Perdue au milieu des jardins du Vatican, la Casina Pio IV — maisonnette en français — semble être l’un des lieux les plus paisibles du petit État. Un calme propice aux travaux des Académies pontificales des sciences et celle des sciences sociales.
Une résidence d’été au XVIe siècle
En 1558, le pape Paul IV décide de se faire construire une résidence d’été, au beau milieu des bois de la colline vaticane. Elle s’appellera la “maisonnette du bosquet”. Toutefois, il meurt avant d’en avoir vu plus que le rez-de-chaussée. Son successeur, Pie IV, trouve l’idée à son goût et fait poursuivre les travaux. Il engage alors de fameux architectes pour construire la loggia, les galeries, la chapelle et couvrir le tout de mosaïques, de fresques et de stuc.
Le bâtiment est composé de deux corps qui se font face, de part et d’autre d’une cour ovale, avec une fontaine ornée de deux chérubins chevauchant des dauphins. À l’ouest, la façade du premier corps est décorée de riches sculptures en stuc auxquelles se joignent des sculptures de la Rome antique. À l’est se trouve la loggia ornée de nymphes et de fontaines. L’observateur attentif remarquera les tortues — bien vivantes — se prélassant dans le bassin au pied du bâtiment.
Transformée en Académie pontificale
Après Pie IV, c’est un autre pape au même prénom qui donne un nouvel élan à la villa des jardins pontificaux : en 1931, Pie XI décide des travaux d’agrandissement. À l’instar de nombreux architectes italiens, qui surajoutent sans détruire, Giuseppe Momo réussit l’exploit d’inscrire harmonieusement un nouveau bâtiment dans le prolongement de la “casina”, ainsi qu’un amphithéâtre. Peut alors s’y réunir ce qui devient, en 1936, l’Académie pontificale des sciences. En 1937, les travaux de cette académie dans son nouveau siège sont inaugurés par le cardinal secrétaire d’État, Eugenio Pacelli, élu au trône de Pierre en 1939… sous le nom de Pie XII !
Depuis lors, la villa héberge également l’Académie pontificale des sciences sociales depuis sa création en 1994 par Jean Paul II. Avec une trentaine de membres, elle est chargée d’études sur le travail et le développement, la démocratie, ainsi que la dimension sociale de la mondialisation. L’évêque argentin, Mgr Marcelo Sánchez Sorondo, est le chancelier de ces deux académies pontificales des sciences.
Aujourd’hui, le pape François accorde de plus en plus de place à la casina Pio IV, dans le but d’en faire un centre intellectuel, emblème de l’alliance entre foi et raison, et aussi de donner à l’Église un porte-voix efficace et écouté sur les grands enjeux mondiaux actuels. En témoigne par exemple l’attachement de l’Académie pontificale des sciences aux enjeux écologiques, ou encore la renommée mondiale de l’Académie pontificale des sciences sociales.
Pour l’heure, aucun projet de travaux ne semble pour autant à l’étude concernant la Casina. Peut-être en attendant un prochain pape appelé Pie ?
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