendu auquel il enlève aussi des cheveux et des ongles. Ils ajoutent à leur funèbre récolte de la corde de pendu ramassée par terre et la queue d’un chien mort trouvé en revenant. »

Malgré tout, le Pape interroge, lui-même, le condamné, cherchant une once de regret qui lui mériterait quelque pardon : peine perdu, d’autant que l’un des cardinaux visé par la sorcellerie décède mystérieusement au cours du procès. Le Saint-Père ne peut plus rien, et, soucieux d’assoir son autorité lors de la première année de son pontificat, il condamne le traître au bûcher le 30 août 1317.

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