Accusée d’avoir servi d’intermédiaires entre des parents et des mères porteuses cambodgiennes alors que le pays venait d’interdire la GPA, une Australienne écope d’une peine de prison ferme.
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Tammy Davis-Charles, infirmière australienne, a été condamnée ce jeudi 3 août à 18 mois de prison au Cambodge. Elle a été reconnue coupable d’avoir participé à une clinique spécialisée dans les mères porteuses. Si la femme âgée de 49 ans a toujours nié les faits, expliquant avoir simplement pratiqué des soins aux femmes enceintes, le juge Sor Lina a conclu : « Tammy Davis-Charles était une intermédiaire entre les parents et les mères porteuses cambodgiennes ». Deux mères porteuses sont notamment venues témoigner ce mardi 1er août contre l’infirmière, qui travaillait auparavant dans une clinique spécialisée dans la gestation pour autrui (GPA), quand la pratique était encore légale au Cambodge. Elles ont affirmé avoir reçu 10 000 dollars de l’accusée.
L’infirmière a été arrêtée en novembre 2016 alors que le Cambodge venait d’interdire la GPA. Une mesure prise par le gouvernement afin « de protéger les femmes et les enfants » et d’« éviter qu’ils ne deviennent l’objet de trafic », selon les mots de Phon Puthborey, porte-parole du ministère des Affaires féminines. La pratique est devenue un sérieux problème quand la Thaïlande, pays voisin où plus de cent cliniques dans la GPA s’étaient développées, a décidé d’interdire le recours aux mères porteuses pour les étrangers et à le restreindre très fortement pour les autres. En effet, depuis août 2015, seuls les couples hétérosexuels thaïlandais et mariés depuis plus de trois ans peuvent recourir à une mère porteuse et bénéficier des mêmes droits que les parents biologiques. Des mesures survenues après deux événements majeurs.
Le scandale de “l’usine à bébés”
En août 2014, un couple australien avait choqué le monde entier en abandonnant à sa mère porteuse âgée de 21 ans, Gammy, un petit garçon trisomique, et en emmenant en revanche sa sœur jumelle en bonne santé, Pipah. Quelques semaines plus tard, le pays découvrait le scandale de « l’usine à bébés » : un riche Japonais avait eu recours à des mères porteuses en série. Peu après, l’Inde, leader international de cette pratique, le secteur génère selon différentes estimations entre 450 millions et deux milliards d’euros par an, a demandé à ses cliniques de ne plus prendre de clients étrangers. Le Cambodge a dû faire face à une augmentation très forte du nombre de GPA sur son sol, notamment d’Australiens. Le pays offrait alors des prix très bas, par rapport aux États-Unis notamment, et en l’absence de régulation les cliniques acceptaient les couples homosexuels comme les célibataires.
« C’était une industrie qui a grandi très rapidement dans un pays qui n’était pas préparé à y faire face, notamment en termes de services médicaux », explique en novembre dernier, quand le gouvernement a légiféré dessus l’Australien Sam Everingham, fondateur de Families Through Surrogacy, une association consacrée à la GPA. Pour Chou Bun Eng, à la tête du comité contre la traite des êtres humains au au ministère de l’Intérieur, sans interdiction, « le Cambodge serait devenu une usine à bébés ». « Le Cambodge est pauvre mais nous ne voulons pas d’une réduction de la pauvreté qui passerait par le commerce de la gestation pour autrui » ajoute-t-elle, sans ignorer que de nombreuses Cambodgiennes en ont tiré des revenus considérables.
La nouvelle législation a alors créé un vent de panique. Pourtant, même si elle a reculé, la GPA continue. La condamnation de Tammy Davis-Charles doit probablement servir d’exemple. Mais rien ne prouve que cela abolira du jour au lendemain une industrie qui rapporte gros. Cependant, depuis quelques mois, l’épicentre semble s’être à nouveau déplacé. En avril dernier, un homme qui tentait de faire passer en contrebande des flacons de sperme a été arrêté à la frontière entre la Thaïlande et le Laos, nouveau pays d’Asie où se développe la GPA.