Plusieurs prêtres ont publié sur le réseau social des messages très inquiétants sur la situation difficile de leur pays en proie à des violences croissantes.
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Tandis que les violences s’intensifient en République centrafricaine, les prêtres catholiques, dont les villages ont été attaquées, ont faire part de leur indignation et ont appelé à l’aide sur Facebook, comme le rapporte le site Cruxnow. Ces violences sont principalement le fruit d’une opposition entre la Seleka, coalition de partis rebelles dominés par les musulmans, qui s’est emparée du pouvoir en 2013, et une milice majoritairement chrétienne, anti-Balaka. L’un des prêtres, le père Jean-Alain Zembi, recteur de Zemio, à la frontière avec le Congo, a accusé les soldats de la paix de l’ONU d’abandonner délibérément sa ville et de laisser les paroissiens être assassinés par des rebelles.
« Vous avez été averti, mais vous avez délibérément décidé d’abandonner cette ville. (…) Cette communauté est sacrifiée, et je vous tiendrai responsable de tous ces morts et je me préparerai à mourir », a-t-il affirmé. Dans un message publié sur Facebook le 20 août dernier, le prêtre a déclaré qu’au moins 30 citadins avaient été tués lorsque des groupes armés ont attaqué le quartier général de la police et l’hôpital, incendiant des maisons et volé des objets de valeur. Selon lui, les troupes marocaines de la mission militaire soutenue par l’ONU, MINUSCA avaient d’abord tenté de protéger les civils locaux avant de laisser « les femmes et les enfants innocents (…) à leur triste sort ». Dans le même temps, le père Desire Kpagou a expliqué que les agresseurs portaient des turbans et ne parlaient ni le français ni la langue locale, le sango, suggérant ainsi qu’ils venaient du Soudan voisin. Toujours sur le réseau social, il a interpelé l’ONU : « Si vous ne parvenez pas à désarmer ces personnes, nous serons contraints d’organiser des confessions et une dernière messe et un viatique » — la communion et l’onction qui doivent accompagner le passage du croyant de sa vie terrestre à la vie éternelle — « et préparez-vous au pire ».
Les organisations d’aide et les Nations unies ont signalé une aggravation de la violence en 2017 en République centrafricaine, l’un des pays les plus pauvres du monde. Dans une déclaration du 19 août, les responsables de l’ONU ont annoncé un nouveau programme humanitaire, après que des dizaines de civils soient morts dans des attaques dans quatre villes. Un peu avant, le 7 août, Stephen O’Brien, sous-secrétaire général de l’ONU pour les affaires humanitaires, affirmait déceler dans le pays des « signes avant-coureurs de génocide ». Le 21 août dernier, Le Monde affirme sur son site que 80% du pays est sous le contrôle des gangs armés, y compris « une myriade de milices locales et de mercenaires des États voisins ».
Le père Zembi a expliqué à l’AFP, le 10 août, que sa ville, située à un peu plus de 1 000 kilomètres de la capitale Bangui, a été « incendiée » le 28 juin dernier, après que des gangs armés l’ont détruit, coupant des lignes téléphoniques et obligeant la moitié des 50 000 habitants de Zemio à fuir. Le prêtre a ajouté que des corps ont été laissés dans la rue à l’extérieur de son presbytère, alors que les aliments, pendant que les organisations humanitaires s’étaient retirées et que les forces de la MINUSCA force de 12 870 personnes, déployée dans le cadre d’une résolution de l’ONU de 2014 et chargée de « faciliter l’assistance humanitaire », ne pouvaient intervenir à cause de closes dans leur contrat.
Les catholiques représentent un tiers des 4,5 millions d’habitants de la République centrafricaine. Le président Faustin-Archange Touadera a pris ses fonctions en mars 2016 en s’engageant à reconstruire et à stabiliser le pays.