La Provence n’a pas attendu que l’Église transforme en 2016 la “mémoire” de sainte Marie-Madeleine en “fête” pour célébrer solennellement sa patronne. Cette année encore, les 22 et 23 juillet, deux jours de liesse se déroulent à Saint-Maximin et à la Sainte-Baume. Mais pourquoi célèbre-t-on sainte Marie-Madeleine en Provence ?
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Sonnez fifres, battez tambourins, jouez galoubets, chantez “Proveçau e Catouli” ! Après la messe pontificale célébrée par Monseigneur Aillet le dimanche 23, le cortège s’ébranlera en procession, escortant les reliques de la sainte. Pour fêter leur patronne, les habitants de Saint-Maximin revêtiront leurs atours, cotonnades fleuries pour les femmes, gilets et chapeaux noirs pour les hommes. Les bannières rouge et or, aux couleurs de Provence, flotteront au vent brûlant du Sud. Nous sommes ici dans une “autre Terre Sainte” disait le père Lacordaire : “La Provence, c’est la continuité de l’Orient”, une continuité climatique, géographique et culturelle.
À la fin de la procession, les vêpres seront célébrées ainsi que le traditionnel panégyrique. Il s’agit “d’une grande homélie qui fait l’éloge de sainte Marie-Madeleine”, explique le frère Joël, prieur des Dominicains de la Sainte-Baume. “Ce long sermon part de l’histoire de la sainte et termine en exhortation pour aujourd’hui”. Il est prononcé cette année par Monseigneur Ravotti, un enfant du pays. La veille, le samedi 22 juillet, jour auquel l’Église célèbre la solennité de la sainte, la messe sera célébrée dans la grotte de la Sainte-Baume.
Comment Marie-Madeleine est-elle arrivée ici ? Selon la tradition provençale, elle a traversé la Méditerranée avec son frère Lazare, sa sœur Marthe, Marie-Jacobé et Salomé, l’aveugle-né Sidoine et d’autres disciples pour échapper aux persécutions. Le petit groupe a débarqué près d’Arles. Après un temps d’évangélisation, elle s’est retirée dans la grotte de la Sainte-Baume (du provençal “boumo”). Elle y a passé en prière les trente dernières années de sa vie. Enterrée à Saint-Maximin, son tombeau est devenu très vite un lieu de pèlerinage très important.
Sainte Marie-Madeleine montre le chemin
“Dans l’Évangile, indique le prieur, elle est mentionnée implicitement ou explicitement sept ou huit fois. Cette figure extrêmement présente a eu une amitié très forte pour Jésus. Elle était au pied de la Croix, elle l’a vu ressuscité la première. Elle a été envoyée comme témoin de la Résurrection à ceux qui vont être témoins à leur tour. D’où son importance dans la tradition liturgique spirituelle de l’Occident chrétien. Saint Thomas d’Aquin l’a d’ailleurs qualifiée “d’apôtre des apôtres”. Cela explique que son tombeau en Provence soit devenu un lieu de pèlerinage majeur. C’est le troisième tombeau de la chrétienté après celui du Christ à Jérusalem et celui des apôtres à Rome”.
Par son péché, sainte Marie-Madeleine est proche de chacun. Par sa vie liée à celle du Christ après sa libération de sept démons (une sorte de totalité du mal), elle montre le chemin. Aujourd’hui, elle est fêtée d’un même élan en Provence par ceux qui sont proches de l’Église et ceux qui en sont loin. Les dominicains de la Sainte-Baume conseillent de se laisser porter par la joie populaire et par la beauté de cette fête liturgique. “Dans cette période morose, d’incertitudes politiques, de menaces terroristes, de précarité, il est bon de se replonger dans un fond commun de foi, de valeurs, de traditions. Les fêtes nous fortifient pour affronter le présent et l’avenir. Elles recréent l’espérance”.
Provençaux et catholiques, selon le refrain du célèbre chant provençal repris à la fin de la messe en l’honneur de sainte Marie-Madeleine “provençaux et catholiques, notre foi n’a pas failli ; chantons tous ensemble, provençaux et catholiques”.
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