Allumer un cierge dans une église à distance : c’est le service proposé par Santa Causa, une jeune association à but non lucratif qui veut rapprocher par la technologie les églises, les fidèles et les moins croyants.Faire brûler un cierge pour accompagner une prière ou une intention particulière, et déposer sa petite pièce dans un tronc, voilà un acte de piété populaire bien connu des Français. Le faire à plusieurs centaines de kilomètres dans une église qui nous est chère et pouvoir y déposer nos intentions sans y être physiquement, voilà qui l’est nettement moins.
“L’idée m’est venue au moment d’un décès. Je voulais allumer une veilleuse. Nous étions perdus dans la campagne, il n’y avait pas une église ouverte à la ronde, pas un prêtre.”
Peu de temps après, Santa Causa naît, d’après le concept de son président Tanguy Steverlynck et des talents réunis de quatre de ses amis. Tout a été développé en interne, avec “nos petits moyens” précisent-ils.
“Nous sommes aussi anonymes qu’un tronc d’église”
Le principe est simple : sur le site internet, il suffit de choisir son cierge, de le régler par carte bleue, d’écrire (ou pas !) une intention et voilà la demande partie dans une des six églises partenaires de son choix, qui allumera pour le demandeur le cierge ou la veilleuse choisie. La demande de prière reste anonyme. Pas de nom à apposer : “Nous sommes aussi anonymes qu’un tronc d’église !” s’amuse le président.
À Sainte-Anne d’Auray par exemple, c’est Patrice qui reçoit le mail d’intentions chaque soir. “Je les imprime, et tous les matins, j’allume les cierges avant les laudes et dépose les intentions dans le cahier des pèlerins.”
Pour lui qui est bénévole depuis vingt ans au sanctuaire, c’est un service supplémentaire rendu au pèlerin. “Nous avons 500 000 personnes qui passent dans l’année et qui viennent de partout. Avant, il fallait qu’ils nous écrivent pour nous demander une prière ou une neuvaine, qu’ils envoient un chèque… C’était compliqué. Quand je lui ai parlé de Santa Causa, le recteur a tout de suite été d’accord, il m’a donné carte blanche !”
Être un lien entre la prière et l’offrande
Patrice, comme à Rocamadour ou Saint-Pierre du Gros Caillou à Paris, allume lui-même les cierges. Il y a une vraie part d’humain. “J’ai toujours une pensée pour la personne pour qui j’allume la bougie.” dit-il sobrement. “Nous voulons être un vecteur additionnel” explique le président de Santa Causa. “On ne veut pas empêcher les gens de se déplacer, mais permettre à ceux qui ne le peuvent d’accomplir cet acte.”
Le but de Santa Causa est aussi simple que son fonctionnement : être un lien entre la prière et l’offrande. Sans envie de grandeur, les cinq amis refusent l’idée de devenir une start-up ou d’avoir une démarche commerciale. “Notre système est basé sur la confiance. On n’envoie pas de photos prouvant que le cierge a bien été allumé !”.
En un an, six églises ou sanctuaires se sont déjà ralliées à Santa Causa. La première à avoir osé est Rocamadour, à la mi-décembre. Les membres de l’association continuent d’essayer de convaincre. Le bouche à oreille découle de la même confiance. “Et elle met du temps à être nouée”, conclut Tanguy.