Le 10 juillet, de nouvelles discussions pour la paix réuniront des représentants syriens, russes, iraniens et turcs dans la capitale du Kazakhstan, Astana. Les chrétiens de Syrie — pas tous — en espèrent beaucoup.
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La réunion de pourparlers pour la paix du 10 juillet, annoncée par le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, coïncide avec celle qui est engagée par les Nations unies à Genève, en Suisse. Ces discussions parallèles confirment la tension qui demeure entre la Russie et les États-Unis sur le dossier syrien.
Conflit international en Syrie
Le chef de la diplomatie russe a d’ailleurs profité de cette annonce à l’agence de presse Ria pour demander à la Coalition de “respecter l’intégrité territoriale syrienne et de s’abstenir d’intervenir unilatéralement dans le pays”. Des propos qui sonnent comme une mise en garde depuis la destruction d’un avion de l’armée de l’air syrienne par un chasseur américain, le 18 juin. À la suite de cet incident, la Russie menaçait, le 19 juin 2017, d’utiliser ses missiles antiaériens vers tout avion de la Coalition qui menacerait les intérêts syriens.
Un cas d’école de la complexité syrienne
Dans l’affaire de l’avion abattu, les parties en présence se rejette la faute, affirmant toutes qu’ils luttent contre l’État islamique. Selon le porte-parole de l’armée syrienne, l’avion abattu dans la région de Raqqa “accomplissait une mission contre l’État islamique”. Le commandement central américain, de son côté, produisait une déclaration dans laquelle il affirmait avoir agi “dans le cadre de la protection des forces partenaires de la Coalition”. En l’occurrence, l’avion américain aurait défendu des combattants des SDF pour Syrian Democratic Forces, qui sont en passe de libérer Raqqa des Djihadistes du pseudo-califat.
Le déclin rapide de Daesh
Pourtant l’ennemi commun, le seul à faire l’unanimité — contre lui – est en net recul sur tous les territoires qu’il avait conquis en 2014. La ville de Mossoul en Irak, sa plus grosse “prise”, est officiellement libérée, même si des coups de feu sporadiques claquent encore. Raqqa, la “capitale syrienne du pseudo-califat”, quant à elle, est totalement encerclée par les SDF, soutenues par la Coalition. Les accords de paix en cours de discussion prévoient la “Syrie d’après”, qui demeurera dominée par des groupes armés aux intérêts divergents, mais qui se seront débarrassés de “l’ennemi public numéro 1”.
Premiers résultats
Les conférences précédentes, initiées par la Russie, ont permis de mettre autour d’une même table Syriens et Turcs, les seconds ayant activement soutenu divers groupes rebelles de l’opposition au gouvernement syrien. Les accords du 4 mai 2017 avaient permis d’établir des zones sécurisées où des représentants des “rebelles” et du gouvernement syrien veillaient conjointement à l’application d’un cessez-le-feu. Dans ces accords, la diplomatie américaine n’est qu’une observatrice du processus diplomatique. Lors de l’accord du 4 mai, elle s’était bornée à “soutenir tout effort qui puisse véritablement réduire la violence en Syrie”. Depuis le début de la guerre civile, en mars 2011, plus de 250 000 personnes auraient été tuées dans ce conflit selon l’ONU.
L’espoir des chrétiens
La majorité des chrétiens syriens réside au Sud et à l’Est du pays. Ils se montrent optimistes, constatant l’avancée de l’Armée arabe syrienne, au détriment de Daesh, à l’Est de Palmyre et autour d’Alep, et espèrent que les djihadistes seront rapidement défaits. Toutefois, comme tous les Syriens, ils sont conscients que leur sort se joue hors de leur territoire : il n’y a que si les forces en présence, notamment la Turquie, la Syrie, l’Iran, l’Arabie Saoudite, le Qatar, les États-Unis et la Russie parviennent à s’entendre qu’une paix adviendra en Syrie. La conférence d’Astana mobilise par conséquent toute leur attention, d’autant plus qu’elle est présidée par la Russie, un pays allié. Mais cet optimisme n’est pas partagé par les chrétiens — majoritairement syriaque orthodoxe — qui vivent au nord-est du pays, où les Kurdes mettent une forte pression pour établir une région autonome. Benjamin Blanchard de SOS Chrétiens d’Orient, témoigne : “Le PKK (parti des travailleurs kurde ndlr) veut imposer une zone kurde autonome. Il y a déjà eu des attentats contre des églises. Dans les écoles, le syriaque tend à être remplacé par le kurde.” Les Syriaques orthodoxes ont le syriaque — un dérivé de l’araméen — pour langue maternelle et l’arabe comme langue d’usage : ils perçoivent le kurde comme une langue étrangère. Il y a peu de chances pour que leur sort soit évoqué au Kazakhstan, pendant les discussions entre les grandes puissances. Pourtant les décisions qui seront prises détermineront leur avenir.