Le pape François a adressé ses condoléances aux familles touchées par une attaque lancée ce dimanche 6 août, liée, semble-t-il, au trafic de drogue en forte progression dans la région.Au moins douze personnes ont été tuées, et une vingtaine d’autres blessées, dimanche lors d’une attaque lancée dimanche en l’église Saint-Philippe d’Ozubulu, dans l’État d’Anambra, au sud-est du Nigeria. L’attaque, selon la police, a été perpétrée par un seul homme vêtu de noir et la tête couverte d’une casquette, qui est entré dans l’église et s’est mis à tirer à l’arme lourde sur l’assemblée avant de prendre la fuite. Le pape François,”profondément attristé” par la nouvelle de l’attaque, a présenté “ses sincères condoléances” à Mgr Hilary Paul Odili Okeke, évêque de Nnewi, “ainsi qu’à tous les fidèles du diocèse, en particulier aux familles des défunts et à tous ceux qui sont affectés par cette tragédie”, dans un télégramme signé par le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin.
“Nous ignorons les raisons de cette action inhumaine, et trouvons inimaginable que l’on puisse faire cela à des personnes innocentes qui se retrouvent à l’église à 6h00 du matin pour prier”, a réagi de son côté Mgr Ignatius Kaigama, archevêque de Jos et président de la conférence épiscopale Nigériane, sur les antennes de Radio Vatican. Au Nigeria, “nous avons vécu tant de problèmes et ne voulons pas que la tension monte”, a-t-il ajouté. Il espère que cet épisode restera “un acte isolé”.
Un ou plusieurs assaillants ?
Selon une reconstruction des faits par l’agence Fides, à partir de sources de l’Église locale, l’objectif du meurtrier était d’assassiner “un important trafiquant de drogue, Aloysius Ikegwuonu, qui a gagné d’énormes sommes d’argent en Afrique du Sud, et était revenu dans son pays d’origine, investissant une part importante de sa fortune dans la construction d’œuvres publiques telles que routes etc. dont l’église dans laquelle a eu lieu le massacre”. D’anciens complices qui l’accusaient de leur avoir dérobé la majeure partie des recettes de la vente de drogue, auraient voulu se venger, engageant alors une personne pour le tuer. Le trafiquant, qui “se comporte comme un bienfaiteur de la population locale”, aurait dû se trouver à la messe, parmi les fidèles, mais aurait été averti que le groupe de ses anciens complices avait prévu de l’attaquer, et a donc évité de se présenter à l’église.
Selon des témoignages recueillis par la presse locale, l’homme armé aurait “tiré comme un fou, tuant et blessant plusieurs fidèles”, furieux de n’avoir trouvé sa cible ni chez lui, ni à l’église. Mais les informations restent floues, certains témoins parlent de cinq assaillants, d’autres que le trafiquant était bien dans l’église et a été blessé…
Pour l’heure, les autorités locales écartent la thèse d’une opération jihadiste menée par Boko Haram, très active dans la région. Que l’attaque armée puisse avoir été menée par un seul individu, appuierait effectivement l’éventualité d’un règlement de comptes. D’autant que les attaques d’églises sont rares dans le sud du pays, contrairement au Nord où le groupe a maintes fois ciblé des églises et des mosquées.
Nigéria, plaque-tournante de la drogue
Néanmoins, trafic de drogue, criminalité organisée et terrorisme sont souvent liés. Ces fléaux sont d’ailleurs sources de grandes préoccupations dans la région “devenue malheureusement une plaque tournante pour le trafic de drogue eu égard à sa position géographique et ses faiblesses structurelles faisant d’elle un terreau fertile pour le crime organisé”, dénonçaient encore tout récemment divers experts à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria, lors d’une rencontre, début juillet, de représentants d’organisations de jeunes et de réseaux de journalistes venus des 15 États membres de la CEDEAO se sensibiliser à ces fléaux. “Tout cela est de nature à fragiliser la paix et la stabilité politique des États, car les produits de l’activité criminelle financent le terrorisme qui lui-même se nourrit du trafic illicite des armes et de la criminalité”, ont-ils confirmé.