Saint-Ambroise est la paroisse de Nice devant laquelle s’est déroulée l’attaque au camion qui a tué 86 personnes et blessé près de 500 autres le 14 juillet 2016. Son curé, le père Gil Florini, a décidé de marquer cet anniversaire par l’inauguration de la nouvelle grande porte de son église, baptisée “la porte de l’espérance et de la vie”.
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Aleteia : Qu’avez-vous prévu pour ce 14 juillet ?
Père Gil Florini : Hormis la messe en hommage aux victimes, nous avons décidé d’inaugurer la grande porte de l’église qui donne sur la rue de France, une parallèle de la promenade des Anglais où l’attentat a été commis. Je l’ai faite sculpter et peindre par des artistes et nous l’appellerons “la porte de l’espérance et de la vie”. Nous l’ouvrirons à 23 heures, à l’heure même où l’attentat a eu lieu l’année dernière.
Pourquoi cette porte avec un tel nom : “L’espérance et la vie” ?
Nous souhaitions montrer qu’au-delà de la rudesse de certaines épreuves, il faut porter nos regards vers l’espérance en privilégiant la vie toujours plus forte que la mort. Avec le vicaire de la paroisse, nous avons vraiment observé tout au long de ces derniers mois qu’il y avait un véritable appel à la vie suite à cet attentat. Je ne dis pas ça de façon niaise mais c’est vraiment ce que nous avons ressenti. À partir de leur douleur, les gens ont progressé, ils sont allés de l’avant et ont tout de suite réinvesti la promenade des Anglais par exemple. Les informations médiatiques sur ce sujet ne donnaient pas la réalité de ce qui s’était passé. Pour autant, les victimes ou victimes collatérales n’ont pas essayé de diminuer leur peine mais n’ont pas non plus cherché à l’exacerber.
Il reste encore une cinquantaine de victimes qui sont dans les centres de rééducation de la région. Où étiez vous le 14 juillet l’année dernière ?
De la première à la dernière victime, l’attentat a eu lieu entièrement sur notre paroisse et le maire (Christian Estrosi), m’a appelé immédiatement. Avec d’autres prêtres nous avons passé la nuit et les jours suivants avec les rescapés et leurs familles. Nous n’avons rien fait d’extraordinaire, juste consolé, tendu des mains, donner une accolade, prié. Nous étions là, tout simplement.
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Qu’est ce qui vous a le plus marqué ?
J’ai été très admiratif de la façon dont de nombreuses personnes ont apporté leur aide sans pour autant être connues ou reconnues et surtout combien la vie avait repris son cours rapidement. Pour être honnête, je me rends compte que les hommes politiques, les médias et les associations de victimes ont beaucoup plus entretenu le drame que les gens qui l’ont vécu, qui eux, ont souvent été admirables. Passé le moment du drame, de la colère et des pleurs bien légitimes, la vie a repris le dessus. C’est un peu comme cette phrase de l’Évangile qui nous dit : “L’une sera prise, l’autre laissée” (Lc 17, 34), et on n’y peut rien ! Alors il ne faut pas le nier et il ne s’agit pas d’être fataliste mais le mieux est encore de le vivre positivement en avançant.
Qu’est-ce qui a changé à Nice depuis un an ?
Dans les infrastructures plusieurs choses ont changé. On nous sécurise la promenade des Anglais à la façon d’un bunker. Malgré cela, beaucoup de personnes ont une forme d’appréhension, surtout quand les hommes politiques cherchent à rassurer, c’est pire que tout ! En réalité quand ils déclarent que “oui maintenant tout est bien sécurisé, vous pouvez venir sans problème”, cela entretient la peur et la fébrilité.
Propos recueillis par Sabine de Rozieres.