À l’heure des jeux en ligne hyper sophistiqués, des séjours à thème, des stages linguistiques et autres offres pour la jeunesse, comment expliquer que pour des centaines de milliers de jeunes scouts en France, rien ne vaut une sortie sous le crachin breton ? De milieux aisés ou non, hyper actifs, précoces, cancres, rêveurs ou sportifs accomplis, ce qui unit les scouts est un sens bien ancré du réel et une école de vie aux vertus uniques.
Tout parent hésitant à inscrire son enfant aux scouts devrait être présent à la descente des cars les ramenant de leur camp d’été dans un coin perdu de l’Hexagone. Jambes griffées, bras hâlés, leurs visages sont rayonnants à la suite de leurs aventures, qu’elles aient eu lieu sous le crachin normand ou la fournaise du Sud de la France.
Ils ont même grandi, jureraient leurs mères attendries qu’ils ne sont pas si pressés de revoir tant le camp était “trop bien !”. S’ils n’ont pas forcément pris des centimètres en quelques jours, les cinq buts du scoutisme font d’eux tout de même des hommes debout.
Le scoutisme : une proposition pour chaque âge
Fondé par lord Baden-Powell en 1907, le scoutisme n’a pas pris une ride, tout en s’adaptant aux nouveaux défis du XXIe siècle, et sa branche féminine n’a rien à envier aux garçons. Du côté des jeannettes ou louvettes (filles de 8 à 12 ans) puis des guides (12 à 16 ans) et guides-aînées ( 17 à 22 ans), c’est aussi une expérience unique, un des rares lieux où un jeune est confronté à la vraie vie, à la nature. On peut devenir scout dès huit ans, et y trouver une proposition jusqu’à 18 ans, l’âge des “aînés” auquel est proposé un scoutisme qui les prépare à une vie de jeunes adultes libres.
Si de 8 à 12 ans, l’accent est mis sur le jeu et l’imaginaire, avec des sorties en journée et un camp d’été d’une semaine, les plus grands (12/16 ans) vivent l’aventure. Une aventure qui se prépare, encadrée, sécurisée, mais qui, grâce à l’aide de dame nature, leur permet de vivre des week-ends avec des grands jeux à thème, un camp de quelques jours à Pâques et un grand camp d’été, aboutissement de l’année.
Pendant 2 à 3 semaines, ils seront en charge de construire leur campement, se faire à manger, explorer la région, animer olympiades et grandes veillées. Le tout sans Google, smartphone, bière ou cigarette, même pour ceux qui ne pensent pas pouvoir s’en passer le reste de l’année. Et sans maman qui rapporte les affaires oubliées, livreur de pizzas pour pallier la flemme de faire le dîner, ou encore écran pour occuper une soirée oisive… Quelques semaines durant lesquelles -fait unique pour de jeunes adolescents- ils auront la responsabilité de leurs actes, la récompense de leurs efforts et les conséquences de leur imprévoyance !
Choisir le bon mouvement scout
Marion a trois enfants, chacun dans un mouvement scout différent. Pour elle, ce ne fut pas un choix facile, mais son fils rêvait de scouts marins, tandis que la cadette ne survit que sur le plancher des vaches et que son aîné voulait absolument un groupe mixte. Un choix qu’elle ne conseille pas vraiment, avec du recul. “C’est plus facile de s’intégrer et de connaître les chefs quand tous les enfants sont dans le même groupe, pour ça il faut s’y prendre bien à l’avance, il y a parfois une liste d’attente de un an avant d’avoir la place”.
Plus que les principes pédagogiques, ce qui différencie un mouvement scout d’un autre, c’est “la maîtrise“, c’est-à-dire le groupe de 4 à 6 chefs qui encadrent les jeunes. “Si l’on devait schématiser, dit le père Emmanuel, on pourrait dire que les Scouts de France font de bons évangélisateurs, les Scouts d’Europe de bons prêtres et les Scouts Unitaires de France de bons pères de famille nombreuse”. Une boutade mais pas seulement, tant la proportion d’anciens scouts est forte chez les consacrés, religieux et religieuses. Si l’on peut penser qu’il est important que son enfant y retrouve des copains, ce n’est pas vraiment utile : les scouts fonctionnent en petites unités de 6 à 8 jeunes, ce qui permet de s’intégrer facilement même pour les plus timides.
Faire des activités scoutes une priorité
Inscrire son enfant aux scouts, c’est aussi s’engager à ce qu’il participe à chaque sortie. Parfois, choisir tout simplement le groupe qui est près de chez soi facilite une participation régulière des jeunes aux activités proposées tout au long de l’année. Julien, grand chasseur devant l’éternel, en sait quelque chose : “les pionniers passent avant la chasse, et c’est un vrai effort pour moi de sacrifier un week-end à la campagne pour y conduire Marc”. Un engagement demandé par le mouvement, parce que la fidélité à l’engagement est un socle pédagogique, et que l’absent décourage tant les chefs que les enfants qui font le choix, et parfois l’effort de venir. Le père de Montardy le dit aux jeunes qui renâclent à rater une soirée dansante pour aller camper en plein mois de janvier “un des plus beaux cadeaux que mes parents m’ont fait, c’est de ne jamais me laisser rater une sortie scoute”.
L’école du réel avec les scouts
Plutôt choyé chez lui, Maxime a trouvé, à 15 ans, “dur d’allumer pendant des heures un feu sous la pluie pour manger des pâtes collantes pendant que mes potes de lycée se font livrer des pizzas”, sans parler des pieds trempés et des nuits très fraîches. C’est le même qui dira, quelques années plus tard, en week-end d’intégration d’école d’ingénieur : “on reconnaît tout de suite des anciens scouts”. Entendez par là que les fameux feux de bois auront forgé dans ces jeunes, sans qu’ils le réalisent, un sens de la débrouillardise, du partage, du bien commun, du service comme une évidence. Un objectif résumé dans les 5 buts revendiqués par les mouvements : le sens de Dieu, le sens du concret, le don de soi, la santé et le développement physique, la formation du caractère. Cinq buts qui s’appuient sur la famille du jeune, et le tempérament de chacun que les chefs cherchent à bonifier en développant ses talents. Suivant les mouvements, les jeunes peuvent ainsi être valorisés sur une compétence mise au service des autres par des badges ou brevets, de la topographie à la cuisine en passant par la liturgie ou les premiers secours.
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La promesse scoute, engagement de toute une vie
Comme on peut le lire sur l’un des nombreux blogs scouts : “les progrès spectaculaires du confort peuvent avoir pour effet d’affaiblir le caractère. Appuyer sur des boutons ne forme pas la volonté. Par les exigences de la nature, le scoutisme développe les qualités nécessaires à la construction d’une personnalité solide : le courage, la volonté, la persévérance, le dépassement de soi… Il conduit chaque enfant à prendre confiance en lui, à faire preuve de discernement, développer son jugement et son sens critique”.
Une autre autorité que les parents
Les scouts, c’est un relais qui a séduit Caroline, maman solo de deux garçons : “j’ai tendance à crier ou céder, au moins aux scouts ils ont un chef auquel ils ont promis d’obéir et qui leur apprend à respecter l’autorité. J’aime aussi les week-ends de rentrée avec les pique-nique de famille, c’est ce qui m’a permis de faire connaissance avec des familles du coin, alors qu’à cause de mon travail j’ai très peu de relations”. Luc a un enfant précoce, hyper actif, qui a très peu confiance en lui. Il ne sait plus à quel pédopsychiatre se vouer. C’est sur un blog qu’un parent lui conseille les scouts pour son fils, à sa grande surprise. Loin de toute compétition scolaire, dans un cadre où il a pu être lui-même, en pleine nature, Théobald a peu à peu retrouvé confiance en lui et joie de vivre, et a mis son intelligence exceptionnelle au service des louveteaux, en identifiant chaque insecte trouvé lors des sorties. Sans parler des dimanches de calme à la maison, le scoutisme a permis de poser un autre regard sur un enfant trop identifié à ses problèmes scolaires.
Esprit d’équipe, respect d’autrui, valeur chrétienne… Les camps scouts sont le parfait endroit où envoyer ses enfants passer l’été, tout en ayant l’esprit tranquille. Choyé dans le cocon familiale, les scouts feront de votre enfant un débrouillard, capable de s’adapter à toutes les situations.