L’ultime curé de la paroisse latine d’Alep en Syrie remporte le prix Jan Karski Eagle 2017 pour avoir su apporter l’espérance aux personnes oubliées.
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“Nos yeux ont vu la cruelle réalité, seule l’espérance en Dieu nous a donné la force d’avancer”, déclare dans cette vidéo le franciscain Ibrahim Alsabagh, curé de la paroisse latine d’Alep en Syrie, et vainqueur du prix Jan Karski Eagle 2017, en mémoire du célèbre avocat et résistant polonais, qui fut parmi les premiers à raconter le drame de la Pologne sous la domination nazie, notamment le sort des juifs. Le religieux est récompensé pour avoir “apporté l’espérance dans un monde sans espérance et aux personnes oubliées”, souligne le communiqué officiel.
Reconstruction des âmes
Après l’enfer, la reconstruction… ou du moins commencer par redonner un espace vital et une forte dose d’ “espérance” à des gens traumatisés par plus de quatre années de combats acharnés et qui ne se sentent plus maîtres de rien. Autour d’eux des ruines, des immeubles éventrés, leurs églises rasées au sol… Pour Ibrahim Alsabagh, l’ultime curé de la ville : “Être signe d’espérance dans une ville morte, détruite, et “sans avenir”” est un enjeu de taille. Depuis 2014, il est la voix de ces chrétiens et grand témoin du conflit syrien. Il est notamment l’auteur d’une chronique de guerre et d’espérance, Juste avant l’aube (Cerf, mars 2017), que le Pape avait tenu à faire lire pendant les repas de la retraite de Carême qu’il a faite avec la curie romaine avant les célébrations de Pâques.
Ils étaient 250 000 chrétiens à Alep avant la guerre (sur 4 millions d’habitants), ils ne sont aujourd’hui plus que 40 000 (sur 1,4 million d’habitants). Cette récompense, a-t-il souligné en recevant le prix, est pour lui un bel “encouragement” à poursuivre sa lutte et sa mission qui consiste à apporter “aide, consolation et espérance” aux habitants d’Alep.
“L’histoire du peuple syrien est très similaire à celle du peuple polonais qui a souffert durant un certain temps, a témoigné le religieux. Tant de personnes, de familles chrétiennes, à l’exemple de Job dans les Écritures, ont tout perdu en l’espace d’un instant, ont perdu le fruit de toute une vie : maison, famille, santé. 70% des familles sont sans toit, sans abri. La guerre continue autour de la ville. La nuit, nous entendons les bombardements et le bruit des tirs, et il arrive que la route principale, la seule, pour rejoindre Alep soit fermée en raison de combats”.