separateurCreated with Sketch.

Centrafrique : des musulmans trouvent refuge dans une cathédrale

JEAN-ALAIN ZEMBI
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Sylvain Dorient - publié le 31/07/17
whatsappfacebooktwitter-xemailnative

Dans la ville de Bangassou, 2 000 musulmans ont trouvé refuge dans la cathédrale Saint-Pierre-Claver pour échapper aux affrontements qui secouent le pays.

Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.


Je donne en 3 clics

*don déductible de l’impôt sur le revenu

La ville de Bangassou, au sud-est de la Centrafrique, avait été épargnée par les combats qui ravagent le pays. Mais la milice des anti-balaka, composée de chrétiens et d’animistes, a attaqué les groupes armés musulmans de la région à partir du 13 mai 2017. À présent la ville est criblée de balles et la rue principale a été baptisée “boulevard de la mort”, constate le Catholic Herald Tribune. La majorité des civils ont fui, mais 2 000 musulmans ont trouvé refuge dans la cathédrale Saint-Pierre-Claver, sous la protection du clergé catholique. « Beaucoup d’entre eux sont des femmes et des enfants. Et donc là, ils sont en train d’être étranglés par les anti-balaka qui rôdent tout autour de la ville de Bangassou”, rapporte Mgr Juan José Aguirre Muños, évêque de Bangassou à RFI

“Nous ne pouvons pas sortir”

Sur place, l’abbé Alain-Blaise Bissialo a offert le refuge de la cathédrale à ses compatriotes musulmans. Mais ceux-ci demeurent dans une situation précaire. L’un des captifs, Alidou Djibril, témoigne : “Nous jeûnons, il n’y a plus moyen de se procurer de la nourriture”. L’homme, qui porte toujours les vêtements qu’il avait au moment de l’attaque, assure que les anti-balaka sont partout. Ceux qui se risquent à sortir peuvent être rançonnés ou tout simplement tués. Depuis le mois de mai, 150 personnes auraient été assassinées à Bangassou, selon Antoine Mbao Bogo, président de la branche locale de la Croix Rouge.

La “troisième guerre centrafricaine”, qui débute fin 2013 oppose les milices Selaka, c’est-à-dire “Coalition”, à majorité musulmanes, aux groupes d’auto-défense chrétiens et animistes des anti-balaka, “anti-machette”. La victoire militaire de Michel Djotodia, soutenu par les musulmans, sur François Bozizé, soutenu par les chrétiens, s’est accompagnée d’exactions des milices de sa coalition. Excédés, des villageois chrétiens et animistes se sont organisés en milices d’autodéfenses qui s’en sont, à leur tour, prises à des civils désarmés.

Bangassou, un havre de paix menacé

La ville de Bangassou a failli basculer dans la violence plusieurs fois par le passé. Les autorités étatiques étant dépassées, les notables de la ville, parmi lesquels le père Alain-Blaise Bissialo, se sont organisés pour éviter que le conflit ne s’étende jusqu’à chez eux. Un comité de médiation composé de chrétiens et de musulmans intervient quand des incidents menacent de dégénérer en guerre civile. “Des jeunes musulmans sont passés dans un quartier et des jeunes chrétiens ont saisi leurs motos. La médiation est intervenue. Ils ont remis toutes les motos et en plus, ils ont écrit une lettre d’excuses”, explique par exemple Idriss Ali qui représente la communauté musulmane dans la structure. D’autres, comme l’archevêque de Bangui, le cardinal Dieudonné Nzapalainga, originaire de Bangassou, prennent des initiatives pour tenter de rétablir la concorde entre Centrafricains. Lors de l’attaque d’une mosquée à Tokoyo, pendant laquelle un imam fut tué, le cardinal avait dépêché des camions pour embarquer les musulmans qui s’étaient réfugiés dans leur lieu de culte. Ils avaient été amenés dans une église afin de les sauver. Mais le conflit en Centrafrique s’envenime, et un million de personnes ont dû quitter leurs domiciles, sur une population de cinq millions d’habitants.

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Aleteia vit grâce à vos dons

Permettez-nous de poursuivre notre mission de partage chrétien de l'information et de belles histoires en nous soutenant. 

Profitez de cette fin d'année pour bénéficier d'une déduction de 66% du montant de votre don sur l'impôt sur le revenu en 2024.

Newsletter
Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !