Départ en vacances et bouclage des sacs obligent, vos ados ont forcément pensé à leur portable et à un jeu de cartes pour partir en vacances. Et si ils en profitaient pour lire un peu ? Si les gros lecteurs ont emporté leurs romans fétiches, que proposer aux autres, ces ados pour lesquels la lecture est un fardeau ?Pour inciter ses adolescents à se mettre à la lecture, il suffit parfois de leur conseiller les bons livres, ceux qui sont à la fois éducatifs, distrayants et sans vulgarité. Pour vous aider dans la sélection, suivez les conseils de Valérie d’Aubigny, responsable de du site 123Loisirs, qui propose une sélection de livres jeunesse.
Les jeunes aiment encore lire
Face au graphisme des jeux vidéos ou à la diversité des films, les pages couvertes de petits caractères peuvent paraître austères aux adolescents. Rassurez-vous, c’est une fausse idée. En témoigne l’enquête organisée par le centre national du livre, qui révèle que près de 3 jeunes sur 4 “aiment lire”. “Non seulement les jeunes lisent, mais ils aiment lire !”, se réjouit Vincent Monadé, président du Centre national du livre. L’enquête Ipsos montre que la lecture reste une activité “importante” chez les jeunes.
En moyenne, les jeunes lisent six livres par an, dont deux dans le cadre scolaire et quatre dans celui des loisirs. Plus que le “manque d’intérêt”, ce sont d’autres critères, comme le “manque de temps ” et, plus encore, la “concurrence avec les autres activités” qui présentent pour les jeunes un frein majeur à la lecture. En effet, la lecture est 7è sur 9 dans la liste des activités favorites des jeunes, après regarder la TV (92%) et des vidéos (88%), voir des amis (87%), écouter de la musique (86%), pratiquer un sport (84%) et surfer sur internet (84%).
Malgré une baisse du temps consacré à la lecture – les jeunes lisent en moyenne 3h par semaine, contre 7h30 consacrés à la télévision et 8h à internet – la lecture reste, pour une large majorité de jeunes, une activité qu’ils estiment “importante” (71 %). Parmi leurs lectures favorites, on trouve en priorité des romans (55%) et des bandes dessinées (53%), avec une prédilection pour la SF et les sagas.
Plus que celui des enseignants, c’est le rôle des parents qui est décisif dans l’incitation à lire. 65 % des jeunes disent que leurs parents leur “demandent” de lire des livres et, de façon générale, les plus grands lecteurs sont ceux qui vivent dans un foyer où il y a des livres.
Notre sélection de livres pour vos ados
Vintage: Vous avez aimé “Le petit Nicolas”, vos enfants (11 à 14 ans) vont adorer la saga Les folles aventures de la famille Saint Arthur, et leurs aventures rocambolesques écrites et illustrées par Paul Beaupère (Mame).
Historiques : des sagas pour collégiens qui entraînent leurs lecteurs dans l’Europe centrale et la seconde guerre mondiale, ou dans l’Espagne au début du XIXè siècle : Enguenia de Anne Riolet, (éditions du Rocher), écrit par un professeur d’histoire qui partage sa passion, et Les demoiselles de l’empire (Mame).
Un voyage intérieur : pour lycéens, et avec aussi du dépaysement et de l’aventure : les tribulations de Tom, sapeur pompier volontaire : Au cœur du vitrail (Éditions du sacré cœur).
Emotions à gogo : avec La bibliothèque des citrons, une belle histoire de livres et d’amitié en filles (Fleurus) et Des lions et des hommes, un récit de liberté ou les animaux ont un rôle central et The gipsy book, par Sophie de Mullenheim : immersion au Mexique après un tremblement de terre, un livre qui fera trembler ses lecteurs (Mame) et Manigoa le solitaire (Salvator) roman d’anticipation sur les manipulations génétiques et la GPA.
Développement personnel : Devenir quelqu’un, à partir de 14 ans, répond à leur grandes questions de manière vivante et profonde (Éditions Béatitudes). Également, Thomas et le garçon pas tout à fait comme les autres (Salvator) comment un jeune garçon trisomique bouscule les certitudes d’un jeune bachelier.
Témoignages : bouleversants et plein d’espérance, pour lycéens qui ont besoin de regarder autre chose que leur nombril. Suffisamment passionnant pour qu’ils le lisent d’une traite : Ados et missionnaires (EdB), Marqués à vie, sortir de l’exclusion (Y4CN aux éditions Emmanuel) et Mission Tepeyrac, Éditions Sacré Cœur.
“Accepter que nos enfants n’aient pas nos goûts”
Valérie d’Aubigny pilote le comité de lecture et le site www.123loisirs.com, un comité de lecture créé en 2000 et qui recense 3600 livres, sélectionnés rigoureusement et actualisé en permanece par la douzaine d’adultes bénévoles. Passionnée par la littérature en général et la littérature de jeunesse en particulier, elle a répondu aux question d’Aleteia.
Que conseiller à un parent dont l’enfant n’aime pas lire, comment lui donner le goût de la lecture ?
Valérie d’Aubigny : En partageant leur amour des livres, s’ils l’ont eux-mêmes ! En allant à la bibliothèque, dès le plus jeune âge. Lire ensemble, y compris lorsque l’enfant sait lire tout seul. Lire à voix haute, à deux voix pour éviter la lassitude. Accepter que nos enfants n’aient pas nos goûts : il y a une part subjective, bien sûr, et il faut la respecter.
Partir en vacances avec un stock de livres variés, de qualité, est presque aussi important que la crème solaire.
Éviter de faire de la lecture un sujet de tension : au forceps, on risque de n’obtenir que du rejet. Doser, proposer, accompagner, s’enthousiasmer ensemble, rire ensemble, pleurer, déclamer…
Que pensez-vous des lectures proposées au collège ?
Valérie d’Aubigny : La grande disparité de profils de lecteurs devrait conduire l’éducation Nationale à ne pas proposer trop tôt des chefs d’œuvre à côté desquels beaucoup passent sans en saisir la finesse. Ce qui aboutit parfois à des rejets de la lecture : « Je n’ai rien compris, les livres, ce n’est pas fait pour moi ».
Par ailleurs, certains très bons livres comme Des fleurs pour Algernon sont imposés à des lecteurs trop jeunes (4è). Une prostituée enceinte seulement vêtue d’un manteau de fourrure qu’elle ouvre pour attirer le client, ce sont des images qui peuvent blesser des lecteurs à la maturité affective fragile.
Et que penser des rayons des librairies surchargés de romans très réalistes ?
Valérie d’Aubigny : Souvent mal écrits, traduits à la va-vite, ils maintiennent ou entraînent les jeunes dans ce qu’il y a de plus glauque, de plus noir, de plus désespérant. C’est sans doute cela, le pire : la désespérance qu’ils véhiculent. Le livre est un produit commercial, soumis aux règles du marketing, ne perdons pas cela de vue, cela donne du recul.
Il faut faire des choix, développer son esprit critique car sur le même rayon, vous pouvez trouver de vraies pépites ! En cela une sélection comme 123loisirs.com est un outil précieux.
Globalement, les éducateurs sont-ils assez informés ?
Valérie d’Aubigny : Beaucoup de parents croient que l’important est que leurs enfants lisent, quitte à ce qu’ils ingurgitent n’importe quoi. C’est faux. De mauvaises lectures qui banalisent des comportements déviants ou un regard morbide sur la mort laissent des traces. Des anti-héros ou des adultes abjects ne donnent pas envie de grandir ni de progresser.
Parfois, on entend : « Il ne faut pas les protéger, tôt ou tard, ils se confronteront à la noirceur de la vie. Les livres réalistes les préparent ». Je rejette cet argument. Nous, parents et éducateurs, donnerions-nous à boire de l’eau croupie à nos enfants sous prétexte de les immuniser ? Ce qui est vrai pour le corps est vrai pour l’âme et l’esprit. Le laid n’augmente pas les défenses, il affaiblit car il casse l’enthousiasme.
Il y a tant de bons livres à lire et nous avons si peu de temps !
Quand le porno s’invite dans les séries pour ados
Quelques phrases cachées dans un romans pour fillettes, mais qui ont alerté Isabelle sur la nécessité de lire tout ce que lit sa fille, qui a aujourd’hui 15 ans. Assez occupée, elle faisait confiance aux bibliothèques scolaires ou de quartier. C’est en « découvrant par hasard le récit d’un rite satanique dans « les orangers de Versailles » qu’elle a connu un tel choc qu’elle suit de près ce que ses enfant rapportent. Pas facile pour la jeune femme de ramer à contre courant, notamment quand ses garçons rapportent la série Cherub, incontournable dans les cours de récréation. Les aventures de ces jeunes agents secrets n’ont en effet rien à voir avec le mythique Langelot que Vladimir Volkoff écrivit sous le pseudonyme de lieutenant X. On y trouve, au fil des 16 tomes “avec une densité et une intensité effrayantes violence, grossièreté, style gore, promotion du vagabondage sexuel, de l’homosexualité, déconstruction du genre, mépris de la vieillesse, défiguration de la famille et, plus fondamentalement, de l’être humain…” explique une association de parents, qui s’est penché sur la prose de R. Muchamore. Et impossible d’y échapper, les descriptions sont hyper explicites et détaillées.
Sophie témoigne elle aussi avec incompréhension : « J’ai lu par hasard un livre que ma fille a rapporté de la bibliothèque : Où es-tu Alaska ? de John Green, un best-seller vendu à 152000 exemplaires. On y voit décrite une première fellation, un premier orgasme : ce que ça fait au garçon, l’attitude la fille etc. J’ai pu en parler avec ma fille mais combien de jeunes sont salis par ces images ? Ce qui me choque le plus, c’est de voir que dans tout le réseau des bibliothèques de ma ville, Versailles, ce livre figure en six exemplaires. Autant que d’excellents livres d’action pour ados comme Vango de Timothée de Fombelle. Cela pose la question des choix.»
François, père de famille nombreuse et fan de lecture, va régulièrement chez Emmaüs avec ses enfants. Un bon moment en famille et une réelle économie. Ils passent des heures dans les rayons livres, et il leur déniche ses romans fétiches qu’il est heureux de leur faire partager. Ils ont ainsi lu les Langelot, Jules Vernes, Cronin, Tolkien, C.S. Lewis, la saga de Hornblower… à peu de frais, mais aussi ses livres de guerre ou signes de piste préférés, considérant que « rien de tel que de partager une passion pour éduquer ses enfants, et les livres les influencent en bien comme en négatif ».