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Le signal d’alarme des cent jours d’Emmanuel Macron

EMMNUEL MACRON

Emmanuel Macron en vacances à Marseille, août 2017.

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Philippe Oswald - publié le 18/08/17
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Survenu le 15 août, le centième jour de présidence d’Emmanuel Macron est l’occasion pour les médias de dresser un premier bilan sans concession de son action.

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Élu le 7 mai à la présidence de la République, Emmanuel Macron a fêté, mardi 15 août, ses cent premiers jours à la tête de la France. Le président n’a pas saisi la coïncidence entre cet anniversaire et la fête de l’Assomption pour délivrer un message de sympathie aux catholiques durement éprouvés en France et dans le monde. En revanche, en vacances à Marseille avec son épouse, il s’est montré en différentes tenues, en joggeur ou en footballeur au centre d’entraînement de l’Olympic de Marseille, comme le montre les photos dont la chaîne LCI revendique l’exclusivité. Celle-ci assure que « le chef de l’État et la première dame souhaitent rester discrets. » Ainsi s’expliquerait la plainte pour « harcèlement » et « tentative d’atteinte à la vie privée » déposée par Emmanuel Macron contre un photographe de presse. Lequel, après avoir subi six heures de garde à vue, conteste ces accusations dans un entretien à BFMTV.

Un bulletin trimestriel à l’encre rouge

Les sondages et les commentaires des médias sur ces cent jours ne sont pas de nature à réconcilier le président de la République avec le « quatrième pouvoir ». « La presse tire un bilan du premier trimestre présidentiel. Et sur le bulletin de l’élève Macron, les appréciations sont écrites à l’encre rouge ! » relève Le Point : « Car après la macromania et une élection aux allures de triomphe, le président décroche dans les sondages à une vitesse accélérée. » « L’homme providentiel est un homme comme les autres » constate Olivier Auguste dans L’Opinion. « Emmanuel Macron n’a rien fait, depuis le début de son mandat, pour décourager ce penchant à la personnification du pouvoir (ceci est une litote). Mise en scène grandiose et solitaire de sa victoire le 7 mai, prise de parole solennelle à Versailles, silence imposé à ses collaborateurs, prise de décision hypercentralisée, mise à l’écart du seul vrai poids lourd de la majorité, François Bayrou, acte d’autorité cinglant envers les armées, affichage d’une relation d’égal à égal avec le président américain (…) chacun de ces actes a contribué à renforcer l’idée que le Président concentrait entre ses seules mains les leviers du redressement du pays. » Privé de fusible, il reçoit en boomerang le désamour des Français.
« Trois mois après son élection, Emmanuel Macron accuse une chute de popularité quasi-inédite sous la Ve République » confirme RTL. « Les derniers chiffres, portant sur Emmanuel Macron et François Hollande, de l’enquête Ifop pour Le Figaro (11 août) combinés aux résultats du même institut du mois de juillet pour le JDD (du 23 juillet sur tous les présidents de la Ve) esquissent une situation inquiétante pour le nouveau locataire de l’Élysée. (…) -10 points entre juin et juillet et -8 points de juillet à août. À l’issue des 100 jours, Emmanuel Macron ne réunit maintenant plus que 36 % d’opinions favorables et se situe 10 points sous François Hollande (46 %)… » De quoi appréhender les deux grandes échéances d’une rentrée sous haute tension : le vote du budget et les mobilisations contre la réforme du Code du Travail par ordonnance.

Les « affaires » éclipsent les « mesures phares »

« Malgré la trêve politique du mois d’août, les représentants de la majorité montent au créneau pour tirer un bilan positif des 100 premiers jours du quinquennat, alors que les sondages sont en berne. » rapporte Le Figaro. « Au premier rang (…) on trouve ce lundi (14 août) Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, (…) sur Facebook. Le secrétaire d’État en charge des relations avec le parlement tient à saluer “cent jours, reconnaissons-le, qui n’ont pas été exempts de difficultés” mais “cent jours d’action qui ont permis de jeter les bases d’une transformation profonde de notre pays”. Certes, commente Le Monde, « depuis le 7 mai, M. Macron a notamment vu le Parlement adopter deux mesures phares de son programme : le texte autorisant le gouvernement à modifier le code du travail par ordonnances et la loi sur la moralisation de la vie politique. Mais le chef de l’État a également dû faire face aux affaires judiciaires qui ont provoqué le départ du gouvernement de François Bayrou [suivi de Marielle de Sarnez et de Sylvie Goulard] ou de Richard Ferrand. (…)Le début de quinquennat a aussi été empoisonné par l’affaire concernant la ministre du travail, Muriel Pénicaud », qui a donné lieu à l’ouverture d’une information judiciaire pour « favoritisme et recel de favoritisme » le 7 juillet, alors que Muriel Pénicaud conduit le chantier de la réforme du code du travail, réforme phare du programme de Macron. Autre grande crise des premières semaines de ce quinquennat : la démission, le 19 juillet, du chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers. « Un fait sans précédent depuis 1958 qui couvait depuis plusieurs jours sur fond de désaccords avec M. Macron au sujet des nouvelles coupes budgétaires décidées par l’exécutif dans le budget de l’armée. »

Un président sans paratonnerre

« Emmanuel Macron sera-t-il le plus mauvais DRH de la Ve République ? » persifle Marianne. « Surdoué de la politique, phénomène de la guérilla d’antichambre, le Président n’excelle pas, pour l’heure, dans l’art des nominations. (…) depuis son installation à l’Elysée, toutes les nominations les plus importantes du Président se sont soldées par un fiasco, ou presque. (…)En moins de cent jours, pas moins de cinq de ses ministres se sont retrouvés dans le viseur de la justice. » Les ministres issus de la société civile peinent à exister : « Qui connaît le nom et le visage de la ministre de la Défense, de la Justice, de la Santé ou de la Culture ? (…) on a parfois l’impression que Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement, occupe l’ensemble des maroquins. » Quant au Premier ministre Edouard Philippe, poursuit Marianne, ses messages « n’impriment pas vraiment (…) Sa légitimité politique est particulièrement faible. Il n’a pas fait la campagne présidentielle du chef de l’État — ce qui est totalement inédit — et ne peut donc se prévaloir d’incarner profondément l’idéologie macroniste. Il n’est pas non plus membre de LREM et ne peut se poser en leader naturel de la majorité. Surtout, Edouard Philippe n’a jamais été une personnalité politique de premier plan. (…) Ces limites l’empêchent de faire figure de paratonnerre entre le peuple et le Président… ».

Le plus dur est à venir…

« Voilà donc le manager de la start-up nation sèchement et justement rappelé au réel, avec ces premiers résultats trimestriels décevants » conclut Libération. Mais ajoute Libé, « Macron et ses marcheurs ne sont pas encore entrés dans le dur. (…) C’est bien aux résultats concrets de la réforme du code du travail censée, in fine, créer de l’investissement et des emplois, ainsi qu’à sa capacité d’entraîner une relance dans la zone euro, que le nouveau chef de l’État sera jugé. Comme l’est Angela Merkel. En piste pour un quatrième mandat, la chancelière allemande domine largement son rival social-démocrate. En juin, l’Allemagne a dégagé un excédent de 21,2 milliards d’euros, selon l’institut statistique Destatis. Sur le même mois, la France a connu un déficit de 4,7 milliards d’euros…».

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